10 juin 2025

Temps de lecture : 4 min

Roland-Garros : le défi de la notoriété pour Loïs Boisson après son parcours remarqué

Protégée pendant Roland-Garros des sollicitations médiatiques (hors conférences de presse), la joueuse ne pourra désormais plus éviter la lumière en devenant la numéro 1 française et après une tel parcours. Tout le pays a les yeux rivés sur la suite. Les marques aussi. Prochaine étape espérée : une invitation à Wimbledon.
Loïs Boisson

@Dimitar Dilkoff - AFP

À 22 ans, Loïs Boisson est devenue ce lundi la nouvelle N.1 française après un parcours aussi inattendu qu’exceptionnel à Roland-Garros. Elle doit désormais assumer ce nouveau statut, sur les courts comme face aux médias, alors que se profile la saison sur gazon. Juste après sa défaite sèche en demi-finale contre l’Américaine Coco Gauff (6-1, 6-2), la révélation du tournoi l’a assuré : « je vais garder les pieds sur terre ». Son entourage, qui a préservé la joueuse de toutes les sollicitations – hors conférences de presse – pendant le tournoi. Désormais hors de sa « bulle », la Dijonnaise, 361e mondiale avant Roland-Garros, a affirmé qu’elle n’avait « pas de peurs particulières par rapport à cela ». « C’est le tennis, forcément, quand on rentre dans les 100, qu’on gagne plus de matches, les gens s’intéressent un peu plus, c’est la suite logique », a poursuivi celle qui grimpera autour de la 65e place au classement WTA lundi. Elle a été l’invitée du journal de 20 heures de France 2, le 6 juin après avoir atteint les demi-finales de Roland Garros. Elle a également donné une interview à L’Équipe, ce même jour. Son exploit et sa nouvelle position dans le classement s’accompagnent d’une exposition fulgurante.

« Sa situation est particulièrement difficile car il n’y a pas beaucoup de joueuses qui ont obtenu ce genre de résultat ces dernières années en France. Tout le pays va suivre ça de près », a prévenu Coco Gauff, anticipant « des prochains mois probablement un peu étranges » pour Boisson. L’Américaine, sous les projecteurs depuis ses 15 ans et une victoire à Wimbledon contre Venus Williams, l’a invitée à « rester fidèle à elle-même, à ton entourage, à ce qu’il attend de toi » et à ne « pas répondre aux attentes des médias ou des analystes extérieurs ».

Des ambitions…

La joueuse, fille de l’ex-basketteur professionnel Yann Boisson, compte aujourd’hui dans son cercle proche son entraîneur Florian Reynet, son agent Jonathan Dasnières de Veigy, tous deux anciens pros, et son préparateur physique Stéphane Durand. « Si je suis là aujourd’hui, c’est que ça marche bien. Je ne vois pas pourquoi je changerais », a déclaré Boisson qui, après son parcours à Paris, a empoché 690.000 euros de gains, cinq fois plus que toutes ses dotations cumulées auparavant.

Le parcours de la jeune tennisman ne passe pas inaperçu. Il y a encore quelques semaines, Loïs Boisson avait fait appel à la générosité du public. Après une grave blessure au genou en 2024, la joueuse revient à la compétition 2025 avec le projet de remonter dans le classement et participer aux tournois du Grand Chelem. Pour l’aider à financer sa saison 2025 (entrainements, déplacements, compétitions…) elle lance une cagnotte en ligne pour recueillir 20 000 euros. Avant le début du tournoi, elle est bien loin du compte, le montant s’élève à seulement 270 euros. Depuis Roland-Garros, la cagnotte explose atteignant ce week-end 7500 euros.

Wimbledon, prochaine étape…

« Loïs est aujourd’hui à 100% dans le projet. Pour moi, c’est très important de voir comment fonctionne le team, la mentalité… », s’est réjoui le Croate Ivan Ljubicic, directeur technique national chargé du haut niveau à la Fédération française de tennis.L’enjeu pour elle est de basculer vers le gazon, sur lequel elle n’a jamais joué en tournoi, elle qui a construit ses qualités sur la terre battue. « Si on regarde sa technique, la manière d’utiliser les coups droits liftés, les trajectoires, elle ne peut pas faire ça sur le gazon » où les balles sont frappées à plat, souligne Ljubicic, ajoutant qu’elle devra « utiliser mieux le slice ». Mais Boisson peut s’appuyer sur son gros service, régulièrement à plus de 190 km/h, une arme redoutable sur herbe. « Pour moi, elle a tous les ingrédients pour jouer sur toutes les surfaces, maintenant il va falloir adapter certaines des choses, les déplacements notamment », affirme à l’AFP son préparateur physique Sébastien Durand. « Elle volleye super bien. Là, elle n’y est peut-être pas allée assez mais elle jouait loin, elle n’avait pas tout le temps les occasions. Mais elle gère ça vraiment bien, même les balles dans les pieds », abonde dans L’Equipe Florian Reynet.

Grâce à son ascension express au classement, Loïs Boisson entrera directement dans le tableau final des Grands Chelems et de certains WTA 1000, sauf à Wimbledon (30 juin-13 juillet) qui prend en compte les classements d’avant Roland-Garros. Comme à Paris, la Française espère obtenir une invitation à Londres. Le comité d’attribution doit se réunir le 18 juin. Sinon, elle devra passer par les qualifications, disputées sur des courts souvent sans tribune à Roehampton, à plusieurs kilomètres du site historique du tournoi. Loin de la fièvre du court Philippe-Chatrier. Pour le moment, « il n’y a pas de tournoi de reprise de fixé », souligne Sébastien Durand, pour qui « le maître-mot c’est de bien récupérer, de ne pas se précipiter, de faire les choses étape par étape ».

L’intérêt des marques…

Au début du tournoi, Loïs Boisson avait sur sa tenue le seul logo Oasics. Mais au fil des matchs, de nouvelles marques sont venues se greffer successivement sur le débardeur de la joueuse française. Au premier tour, on découvre le logo de la marque d’épicerie Koro. Puis, il est remplacé par le logo « World of Hyatt » (entreprise d’hôtellerie) qui à son tour est remplacé en quart de finale par celui de Blue Owl (entreprise d’investissement)… toujours au côté de XTB, autre plateforme d’investissements en ligne. Cette pratique plus courante aux Etats-Unis consiste à porter le « patch » d’une marque le temps d’un match (ou plus) et se négocie en coulisses au cours du tournoi. Il est fort à parier que de nouvelles marques ont déjà approché la joueuse française – qui avait lancé il y a encore quelques semaines à une campagne participative – aujourd’hui dans la lumière…

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