6 avril 2022

Temps de lecture : 3 min

Une startup offre un aller simple à ses clients qui souhaitent quitter la France en cas de victoire d’Eric Zemmour

À l’aube du premier tour des élections présidentielles l’assurtech Lovys assume ses convictions. Non sans une certaine ironie, la startup offre la possibilité à ses clients de remporter un billet d’avion ou de train à celles et ceux souhaitant s’expatrier en cas de victoire d’Eric Zemmour. Des vacances bien méritées.

Le souhait d’une plus grande responsabilité des entreprises, au-delà des missions inhérentes à leur activité, s’est fait d’autant plus ressentir cette dernière décennie. Il résonne à présent d’autant plus que les salariés sont particulièrement sensibles au positionnement de leur employeur sur des sujets politiques à dominante économique ou sociétale. Selon un sondage OpinionWay pour Salesforce et Les Echos publié en juin 2021, 63 % des français sont plus attentifs aux engagements des entreprises depuis qu’a éclaté la crise sanitaire. 71 % des personnes interrogées affirment même être davantage fidèles aux marques dont ils épousent les valeurs. « Il y a un pic de besoin d’engagement solide, non ambigu : les Français sont à la recherche de nouvelles ‘infaillibilités’ et, surtout, de sincérité », analyse le sociologue Ronan Chastellier qui a piloté l’étude. Mais Patagonia ne s’est pas construite en un jour. Il faut du temps, et beaucoup de volonté, pour bâtir une culture d’entreprise et aller au bout de ses idées quand la dimension financière pèse dans balance.

Pourtant, la période hors norme que nous vivons, qui survient à la lisière d’une sortie de crise sanitaire, semble confirmer un certain changement de discours tenu par les startups qui affirment – plus facilement – leurs prises de position. Suite à l’ascension fulgurante du candidat et de son parti Reconquête!, la startup Lovys a décidé de sortir de ce mutisme politique. Elle manifeste son opposition aux idées d’Eric Zemmour avec un jeu concours au ton humoristique. Les termes de celui-ci sont simples : si l’ancien chroniqueur TV vient à prendre ses quartiers à l’Elysée, Lovys offrira alors un billet de train ou d’avion aux personnes souhaitant s’expatrier pour la durée du quinquennat. Pour accompagner ce bien nommé jeu concours #Jemecasse, ouvert à tous dans la limite des 500 premières places disponibles, Lovys s’engage également à reverser 10 000 euros à une association de soutien pour les réfugiés ukrainiens. Pourquoi choisir ses combats ?

 

 

C’est Lovys qui régale

Fondée en 2017 à Paris par l’entrepreneur portugais João Cardoso, l’assurtech compte aujourd’hui 115 employés de 16 nationalités différentes et opère dans trois pays européens, la France, l’Espagne et le Portugal. Un ADN marqué par la diversité de points de vue qui se traduit par des valeurs fortes au sein de l’entreprise. Des valeurs qui, selon la startup, pourraient pousser de nombreux résidents français à l’expatriation. Comme nous l’a expliqué Lore Mattellini, head of content : « L’idée n’était pas uniquement de se démarquer de la concurrence. Même si Lovys a été fondée par un Portugais, c’est une entreprise française. La France est notre premier marché, on y a beaucoup d’attaches, prendre la parole nous paraissait important, notamment par le nombre de Français qui travaillent chez nous. Voilà le véritable déclencheur de cette opération ».

Un choix presque collégial : « On discutait beaucoup de cette campagne entre nous, des idées d‘extrême droite qui y étaient véhiculées. Les entreprises n’ont pas l’habitude de se positionner lors des scrutins mais ce positionnement n’est plus suffisant. Il fallait faire quelque chose pour combattre ce qui va à l’encontre de nos valeurs ». Et pas question de céder à la crainte de se mettre certains clients à dos. « Evidemment c’est un risque dont on est conscient. On a lancé la vidéo hier et elle a déjà suscité quelques tweets virulents. Twitter reste Twitter. Mais ce n’est pas parce que les intérêts pécuniaires rentrent en jeu qu’on devrait rester neutre. Nous croyons que toutes les entreprises devraient se battre pour ce en quoi elles croient. On a tous des devoirs en tant que citoyens, mais il doit en être de même pour les maisons qui les emploient ».

 

 

 

Un parfum de vict… de départ

Pourtant, malgré les meilleures intentions du monde, plusieurs critiques se sont déjà fait entendre. Sur les réseaux sociaux… et sur Twitter, bien évidemment. Plusieurs internautes dénoncent une simple recherche de buzz sur des sujets qui demandent bien plus de gravité. L’un d’eux écrit : « votre lâcheté ne vous permet pas de prendre partie contre l’extrême-droite et donc à la place vous avez pris le parti de faire un buzz sur le dos de personnes menacées par la violence fasciste ». Ou encore : « C’est fabuleux que le camp des forces du bien autoproclamées lancent des dispositifs que même le plus extrémiste des militants FN n’aurait osé rêver. Ils proposaient déjà de séparer les « racisés » des blancs grâce aux sage spaces et maintenant ils les renvoient gratis chez eux ». De quoi pousser le compte officiel de Lovys à publier : « Il faut l’avouer, nous ne nous attendions pas à autant de premier degré (…) Que vous soyez outré, amusé, ou circonspect, prendre parti contre les idées d’extrême droite n’était pas une option pour nous. Bien sûr on vous entend dire « vous auriez dû appeler au vote » mais nous ne faisons pas la promotion de l’inaction ». Comme on l’expliquait en début d’article, construire une culture d’entreprise cohérente est loin d’être simple…

 

En résumé

Lovys lance un jeu concours pour offrir un billet de train ou d’avion aux 500 premiers inscrits qui souhaitent quitter la France en cas de victoire d’Eric Zemmour à la présidentielle.

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