7 mai 2024

Temps de lecture : 3 min

« Pour l’Arcom, l’audiovisuel, c’est moins 30% de recettes publicitaires dans les six ans : l’urgence est là », Christopher Baldelli

Christopher Baldelli, président de la chaine Public Sénat, préside également le groupe de travail L’avenir des médias d’information et du journalisme, des États généraux de l’information (EGI).En attendant les conclusions qui seront rendues en juin prochain, il a évoqué quelques réflexions sur le sujet lors du Colloque « Démocratie, information et publicité » organisé par l’UDECAM et l’ACPM en collaboration avec Influencia, à la Sorbonne Université, le 23 avril 2024. Acte 3 de la série d’interventions extraites de ce forum.

Quelles attentes des EGI ? C’est la « notion d’urgence » qui vient à Christophe Baldelli, Pdg de la chaîne Public Sénat pour aborder ce thème autour de l’information dans toutes ses dimensions, presse, audiovisuelle, plateformes…

Après un rapide préambule sur la création des EGI encadrés par une lettre de mission du président de la République et conduits par un comité de pilotage et des groupes de travail thématiques, « nous travaillons depuis octobre dernier avec des conclusions qui devraient être rendues en juin (…) », il explique en quoi il y a une urgence faisant référence à l’étude « Perspectives d’évolution du marché publicitaire français à l’horizon 2030 » de l’Arcom (janvier 2023) et du ministère de la Culture (menée par PMP Strategy).

L’ensemble de la presse d’information en France, c’est un peu plus de 3 milliards d’euros

En effet, après avoir rappelé combien la presse écrite confrontée depuis cette dernière décennie à une baisse de son chiffre d’affaires résiste, même si cela reste très difficile pour de nombreux titres, il souligne que « le monde de l’audiovisuel en France a été relativement préservé. Mais comme le montre  l’étude de l’Arcom réalisée en janvier 2023, dans les six ans à venir les recettes publicitaires, vont baisser de  30% donc l’urgence est là ». Pour développer son propos sur cette urgence, il présente quelques données chiffrées et analyses issues de l’étude menée dans son groupe de travail (avec NPA). « L’ensemble de la presse d’information en France, c’est un peu plus de 3 milliards d’euros, c’est à la fois beaucoup et en réalité assez peu, donc ces écosystèmes assez fragiles. Si j’ajoute que sur ces 3 milliards presque la moitié du financement vient de l’État à travers d’une part, du financement de l’audiovisuel public plusieurs milliards d’autre part, les aides à la presse qui, ne se chiffrent sans doute pas en milliards mais plutôt en dizaines ou en centaines de millions d’euros. On a quand même un système qui à la fois tient, résiste et qui d’ailleurs apporte, contrairement à ce que disent certains, un pluralisme, une diversité extrêmement importants dans notre pays ».

Il nous faut trouver des solutions qui ne passent pas toujours par l’État même si l’Etat a son rôle à jouer

Face à la situation et aux tendances qui se profilent, l’Etat ne doit-il pas soutenir davantage l’investissement pour accompagner la mutation des médias ? Christopher Baldelli estime « que l’on ne peut pas toujours tout attendre de l’État, ce qui est une grande particularité de ce pays. Notre travail consiste véritablement à réfléchir, et à  trouver des solutions qui ne passent pas systématiquement par l’État même si l’Etat a son rôle à jouer ».

Qu’en est-il des pistes proposées au cours du Colloque par Hervé Navellou (président de l’Union des marques) et Nathalie Sonnac (présidente du COP du Clémi), l’une consistant à modifier la mesure en place aujourd’hui et l’autre de mettre en place un système de taxations ? « aujourd’hui les Gafam ont pris une place absolument énorme, pour le meilleur peut-être mais pour le pire aussi, si l’on considère les fake news.

Les réponses ne sont pas simples mais il faut les regarder. La question de la taxation, elle, est très complexe pour des raisons européennes, je ne dis pas qu’elle est impossible, on voit bien clairement qu’un certain nombre de Gafam ne jouent pas le jeu dans notre pays. Le seul point positif, étant l’amende de 250 millions qui a été décidée par l’Autorité de la concurrence parce que les Gafam en l’espèce une entreprise n’avaient pas respecté une « fair » (juste) négociation par rapport aux droits voisins donc on voit bien qu’on est dans des situations extrêmement fortes pour ne pas dire d’abus de position dominante, par rapport à ça il faut trouver les moyens de faire un certain rééquilibrage ».

Les médias d’information sont essentiels pour la démocratie

Enfin, Christopher Baldelli a rappelé combien la presse, les médias d’information sont essentiels pour la démocratie, en illustrant son propos par un exemple, comment la Hongrie un pays démocratique a trouvé le moyen de prendre le contrôle de l’information. « C’est une conviction à la fois de dirigeant de médias et de citoyen ça doit aussi être une conviction de business c’est-à-dire que s’il n’y a pas de démocratie et on l’oublie le business peut devenir beaucoup plus compliqué beaucoup moins « fair » (…) Sans une information de qualité, fiable il n’y a pas de démocratie c’est peut-être pour qu’il y ait une démocratie, une des valeurs les plus importantes ».

Pour l’heure, le groupe de travail reste attentif et examine toutes les propositions qui pourraient se présenter. « On on a mené beaucoup d’auditions, une soixantaine, on est naturellement dans une phase beaucoup plus de travail interne mais le cas échéant on continue à faire des auditions ou des contacts one-to-one pour travailler ou vérifier certains projets », conclut Christopher Baldelli.

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