22 septembre 2016

Temps de lecture : 3 min

Appliquer le Peer to Peer aux organisations, enjeu majeur de l’ère post digitale

Gros mot d’informaticien pour les uns, souvenir nostalgique des années Napster pour d’autres, simple outil de téléchargement gratuit de contenus culturels pour une majorité, le Peer to Peer, Pair à Pair ou P2P, est un concept à réinventer. Serait-il possible de l’appliquer aux organisations pour relier plus que des machines, les hommes ? C’est sans doute là un des importants enjeux managériaux à l’ère post digitale.

Gros mot d’informaticien pour les uns, souvenir nostalgique des années Napster pour d’autres, simple outil de téléchargement gratuit de contenus culturels pour une majorité, le Peer to Peer, Pair à Pair ou P2P, est un concept à réinventer. Serait-il possible de l’appliquer aux organisations pour relier plus que des machines, les hommes ? C’est sans doute là un des importants enjeux managériaux à l’ère post digitale.

À l’origine, le P2P est un modèle de réseau informatique où chaque client est aussi un serveur. Il permet le partage de fichiers entre plusieurs ordinateurs connectés entre eux par Internet, chaque internaute pouvant être serveur et receveur d’un autre internaute. Ils forment ainsi des « pairs ». Ce mode de communication se différencie du modèle client-serveur où le client, qui envoie des requêtes, et le serveur, qui y répond, sont clairement différenciés. Le P2P permet de résoudre un problème essentiel du web : l’encombrement des serveurs débordés par le nombre de demandes simultanées de clients. Sur un réseau P2P, plus il y a de demandes, plus grande est la vitesse du téléchargement depuis toutes ces sources partielles combinées.

Le résultat en est un système plus efficace et plus résilient, qui atteint son plein potentiel lorsqu’un grand nombre de nœuds propose des ressources. La notion de partage et la coopération massive qui en résulte sont la clé du succès des systèmes de P2P. Mais c’est aussi leur faille : dès lors qu’un grand nombre d’utilisateurs se sert des ressources partagées sans en partager en retour, des problèmes apparaissent. Le manque de réciprocité peut conduire à l’effondrement du système. C’est pourquoi plusieurs mécanismes d’incitation ont été pensés et mis en place afin d’encourager les utilisateurs à partager autant qu’ils consomment. Cette problématique de la performance par le partage n’est-elle pas applicable aux organisations ?

Le Post Digital, l’ère du partage par excellence

Le Post Digital, cette nouvelle ère où les frontières entre le physique et le numérique sont en voie d’extinction, nous conduit à repenser et à se réapproprier le principe du P2P en inventant de nouvelles manières de travailler ensemble, selon une logique de partage. La coopération s’impose alors comme une forme d’organisation collective qui entend promouvoir un système fondé sur une vision partagée des différents acteurs, dans un esprit d’intérêt général, au service de toutes les parties prenantes. Loin de la logique top down traditionnelle, cela suppose un certain degré de confiance et de compréhension, lui-même fondé sur un principe d’égalité entre les individus.

Le P2P post digital est un des outils essentiels pour atteindre une véritable intelligence collective, clé de voûte de l’organisation performante. Chaque individu trouve un bénéfice à collaborer (parfois instinctivement), et sa propre performance au sein du groupe est meilleure que s’il était isolé. En un mot, cette organisation doit plus que jamais reposer sur un modèle win-win généralisé.

Le P2P post digital, le meilleur des deux mondes

Cette nouvelle manière de partager implique l’enrichissement mutuel du monde physique et du monde digital, apportant ainsi au P2P la profondeur de la matérialité. Ainsi, le P2P post digital serait un mode de partage mixte, mi-physique, mi-virtuel. Concrètement, il s’exprime par des modes d’échanges reposant sur la co-présence. On ne peut parler de P2P post digital sans parler de l’organisation des espaces de travail et, en particulier, du mobilier. Il n’a rien d’anecdotique, car il exprime et génère l’« hospitality », cette recherche de bien-être collectif, au service de la performance.

Le P2P post digital est aussi une manière d’utiliser des outils de partage ultra low-tech mais ultra innovants : cartes à jouer créatives, serious play, plateaux de jeux de stratégie… C’est encore une différence avec le P2P. Ici, avec le P2P post digital, on n’échange pas que des informations entre individus dans le cadre d’un réseau informatique : on va plus loin en créant ensemble des objets réels ou conceptuels, au sein de la micro-communauté éphémère que constitue l’équipe projet.

Une des autres nouveautés de ce type de travail est d’inclure le client dans le processus de création. On peut filer la métaphore technologique de la relation classique « client-serveur » : dans le schéma de travail P2P post digital, il n’y a plus de différence de statut entre client et prestataire. Cette approche, que l’on appelle généralement co-conception, permet de gagner en agilité et en rapidité, caractéristiques essentielles du post digital et facteur prioritaire d’efficacité.

Au final, le mode de coopération P2P post digital réalise la synthèse entre le système de relations pré-digital et le modèle de relations digital par excellence, le P2P. Il propose un modèle qui reprend les valeurs de partage, d’échange, de don, d’égalité, de liberté et de fraternité, largement développé dans l’univers start-up mais en le généralisant dans le réel et le physique à toutes les entreprises de tailles significatives, notamment dans le secteur de la communication. Maintenant, à nous de faire vivre au quotidien cette notion au sein d’organisations plus humaines et plus performantes.

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