19 avril 2022

Temps de lecture : 4 min

« Mon métier est de transformer les chefs d’entreprise en orateurs inspirants », Charlie Clarck, Whistcom

Jamais Emmanuel Macron n’est apparu aussi sympathique que lors de l’émission C à vous programmée ce lundi 18 avril. Nous l’avons entendu parler de son bilan, de ses projets, sans que jamais, son ton ne devienne antipathique, descendant, ou moralisateur. Il s’est même fendu d’un fou rire désarmant quand Bertrand Chameroy l’a soudain comparé dans sa chronique à… Demis Roussos…

… Et l’on se souvient de sa voix soudain devenue stridente, lorsque lors d’un meeting à Arras, l’actuel président se laisse, porter par ses émotions, et avoir l’air comme il le dira plus tard, « d’un dingue ». Charlie Clarck, fondateur de Whistcom société de conseil en stratégie de l’oralité analyse quelques « clés orales » des politiques et explique sa méthode SPORT destinée aux présidents d’entreprises.

INfluencia : vous évoquez, -et n’êtes pas le seul-, le déraillement de Valérie Pécresse au Zénith, en expliquant qu’elle n’était pas formée par la bonne personne…

Charlie Clarck: en fait, on s’aperçoit très vite que Valérie Pécresse arrivée trop tard dans la campagne a été accompagnée par un coach sans spécialité particulière. Or le coach donne en général un avis sur une prestation… ce dont on se fiche, en réalité, car, ce qui compte ce sont les faits. Nous avons créé chez Whistcom une méthode qui exclut l’avis de l’entourage, souvent divergeant, pour s’appuyer uniquement sur une méthode, SPORT qui permet en 20 séances de travailler sur le fond, la forme et le format, et qui inclut le sourire, le bon placement des pieds, qui libère les mains, et donne de l’assise au discours et aux silences, partie importante dans une conférence. Les Français ont en effet, une grande culture de l’écrit, moins pas de l’oral. Lorsqu’ils perçoivent un silence, par exemple, ils l’attribuent à une absence, à un couac, alors que les silences bien utilisés sont extrêmement efficaces pour créer le désir de la suite.

IN. : lorsque la voix d’Emmanuel Macron déraille en 2016, que se passe-t-il, concrètement ?

CH.C. : à cette époque, il se laisse déborder. Il ne parvient pas à placer sa voix, son enthousiasme est plus haut placé que sa voix. Entre-temps, il a fait appel Jean-Philippe Lafont, ancien Baryton qui l’a aidé à poser sa voix.

IN : vous dites aussi qu’Anne Hidalgo n’a pas souhaité travailler son oral…

CH. C. : oui elle l’a dit clairement, elle n’a pas voulu bosser son oralité… Seul le fond lui importait…

IN. : vous évoquez aussi la mise en scène, – toujours la même-, d’Emmanuel Macron qui imprime sa marque…

CH.C. : lors de son dernier meeting à Marseille, c’était flagrant.

De très belles images, un soleil de plomb, et puis surtout ce format central, rond, qu’il est le seul depuis toujours, à utiliser. Il entre dans une arène, (comme à l’Arena aussi où il a fait un meeting). Cela dit de lui, qu’il  ne veut rien avoir à cacher. Des pupitres sont placés à différents points, il s’y meut bien partout, et signifie clairement que l’on peut le regarder sous toutes les coutures, il est avec nous, au milieu de nous. L’hologramme de Jean-Luc Mélenchon disait aussi la modernité pour casser son côté rétrograde, et puis Valérie Pécresse avait tenté le fameux pupitre transparent au Zénith, ce qui était une très bonne idée mais si la forme était là, son discours ne lui appartenait pas.

Le fou rire d’EmmanuelMacron lors de l’émission C à vous ce lundi 18 avril…

IN. : comment devient-on conseil en stratégie de l’oralité ?

CH.C.: en fait, je suis d’une timidité maladive et mon métier est aux antipodes de ce que j’étais. À 14 ans, je gagnais ma vie en tant que magicien, puis à 22 ans, je devenais chroniqueur TV. C’est sur Direct 8 où je travaillais tous les matins pour un public de femmes, que je suis sollicité par La Caisse d’Épargne pour animer des conférences. J’ai tout de suite aimé le monde de l’entreprise, et je me suis mis à organiser des conventions, des séminaires que j’animais aussi. C’est sans doute un peu étrange, mais lorsque je faisais de la magie, moi seul savais comment fonctionnaient mes tours. Il n’y avait rien de magique pour moi… Les autres, ceux qui me regardaient, essayaient de percer le mystère, alors qu’il n’y avait qu’une immense technique… D’une certaine manière, je pense que maintenant, j’essaye d’apporter de la magie à la voix de chefs d’entreprise, aux cadres, en leur confiant la technique, la méthode pour y arriver.

