25 septembre 2022

Temps de lecture : 4 min

Étude KPMG/FEVAD: le sacre de la seconde main.

Une étude de KPMG pour le compte de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD) montre l’essor sans précédent des ventes en ligne de produits de seconde  ainsi que la location. Explications.

Radins ou pauvres… Les personnes qui achetaient des produits de seconde main étaient souvent montrées du doigt dans le passé. Pour trouver des articles d’occasion, les consommateurs devaient généralement aller aux puces ou dans des magasins de fripes. Le web est, depuis, passé par là. Le commerce en ligne a même rendu « in » une pratique plutôt « out ». Le ringard peut vite devenir une mode extraordinairement « tendance »…

Le principal enseignement de cette enquête est le succès phénoménal de la seconde main sur la Toile qui représente déjà un volume de vente d’environ 7 milliards d’euros dans l’hexagone.

La 6ème édition de l’étude sur l’innovation dans le e-commerce effectuée par KPMG France pour le compte de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD) confirme la passion des Français pour le shopping online. L’an dernier, l’e-commerce a enregistré dans notre pays un chiffre d’affaires de 129 milliards d’euros. Ce chiffre a bondi de 15,1% en un an alors qu’il n’avait progressé « que » de 8,5% en 2020. L’an dernier, 41,8 millions de personnes ont consommé en ligne. Ce chiffre est relativement stable (+ 153.000). Les achats sur mobile continuent eux de progresser à un rythme soutenu (+ 23%). La hausse des transactions sur nos portables a atteint 16%, représentant 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire. Le principal enseignement de cette enquête est le succès phénoménal de la seconde main sur la Toile qui représente déjà un volume de vente d’environ 7 milliards d’euros dans l’hexagone.

Le nombre d‘achats de ce type dans le prêt-à-porter a notamment bondi de 140% entre 2019 et 2021.

Leboncoin et Vinted dans le Top 5

Plus de 80% des cyberacheteurs interrogés affirment ainsi avoir déjà acheté des produits d’occasion ou bien ont revendu eux-mêmes des articles en ligne. La moitié se sont offerts un article de seconde main en 2021. 71% des sondés ont acquis des produits de culture et de loisirs et 51% se disent prêts à acheter sur le net un téléphone d’occasion. Le nombre d‘achats de ce type dans le prêt-à-porter a notamment bondi de 140% entre 2019 et 2021. Cet essor spectaculaire a permis à certaines plateformes spécialisées de devenir de véritables poids lourds du net. Leboncoin avec ses 6,6 millions de visiteurs quotidiens et Vinted (4,9 millions) figurent déjà dans le Top 5 du e-commerce français. La quasi-totalité des acteurs du top 20 du e-commerce déploie une offre de seconde main.

S’offrir des produits de grande marque de seconde main n’est plus un tabou aujourd’hui

Tout le monde s’y met

L’occasion devient même un marché à part entière dans le luxe. S’offrir des produits de grande marque de seconde main n’est plus un tabou aujourd’hui comme le prouve cette récente étude publiée par Adot, Veepee|ad et CMI Media. 75% des Français se disent prêts à en acquérir. Les articles qui attirent le plus les consommatrices sont les sacs à main (45%), les vêtements (29%), les montres (14%) et la joaillerie (12%). Le marché du luxe d’occasion a généré 33 milliards d’euros de revenus dans le monde l’an dernier, selon cette enquête du cabinet de conseil Bain & Company. Ce chiffre a progressé de 65% entre 2017 et 2021 alors que celui des ventes d’articles neufs n’a augmenté que de 12%. Les success stories sont nombreuses sur ce marché. Le site français créé en 2009, Vestiaire Collective, est devenu un énorme dépôt-vente mondialde vêtements de grande marque d’occasion. 900.000 articles dont 30.000 nouveautés chaque semaine sont référencés sur sa plateforme qui a déjà séduit 8 millions de clients dans une cinquantaine de pays. Aux États-Unis, le portail de dépôt-vente d’articles de luxe The RealReal est également un grand succès. Pendant des années, « l’occase » restait l’apanage de pure players spécialisés sur cette niche. « La grande nouveauté est qu’on voit de plus en plus d’e-commerçants traditionnels et de grandes marques se lancer sur ce marché, nous révèle François-Xavier Leroux, associé, Customer & Digital chez KPMG France. Voir des labels comme Petit Bateau ou Fnac Darty monétiser des articles de seconde main est un phénomène plutôt récent. »

Le marché du luxe d’occasion a généré 33 milliards d’euros de revenus dans le monde l’an dernier

La location progresse aussi

La location est une autre tendance en plein essor sur le web. Le site américain Rent the Runway, lancé lui aussi en 2009, compte ainsi 6 millions de membres. « La plateforme, qui ambitionne de devenir « l’Amazon Prime de la location » a annoncé en novembre 2018 un nouveau modèle économique à destination des marques appelé RTR Platform, expliquait à INfluencia, Yves Hanania, co-auteur du livre « Le luxe demain. Les nouvelles règles du jeu » (Dunod). Plutôt que d’acheter la pièce en amont, Rent The Runway propose à la marque de la mettre à disposition et de percevoir un pourcentage sur la location. »

La conscience sociétale et environnementale des clients ne cesse de s’affirmer et l’inflation met sous pression les prix

La location et la vente de produits de seconde main devraient continuer de rapidement progresser durant les prochaines années. « La conscience sociétale et environnementale des clients ne cesse de s’affirmer et l’inflation met sous pression les prix, analyse François-Xavier Leroux. Face à cette conjonction d’éléments, je ne vois pas comment ce marché risque de reculer dans un avenir proche. » Quand on a plus de pétrole ni de gaz et que l’argent vient à manquer dans un monde où les catastrophes environnementales se succèdent à un rythme fou, on doit avoir des idées…

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