28 septembre 2023

Temps de lecture : 3 min

L’immortalité est plus proche qu’on ne le pense

« L’éternité c’est long, surtout vers la fin », a dit Woody Allen. Qu’il se prépare… Historiquement désavouées par l’establishment scientifique, les recherches exploratoires dédiées à l’extension de la vie gagnent du terrain depuis vingt ans.

Une multitude de start-up en biotechnologie se livrent aujourd’hui bataille pour transposer ces espoirs d’immortalité à travers l’inversion du processus de dégénérescence, la lutte contre la sénescence – la lente dégradation des fonctions vitales – ou même la pharmacologie anti-âge. Autant de solutions technologiques, dont beaucoup sont encore impossibles à produire, qui mobilisent les champs de la nanotechnologie, de la nanomédecine, du génie génétique, du clonage et du mind upload – l’idée de transférer son esprit dans une machine –.

 

 

Un écosystème qui se consolide

Les cliniques privées ne sont pas en reste et proposent-elles aussi toutes sortes de traitements, tels que l’hypoxie – qui teste les effets d’une restriction en oxygène sur l’organisme – et la cryothérapie – la thérapie par le froid –. Le marché de la longévité aurait ainsi généré 25,1 milliards de dollars en 2020 et devrait atteindre 44,2 milliards de dollars d’ici 2030 avec un taux de croissance annuel de 6,1 %, selon un rapport du cabinet Allied Marker Research. Signe que ses acteurs avancent dans la bonne direction, Ray Kurzweil, futurologue respecté et ancien de chez Google, déclarait en début d’année que l’immortalité humaine est « plus proche qu’on ne le pense ».

Depuis le milieu des années 2000, et la publication de son livre The Singularity is Near, il fixe même l’horizon 2030 comme le moment ou la technologie sera à même de nous l’offrir. Il développait dans son bouquin l’idée que les avancées technologiques convergentes finissent toujours par provoquer un emballement au-delà duquel le progrès ne permis que par des IA bien plus intelligentes que l’espèce humaine. Pour lui, ce moment n’interviendrait qu’en 2045, mais d’ici sept petites années, l’humanité devrait déjà être capable de développer les technologies nécessaires pour soigner toutes les maladies et renverser les effets du vieillissement.

 

 

Un environnement propice

Et les investisseurs affluent. Il y a deux ans nous vous parlions d’Altos Labs, une start-up dédiée à la reprogrammation cellulaire et financée par plusieurs milliardaires – dont l’inévitable Jeff Bezos –. Des scientifiques de renom avaient déjà sauté le pas, séduits par la promesse de budgets exorbitants et par une autonomie dont seul le secteur privé peut bénéficier. En France, la communauté scientifique a compris depuis plusieurs années qu’il est préférable de s’attaquer au vieillissement plutôt qu’à ses nombreuses pathologies.

Selon une étude publiée dans la revue Health Affairs en 2016, retarder le vieillissement serait même un meilleur investissement de santé publique que de concentrer la recherche sur le cancer et les pathologies cardiaques qui en résultent. Même un succès modeste en la matière garantirait à 12 millions d’américains du troisième âge supplémentaires d’être en bonne santé en 2060, « soit beaucoup plus que ne le permettraient les scénarios les plus optimistes quant à de nouvelles avancées contre le cancer et les maladies cardiaques », précisaient les auteurs. D’ici là, on peut se réjouir – ? – de l’immortalité numérique permise dès à présent par les applications d’intelligence artificielle, comme le prouve le cas de l’écrivain Joshua Barbeau qui communique depuis deux ans avec sa fiancée Jessica, décédée dix ans plus tôt, grâce à un chatbot qu’il a configuré lui-même.

 

 

Quelques digues à sauter

Bien entendu, les fonds alloués à la recherche en France sont beaucoup moins élevés que ceux des laboratoires étasuniens. « Des collègues américains, mais aussi de jeunes doctorants français ont déjà rejoint Google ces dernières années », témoignait à ce propos Jean-Marc Lemaître, directeur de recherche à l’Inserm. Un autre obstacle majeur à franchir pour les acteurs du milieu réside dans les débats éthiques suscités plus globalement par le transhumanisme.

« On ne peut agir sur le corps de l’homme sans d’abord penser une bioéthique, ce qui est indispensable pour penser les limites de l’intervention médicale et sauvegarder la dignité de l’homme », disait à ce propos Marc Alpozzo, philosophe, et auteur de Seuls. Éloge de la rencontre. Et Jean-Marc Lemaître de rappeler : « En France, les recherches sont menées par des organismes publics de santé, et l’objectif affiché est de réparer l’homme, pas de l’augmenter ». Jusqu’à quand, se demandent Elon Musk et consort.

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