12 juin 2025

Temps de lecture : 3 min

L’IA redessine le marché de l’emploi : la France en tête de la course aux compétences

Le dernier baromètre mondial de PwC révèle que loin de détruire l’emploi, l’intelligence artificielle accélère sa transformation, revalorise les compétences et place la France en position de leader européen.

Contre toute attente, l’intelligence artificielle ne signe pas l’extinction du travail humain – du moins pas selon PwC. Dans sa seconde édition du Baromètre mondial des emplois liés à l’IA, le cabinet démontre une tendance mondiale contre-intuitive : l’IA ne supprime pas les postes, elle les fait muter. En France, les chiffres sont parlants : entre 2019 et 2024, les offres d’emploi dans les secteurs les plus exposés à l’IA ont bondi de 273 %, passant de 21 000 à 166 000. Le pays devient ainsi le premier en Europe sur ce terrain, avec une croissance de l’emploi IA plus rapide qu’en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux États-Unis.

La hausse concerne aussi bien les métiers « automatisés » – dont certaines tâches sont prises en charge par l’IA – que ceux dits « augmentés », où l’intelligence artificielle vient renforcer les capacités humaines. Ces derniers progressent encore plus vite, avec une hausse moyenne de +252 % en France. Selon Philippe Trouchaud, Chief Technology & Products Officer chez PwC France et Maghreb, « l’IA transforme l’économie et le marché du travail à l’échelle mondiale. Loin de détruire de l’emploi, elle en redéfinit les contours et en accroît la valeur ».

Des salaires dopés par la maîtrise de l’intelligence artificielle

Cette transformation n’est pas seulement quantitative : elle est aussi qualitative. Le baromètre note un phénomène de revalorisation salariale dans les secteurs les plus exposés à l’IA. En moyenne, un emploi nécessitant des compétences en IA est aujourd’hui 56 % mieux rémunéré qu’un poste équivalent sans exigence d’IA – un écart qui a plus que doublé en un an. À l’échelle mondiale, alors que les offres d’emploi globales ont reculé de 11,3 %, les postes en IA ont progressé de 7,5 %, confirmant leur rareté… et leur attractivité.

L’écart salarial se double d’un effet signal sur les compétences : l’IA devient une ligne premium sur un CV. Selon Olivier Dupont, Associé Workforce chez PwC France et Maghreb, « l’IA transforme déjà en profondeur le marché du travail. Avec les bons investissements technologiques et culturels, elle permet de repenser la manière dont les organisations créent de la valeur ».

Une révolution des compétences à marche forcée

Cette montée en puissance s’accompagne d’un renouvellement accéléré des compétences requises. Dans les métiers les plus exposés à l’IA, les savoir-faire évoluent 66 % plus vite qu’ailleurs, contre 25 % un an plus tôt. Le différentiel est clair : en France, entre 2018 et 2024, l’indice d’évolution des compétences atteint 1,3 dans ces secteurs, contre 1 dans les domaines moins exposés. Ce rythme impose aux salariés une adaptation constante, parfois déstabilisante, mais incontournable.

Paradoxalement, alors que certains pays voient la part des offres exigeant un diplôme reculer, la France va à contre-courant. Pour les métiers les plus exposés à l’IA, cette part est passée de 54 % à 58 % entre 2019 et 2024, et de 58 % à 62 % pour les métiers augmentés. L’IA y est perçue comme un domaine technique, exigeant un socle académique solide – une spécificité française, qui pourrait ralentir l’accès à ces métiers pour les profils non diplômés. Olivier Dupont le souligne : « Même en payant le prix fort pour des talents IA, ces compétences peuvent rapidement devenir obsolètes sans des investissements pertinents dans la formation continue ».

Entre opportunité stratégique et urgence d’adaptation

L’IA n’est plus une option marginale, elle devient un impératif stratégique. PwC identifie cinq leviers pour en tirer pleinement parti : intégrer l’IA dans l’ensemble de l’entreprise, la considérer comme un moteur de croissance, prioriser les usages agentiques, former massivement et bâtir la confiance. Ce dernier point est crucial : si la transformation est rapide, elle ne sera durable que si elle embarque les salariés. Et cela passe, plus que jamais, par un effort massif de formation continue.

Le message est limpide : les entreprises qui voudront rester compétitives devront investir à la fois dans la technologie et dans l’humain. Ce double mouvement – innovation et montée en compétences – définit déjà un nouvel équilibre dans le monde du travail. En France, la dynamique est enclenchée. Encore faut-il que l’ensemble des acteurs économiques suivent le rythme, sans creuser davantage les inégalités d’accès à ces métiers d’avenir. La bataille de l’IA sur le front de l’emploi vient peut-être de commencer, mais elle ne se gagnera qu’avec des travailleurs formés, accompagnés… et valorisés.

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