Santé, information, action : ce que les Français attendent vraiment du monde médical
À l’occasion des 25 ans de Doctissimo, Reworld MediaConnect publie la deuxième édition de son étude Take Care, menée avec OpinionWay. Un éclairage sur les dynamiques à l’œuvre dans le parcours santé des Français, entre besoin d’action, quête de fiabilité et nouveaux réflexes d’information.
À l’heure où la santé devient un sujet de société aussi central que clivant – entre fake news virales, désertification médicale et explosion des outils d’autodiagnostic – comprendre les comportements des Français face à leur propre santé est devenu un enjeu stratégique. En ouverture de la présentation de l’étude, Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, a d’ailleurs tenu à rappeler l’importance de la lutte contre la désinformation : « De pouvoir agir rapidement, d’agir groupé autour du ministère de la Santé, de mobiliser l’ensemble des forces médicales et paramédicales, dont vous faites naturellement partie [Doctissimo], […] toutes nos autorités pour que nous puissions faire un Observatoire des Fakes News, […] et porter ce projet à l’échelle européenne ».
C’est dans ce contexte que Reworld MediaConnect dévoile la seconde édition de Take Care, une étude réalisée avec OpinionWay, en s’appuyant à la fois sur un échantillon représentatif de 1 529 personnes et sur les communautés engagées des marques du groupe, comme Doctissimo, premier site santé francophone. Objectif : saisir les moteurs, les freins et les représentations qui façonnent les prises de décision santé au quotidien.
Des Français surinformés… mais de plus en plus méfiants
Premier enseignement : l’intérêt des Français pour les sujets de santé reste très fort (74 %), avec un sentiment global de bonne information (81 %). Mais cette apparente assurance cache une fatigue informationnelle : 63 % avouent ne plus savoir à quoi se fier, et 71 % déclarent éprouver le besoin de tout vérifier par eux-mêmes. En réaction, la confiance se resserre autour des figures classiques — médecins et pharmaciens — loin devant les influenceurs, largement discrédités dans ce domaine.
Pour autant, les internautes ne tournent pas le dos aux recommandations d’anonymes : près de la moitié déclarent s’appuyer sur les avis en ligne pour orienter leurs choix de traitement. Le rôle des médias, lui, reste central : 67 % des répondants estiment qu’ils aident à mieux comprendre les enjeux santé, et 74 % reconnaissent leur utilité en matière de sensibilisation et de prévention.
L’impact (bien réel) des campagnes de prévention
Contrairement aux idées reçues, les campagnes publiques de prévention santé parviennent à toucher leur cible. 78 % des Français se disent bien sensibilisés, un score qui grimpe à 85 % chez les moins de 25 ans. Plus significatif encore : 48 % des répondants affirment avoir modifié leurs comportements en conséquence, et même 60 % chez les 18-25 ans. De quoi valider l’efficacité des messages de prévention – à condition qu’ils soient clairs, fiables et correctement diffusés.
Face à un trouble de santé, les Français privilégient l’action plutôt que l’attentisme. Pour une pathologie aiguë, 80 % déclarent avoir agi rapidement, que ce soit par automédication (27 %), consultation médicale (22 %) ou recherche en ligne (8 %). En cas de pathologie chronique, ce chiffre monte à 95 %, avec une majorité de consultations. La prise en charge de la santé d’un proche fait presque consensus : 89 % conseilleraient une réaction immédiate. Les attentes sont claires : efficacité du traitement, fiabilité du diagnostic et adaptation des soins à la situation personnelle. Pourtant, des tensions subsistent, notamment dans l’accès aux examens médicaux, jugé inégal sur le territoire.
Une parole encore discrète mais prometteuse
Moins visible mais tout aussi structurante : la parole des patients eux-mêmes. 31 % des personnes concernées par une pathologie aiguë, et 35 % de celles atteintes d’une maladie chronique, disent avoir déjà partagé — ou être prêtes à partager — leur expérience sur les réseaux sociaux ou forums. Une prise de parole motivée par une logique d’entraide : « transmettre ce qui leur a été utile, comme d’autres l’ont fait pour eux », résume l’étude.
Autre point notable : 51 % des répondants ayant connu une pathologie aiguë affirment qu’ils réagiraient différemment en cas de récidive. Un chiffre qui souligne l’effet d’apprentissage, et l’intégration progressive de nouveaux réflexes — comme le recours à des ressources fiables ou des recommandations issues de leur vécu antérieur.
Pour une santé connectée… mais incarnée
« L’étude Take Care2 met en lumière les dynamiques qui permettent de mieux accompagner les usagers ; renforcer la confiance et proposer des ressources adaptées », commente Gérald Kierzek, Directeur Médical de Doctissimo. Autrement dit, une feuille de route pour tous les acteurs engagés dans la transformation des parcours de santé : médias, institutions, acteurs privés ou publics. Car si les Français ne manquent ni d’intérêt ni d’initiatives en matière de santé, encore faut-il qu’ils puissent agir avec discernement. L’enjeu n’est plus seulement de les informer, mais de restaurer un écosystème de confiance, de proximité et d’utilité.
Au croisement des préoccupations individuelles et des mutations collectives, l’étude Take Care2 révèle un basculement culturel : celui d’un public exigeant, informé mais vulnérable, en quête d’interlocuteurs fiables dans un paysage fragmenté. Alors que les technologies de santé se multiplient, que les intelligences artificielles s’invitent dans les diagnostics et que les discours santé foisonnent sur les réseaux, une question reste ouverte : comment garantir à chaque citoyen un parcours de soin lisible, équitable et humain ? Une interrogation à laquelle médias, plateformes, soignants et décideurs devront répondre… ensemble.