Quel bilan pour le traitement des élections européennes et législatives sur les réseaux sociaux ? (étude Deep Opinion)
À l’heure de l’ouverture de la 17e législature, quelle est la visibilité en ligne de la séquence électorale qui vient de s’achever ? Quels ont été les temps forts des campagnes des élections européennes et législatives, les thématiques qui ont émergé – celles dont se sont saisis les candidats ou qui leur ont été associées –, les stratégies digitales des partis, de leurs représentants, et l’efficacité de celles-ci sur les réseaux sociaux ? L’étude Européennes, législatives & réseaux sociaux menée par Deep Opinion, filiale de l'institut d'études Occurrence (groupe IFOP) nous livre ses clés de compréhension.
Premier enseignement qui en ressort, les débats TV sont toujours aussi scrutés. Bien que leur importance soit parfois contestée, ils ont réellement lancé la campagne des européennespuis ont étéau cœur des débats de fond – retraite, binationalité, etc. – durant les campagnes, et ont généré de vifs clivages en ligne. En effet, 74,4K mentions font état des débats télévisés sur la période. Ces mentions ont généré 3,4M d’engagements soit 47 engagements par mention en moyenne. La question de l’organisation des débats est également représentative des rapports de force : pourquoi organiser un échange exclusivement entre Gabriel Attal et Jordan Bardella ? Qui représentera le NFP ? Pourquoi une absence de débat entre les deux tours des Législatives ?
Les soirées électorales sont également marquées par une couverture médiatique importante avec un intérêt croissant pour les résultats des élections. Ainsi, 91 K publications ont été émises au sujet des européennes le 9 juin, puis 121 K lors du 1er tour des législatives le 1er juillet et enfin 129 K au soir du second tour le 7 juillet. L’impact du silence électoral est par ailleurs notable sur les discussions en ligne.
Par ailleurs, les mentions relatives aux législatives sont dominées par les alliances entre partis et les discussions autour des rapports de force au sein de celles-ci. Ainsi, la création du Nouveau Front Populaire a généré 54,6K mentions et 2,9M engagements – soit 53 engagements en moyenne par mention –. Les rebondissements au sein des Républicains ont généré, quant à eux, 44,6K de mentions et 1,6M engagements – soit 37 engagements en moyenne par mention –. 89,3K publications mentionnent le Front Républicain, ce qui témoigne à nouveau de la place importante accordée aux jeux d’appareil.
Prime à la radicalité pour les sujets abordés
Que ce soit au sujet de la fiscalité – impôts : 1,2M de mentions et 6M d’engagements –, des retraites – 430,6K mentions et 6M d’engagements –, ou de la binationalité – 77,9K mentions et 38 engagements en moyenne –, les propositions les plus radicales sont celles qui font le plus réagir. En sa qualité de leader dans les intentions de vote, le RN était à la manœuvre pour définir les sujets à aborder. Chacun des candidats devant, par la suite, se positionner par rapport au RN. Les thématiques évoquées sont celles qui ressortent des sondages concernant les préoccupations des Français à savoir en première position l’immigration, en seconde le pouvoir d’achat, en troisième les retraites, en quatrième l’éducation, en cinquième la sécurité, en sixième le climat, en septième les impôts et en huitième et dernière position la santé. Le candidat du RN est ainsi le plus mentionné sur toutes les thématiques et celui qui émet également le plus – sur 5 thématiques sur 8 –. Ce dernier est parvenu à sortir de ses sujets de prédilection – 1er sur l’éducation –, ce qui lui a également valu d’être le plus attaqué sur la quasi-totalité des sujets étudiés.
Alors que le Rassemblement national (RN) était hégémonique en ligne pendant les européennes, la création du Nouveau Front populaire (NPF) rivalise avec lui durant la campagne des législatives. Malgré sa création tardive, le NFP est parvenu à mobiliser fortement en ligne, notamment sur Instagram. De son côté, le camp présidentiel ne parvient pas à attirer l’attention des internautes bien que le nombre de mentions en ligne émises ait progressé par rapport à la campagne des européennes.
TikTok, ou le facteur X de ces élections
Le leader du Rassemblement national surpasse de très loin ses concurrents pendant les européennes et les législatives, malgré une disparition dans l’entre-deux tours, en ligne comme sur le terrain avec 1M de mentions au global. Gabriel Attal est présent avec 317K de mentions au global sans pour autant s’imposer face à Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon – 536K de mentions au global – et ce malgré son statut de Premier ministre et de leader de la majorité sortante.
Les personnalités politiques du NFP sont particulièrement visibles avec 5 des 10 personnalités les plus mentionnées en ligne provenant du parti. La visibilité en ligne d’Éric Ciotti -270K mentions au global- est principalement générée par l’annonce de son alliance avec le Rassemblement National, représentant 54% des mentions le concernant entre le 11 et le 14 juin. Marine Tondelier, particulièrement visible après le 1er juillet – 64% des mentions sur toute la période –, est la révélation politique de ce second tour, en raison, notamment, du refus de Jordan Bardella de débattre avec elle.
Le réseau social préféré des moins de 25 ans est le canal sur lequel les candidats parviennent à générer le plus d’engagements, loin devant les autres plateformes : 23M d’engagement contre 10,6M pour X et 10M pour Instagram. À ce petit jeu, Jordan Bardella est, de très loin, le candidat qui performe le mieux sur TikTok avec, à lui seul, 13 des 23M d’engagement générés par les candidats sur la période étudiée.
Le RN a été particulièrement disruptif dans son approche des réseaux sociaux, à l’image de ce qu’avait fait Emmanuel Macron en 2017. TikTok est également un pari sur l’avenir car de nombreux jeunes seront de futurs électeurs acquis à la cause du RN.
Jordan Bardella enregistre ainsi le plus grand nombre d’engagements parmi toutes les personnalités politiques et plateformes confondues, totalisant 19M d’engagements. Il a publié près de 17 posts et tweets en moyenne par jour sur la période analysée soit 526 publications depuis le 7 juin avec 36K engagements en moyenne par publication. 68% de l’engagement est sur TikTok. Gabriel Attal est la personnalité politique ayant le moins publié de contenus sur les réseaux sociaux en un mois, comparé aux deux autres personnalités politiques analysées. Au total, les contenus émanant de Gabriel Attal totalisent près de 5M d’engagements, dont 4M sur TikTok. Il compte la plus petite communauté en ligne – 2M –, derrière Jordan Bardella – 4M – et Jean-Luc Mélenchon – 7M –. Ainsi, 293 publications ont été émises par le Premier ministre depuis le 7 juin avec 18K engagements en moyenne par publication. 42% de l’engagement est sur TikTok.
Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a publié davantage de contenus depuis le 7 juin (567) que Jordan Bardella et Gabriel Attal mais avec moins d’engagements en moyenne par publication (11K). 49% de l’engagement est sur X. Il possède la plus grande communauté en ligne avec 7M de followers sur l’ensemble des plateformes. Sa communication s’est intensifiée entre les deux tours, surpassant le candidat du RN en volume de mentions toutes plateformes confondues : 255 contre 99 pour Jordan Bardella.
Pour Jocelyn Munoz, directeur général associé de Deep Opinion : « Cette étude montre l’importance de ne pas oublier le prisme des réseaux sociaux. C’est un espace dans lequel les jeunes se politisent, les plus âgés se confortent dans leurs opinions, et les indécis s’informent. La puissance de TikTok, le poids en ligne des alliances, l’impact en ligne des débats TV, … tant de sujets que les états-majors politiques vont devoir analyser finement pour préparer les prochaines campagnes et mouvements sociaux ».
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