27 février 2017

Temps de lecture : 4 min

Start-up : quand une intelligence artificielle compose de la musique

Première intelligence artificielle au monde capable de composer de la musique orchestrale, la technologie Hexachords de la start-up française éponyme pourrait peut-être révolutionner la création d'oeuvres originales, dont celles d'une industrie publicitaire déjà éprise d'électro.

Première intelligence artificielle au monde capable de composer de la musique orchestrale, la technologie Hexachords de la start-up française éponyme pourrait peut-être révolutionner la création d’oeuvres originales, dont celles d’une industrie publicitaire déjà éprise d’électro.

Nos usages en matière d’expérience musicale se renouvellent sporadiquement. Et si le MP3 a tué le CD, le streaming s’impose progressivement comme le modèle standard de consommation musicale. Voilà pour le support. Sur le fond, les tendances musicales changent également sur le front de la communication de marques. Comme INfluencia l’expliquait début février, très tendance depuis le début du siècle, le style électro est contraint de se ré-inventer. Après la French house, la synthwave, l’electro-pop et la dark synth, place à la composition par intelligence artificielle avec la première mondiale Hexachords, 100% « made in France ».

Première intelligence artificielle au monde capable de composer de la musique orchestrale, la technologie va bientôt être mise à la disposition des compositeurs dans le logiciel Orb Composer. Sa vocation ? Faciliter la création et permettre un gain de temps important. Comment ? Pendant que le compositeur se concentre sur sa créativité, ses choix et son empreinte artistique, l’Intelligence artificielle Hexachords prend en charge la partie fastidieuse du travail de composition. Une campagne de crowdfunding est prévue pour avril 2017, elle servira à lancer la commercialisation d’Orb Composer, qui intéresse déjà plus de 500 compositeurs.

Concrètement, en utilisant Orb Composer, Hexachords pré-compose dynamiquement des partitions en fonction des choix artistiques du compositeur, exprimés au travers de paramètres musicaux haut niveau (style, noirceur…) et bas niveau (accords, instruments… ). Le compositeur exporte ensuite les fichiers MIDI correspondants avant de créer, modifier ou étoffer la composition pour la personnaliser.

Une IA au service des compositeurs, pas une concurrence automatisée

Au début de l’année 2016, INfluencia se penchait sur les styles musicaux plébiscités par les annonceurs: Electro-swing, rock garage, indie-pop, rétro vintage revisité… Et si 2017 marquait les débuts de la création publicitaire par intelligence artificielle ? Pour comprendre la révolution Hexachords, nous avons interrogé Mathieu Calvo, responsable du développement de la startup toulousaine.

INfluencia : de quelle volonté initiale est née Hexachords. Le besoin était-il déjà énoncé ou l’avez-vous suscité ?

Mathieu Calvo: Hexachords a été créée par Richard Portelli en 2015. Il en est l’unique fondateur et a développé l’intelligence artificielle au cœur de ce que sera notre premier produit : le logiciel Orb Composer. Pendant ses études à l’ENS de Lyon, Richard a fait le constat que la musique comportait un certain nombre d’aspects répétitifs pouvant être automatisés et que la composition pouvait s’en trouver facilitée. Dès son adolescence il s’était pris de passion pour la musique de Rachmaninov, ce qui l’avait poussé à se plonger dans des livres partitions pour les analyser et les étudier en cherchant à comprendre les choix du compositeur, et d’une manière générale comment la musique était construite.

IN: permettre la composition orchestrale par intelligence artificielle est une première mondiale. Doit-elle inquiéter les compositeurs ?

MC: non car Hexachords est la première start-up à avoir choisi de mettre l’intelligence artificielle au service des compositeurs et non en concurrence avec eux. Elle agit uniquement selon leurs volontés et leurs choix musicaux pour leur faire des propositions pertinentes. Cette personnalisation est possible car cette intelligence est avant tout musicale. Elle est basée sur une connaissance et une analyse profondes de la musique et du processus de composition. C’est tout le contraire des solutions basées sur du machine learning, qui ne permettent pas de spécifier de choix musicaux précis à respecter.

IN: on suppose que la technologie, qui est le fruit de cinq années de développement, vous est propre ?

MC: Oui, à 100%. Elle peut être mise en œuvre dans d’autres domaines, comme celui des jeux vidéo, où elle permettra de composer dynamiquement la musique en fonction de la situation d’un personnage. Par exemple si ce personnage s’approche d’un danger, la musique devient de plus en plus angoissante. S’il s’affaiblit la musique devient plus dissonante. Etant peu gourmande en ressources, la technologie pourrait même être utilisée dans des jouets, dont les musiques ne seraient plus répétitives et pourraient favoriser l’éveil musical.

IN: justement, quels secteurs votre intelligence artificielle peut-elle disrupter ?

MC: les utilisateurs que nous ciblons sont les compositeurs, professionnels et amateurs. Cela comprend tout aussi bien les « songwriters », les groupes, les compositeurs de musiques pour films, mais aussi les arrangeurs, orchestrateurs et d’une manière générale tous les amoureux de musique qui composent. Orb Composer est particulièrement adaptée aux besoins des compositeurs de musique à l’image (musiques pour des vidéos, publicités, films…) car ils doivent composer en respectant des contraintes précises et avec des délais parfois très courts. Nous prévoyons d’ailleurs trois versions d’Orb Composer pour nous adresser aux compositeurs de tous niveaux. Dans tous les cas il sera nécessaire d’avoir des notions musicales solides pour utiliser Orb Composer efficacement. Le logiciel est prévu pour s’intégrer dans des environnements de travail spécifiques à la composition, et notamment s’interfacer avec les DAW (Digital Audio Workstation).

IN: pensez-vous que vous allez ubériser l’industrie de la musique originale d’oeuvres en l’automatisant ?

MC: non, la vocation d’Orb Composer n’est pas d’automatiser la composition à proprement parler, mais de permettre aux compositeurs de se concentrer sur la partie créative de la composition et expérimenter plus rapidement leurs idées. Une composition réalisée avec Orb Composer sera toujours la propriété du compositeur et il sera libre de la modifier autant qu’il le souhaite. Le fonctionnement de l’industrie musicale ne sera pas affecté par l’usage d’Orb Composer.

IN: Hexachords est-il le symbole de cette IA qui libère l’homme des tâches non créatives pour se concentrer sur ce qui fait la force de l’Intelligence humaine ?

MC: nous n’avons pas la prétention de libérer l’homme mais simplement de proposer un nouvel outil mettant la puissance de l’IA au service de l’utilisateur. Selon nous la technologie moderne, comprenant l’IA, doit être pensée pour être au service des utilisateurs, faciliter leurs travaux, mais pas pour les remplacer.

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