IN:comment fonctionnent vos programmes ?

CH.C. : ce sont des programmes en vingt sessions, lors desquels on apprend à travailler l’oral. C’est à dire le fond, la forme, le format . En 20 heures on apprend ce qu’est un public, ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il comprend et ce qu’il retient, c’est à dire à titre d’exemple, 3% pour un spitch de 10 minutes.

IN. : vous êtes installés aux Invalides… Vos clients sont -t-ils invalidés (sans jeux de mots) par l’oral?

CH.C. : (rires) Nous avons ouvert un training center aux Invalides. Un lieu atypique en plein cœur de Paris, un club, ou les dirigeants viennent s’entraîner à la prise de parole en situation réelle  sur une scène de théâtre, un plateau TV, et des salles de training. En parallèle, nous lançons cette année le Whistclub, qui rassemble tous ceux qui ont suivi nos parcours en techniques de communication et veulent poursuivre leurs progressons en échangeant sur des événements.

IN. : quels sont vos clients ?

CH.C. : Louis Vuitton, Moët&Chandon, SNCF, Sodexo

IN. : vos intervenants sont des coachs en somme ?

CH.C. : ce sont des chanteurs, des comédiens, des sophrologues, des professionnels qui réunis souvent à quatre, vont faire travailler un patron d’entreprise, dont ils sont le public critique. Ici pas de points de vue, d’avis, c’est le respect des règles de la stratégie de l’oralité qui importent.

 

En résumé

Mon boss n’est pas très inspirant…

Une étude menée par OpinionWay en 2021, révélait que 84% des salariés considèrent leur dirigeant comme un bon orateur, mais que seulement 50% des salariés trouvent que la parole du dirigeant est inspirante et plus d’un salarié sur deux que son discours ne correspond pas à la réalité des salariés. Or la prise de parole est inhérente à la fonction de dirigeant puisqu’ils sont 93% à s’exprimer face à leurs équipes.

Cette parole est très attendue et valorisée par les salariés trois quarts d’entre eux déclarent qu’un message oral de leur dirigeant a plus de poids qu’un message écrit. La généralisation récente du télétravail n’a fait qu’amplifier la demande des salariés en communication orale de la part de leurs dirigeants. Ces prises de parole sont devenues essentielles au quotidien. 82% des salariés considèrent que les compétences orales de leurs dirigeants sont aussi importantes que ses compétences techniques .L’expression orale du dirigeant exerce une influence décisive sur le travail du salarié. Elle impacte la qualité de son travail et son état d’esprit au quotidien: elle influence son implication pour 74% d’entre eux), sa fidélité à 72%, sa fierté d’appartenir à l’entreprisepour (74%, son envie d’évoluer en interne et son bien-être (69%). Les dirigeants parlent à leurs équipes mais maitrisent peu cet exercice. Les salariés ont donc une mauvaise image de ces prises de parole. Ils sont 19% notamment à déclarer que leurs dirigeants expriment des signes de stress. Leurs prises de parole sont perçues comme descendantes par 56% des salariés et pour41% d’entre eux ne permettent pas d’établir un dialogue. 46%des salariés considèrent que la parole de leur dirigeant ne leur apprend rien, pire encore, 43%que celle-ci est chronophage. Seuls 50% trouvent que leur dirigeant est inspirant et moins de la moitié (49%) que son discours correspond à leur réalité.Les moyens mis en place pour communiquer ne sont généralement pas alignés avec les attentes des salariés. 85% de ces derniers attendent de leurs dirigeant qu’ils se forment à la prise de parole Plus de trois quarts(86%) estiment qu’un dirigeant qui s’exprime mal donne une mauvaise image de l’entreprise. Les salariés attendent de leurs dirigeants qu’ils prennent la parole et qu’ils parlent bien. Pour surmonter ces difficultés, les salariés plébiscitent la formation à la prise de parole pour leurs dirigeants. 85% déclarent ainsi que tous les chefs d’entreprise devraient se former à la prise de parole et qu’il est possible de progresser grâce à la formation.

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