10 octobre 2023

Temps de lecture : 3 min

« Je préfère que Sud Ouest fasse moins de marge, et fasse venir de nouvelles communautés », Nicolas Sterckx (DG)

Après 4 ans chez Webedia, ​​Nicolas Sterckx a pris la tête du groupe Sud Ouest en avril 2022. A l’occasion du Festival de l’Info Locale, à Nantes, il présentait un premier bilan d’étape. En ligne de mire : la transition du papier vers le digital, des diversifications et, surtout, un travail autour de “verticales” thématiques destinées à fédérer des communautés. Y compris au-delà des frontières du sud-ouest.

Avec cinq quotidiens, trois hebdomadaires et trois magazines, le groupe Sud Ouest a, comme tout le secteur de la presse, pris de plein fouet la hausse des prix du papier. Mais il résiste, comme le souligne son DG :  “on consomme 11 000 tonnes de papier par an. Le prix de la tonne a doublé. Ça fait donc plusieurs millions d’euros de surcoûts. Néanmoins, le groupe est encore rentable.” Après avoir enregistré 170 millions d’euros de CA en 2022, une croissance est même attendue pour 2023. 

Nicolas Sterckx rappelle également son défi principal, qu’il partage avec tous les groupes issus de la presse écrite : “accélérer les nouveaux métiers qui prennent le relais du papier. » Des métiers qui sont “en croissance de plus de 20% en moyenne”. C’est ainsi que les chaînes d’information locale TV7 et TVPI et l’agence de production Digivision assurent les développements du groupe dans l’audiovisuel, tandis que Terre de Vins, Bacchus, Rugby360 et Côte Ouest le positionnent sur l’événementiel, Eliette dans le marketing et Théophraste dans l’accélération de startups (Poool, Rematch, Gleeph, Bliverr…)

22% d’abonnements numériques

En digital, Sud Ouest peut s’appuyer sur les sites et applications de ses titres, qui affichaient 57 813 703 pages vues en août 2023, d’après l’ACPM. Selon ce même classement, le groupe s’est hissé cet été à la cinquième place des acteurs locaux sur le digital. 

Du côté des abonnements, 22% des abonnés ont désormais basculé sur le numérique – contre 15% en moyenne pour la PQR. Les chiffres sont plutôt bons, mais ils ne satisfont pas encore le DG : “Ce n’est pas bon, on ne se contente pas de ça… La PQN est largement au-dessus. […] Certes au royaume des aveugles, on est rois avec 22% d’abonnement numériques, mais ça ne suffit pas pour la transformation digitale dont notre groupe a besoin”, martèle-t-il, d’autant plus qu’il observe “un ralentissement de la croissance des abonnements numériques”. En conséquence, Sud Ouest “cherche différents moyens pour relancer la croissance des abonnements numériques, avec des offres et des newsletters ciblées.”

Une refonte de l’ambition éditoriale

Audiovisuel, digital, marketing, événementiel… les diversifications de Sud Ouest sont déjà nombreuses, mais toutes n’ont pas vocation à être poursuivies. Les podcasts pourraient être les premiers à faire les frais de ce recentrage : “certes, nos podcasts sont populaires, mais il n’y a pas de modèle économique”, regrette le DG en avouant se poser la question de leur abandon. Mais il assure ne pas avoir encore pris de décision sur ce sujet. 

Le groupe est en effet en pleine réflexion, après un mouvement de grève de la rédaction en juin 2023, en réaction à un gel des embauches et la suppression de 7 CDD au sein d’une rédaction de 275 journalistes. Le DG voit dans cette grève le symbole d’un “mal-être” face aux transformations en cours du métier de journaliste. “On y répond en lançant un projet de refonte de l’ambition éditoriale. C’est assez large et on est en plein dedans actuellement : qu’est-ce qu’on veut comme offre média demain dans le cadre du Sud-Ouest ? Quelle est la part du numérique ? Comment est-ce qu’on traite le local, l’hyperlocal ? Qu’est-ce qu’on arrête de faire ?”

Des “verticales entrepreneuriales”

Dans cette réflexion, une chose est certaine : Sud Ouest entend bien poursuivre son mouvement vers le digital. Pendant l’été 2022, le groupe a acquis le pure-player Placéco. Ce “média en ligne qui délivre des services pour aider les entrepreneurs à piloter leur activité” est aujourd’hui implanté en Gironde, dans le Béarn, au Pays-Basque, dans les Landes et en Charente-Maritime. “II rentre bien dans notre stratégie de réseau et d’information locale, en développant l’information BtoB, alors que l’ADN initial de Sud Ouest est le BtoC”, explique Nicolas Sterckx.

L’exemple de Placéco incarne la nouvelle ambition du groupe : se développer autour de “verticales thématiques entrepreneuriales” et de communautés. “On prend une thématique, on la travaille dans toutes les dimensions qui nous paraissent pertinentes, avec de l’événementiel, un magazine, un club. À sa tête, il y a un entrepreneur qui a une large latitude pour développer sa verticale.”

Attirer de nouvelles communautés

Outre l’information BtoB, la stratégie est également déployée dans le rugby avec la plateforme Rugby360 et le magazine Raffut, ainsi que dans le vin, avec le magazine Terre de vins, le Bacchus Business Club et des événements associés. Ces sujets n’étant pas spécifiques au sud-ouest, ils permettent au groupe de sortir de son territoire historique : Terre de vins organise d’ores et déjà des événements à Lyon et Paris, tandis que le Bacchus Business Club est aussi implanté à Marseille, Lyon, Montpellier et Nice.

Cette logique communautaire prime aussi dans l’événementiel grand public, porté par l’agence Côte Ouest, qui produit des événements comme la Robocup ou la Fête du Vin de Bordeaux. “Quand on fait le Lacaneau Pro [une compétition de surf], ça fait venir dans la galaxie Sud Ouest des nouveaux publics, et ça nous aide à rajeunir également nos audiences. C’est ça, l’intérêt majeur de Côte Ouest : sur chaque événement, je demande à l’équipe de travailler cet aspect. Je préfère qu’on fasse moins de marge, mais qu’on fasse venir de nouvelles communautés. »

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