11 avril 2017

Temps de lecture : 2 min

Quand tweeter devient une peine judiciaire

En Espagne, la décision d'un tribunal de condamner un diffamateur à se repentir... en tweetant au quotidien le texte de sa condamnation pendant 30 jours. Même la justice devient "social"…

En Espagne, un tribunal a condamné un diffamateur à se repentir… en tweetant au quotidien le texte de sa condamnation pendant 30 jours. Même la justice devient « social » !

Quand la justice moderne remplace l’Eglise anachronique et que Twitter se substitue au confessionnal, même la pénitence se numérise. Puisque la foi sociale s’étale sur la Toile, un tribunal de Séville, à la demande de la victime, condamne un diffamateur à tweeter le texte de sa condamnation. Le gazouilleur gazouillé s’appelle Luis Pineda, c’est l’ancien président d’une défunte association de défense des consommateurs de services bancaires et financiers, Ausbanc. Un juge andalou l’a reconnu coupable de diffamation à l’égard de Ruben Sanchez, porte-parole de Facua (une autre association de consommateurs) et qui a été insulté et accusé à tort de plusieurs reprises sur Twitter et dans le journal d’Ausbanc.

Puisque l’oiseau bleu sert souvent à déverser sa rancoeur puérile, pourquoi ne pas retourner son pouvoir de nuisance pour punir le zèle du diffamateur ? Le raisonnement tient la route. L’idée de remontrance juridique est même très pertinente. C’est celle de Ruben Sanchez, qui a donc demandé à son avocat de requérir auprès du tribunal un tweet quotidien du texte de la condamnation pendant 30 jours. La Cour a accepté et Luis Pineda devra donc s’exécuter, en plus d’effacer ses 57 publications calomnieuses. Le juge a aussi ordonné que l’ancien patron d’Ausbanc puisse utiliser une application lui permettant d’augmenter le nombre de caractères, limité à 140 sur Twitter.

Après l’épuisement des derniers recours, la décision est devenue définitive le mois dernier, le tribunal sévillan précisant que le tweet du jour devra se faire le matin de 9 à 14 heures, ou l’après-midi de 17 à 22 heures. Bizarrement, une dépêche AFP de septembre 2015 reprise à l’époque par le site du Figaro annonçait exactement la même sentence que celle énoncée dans la dépêche de la semaine passée, reprise par plusieurs médias français -dont Europe 1 et l’Est Républicain. Placé en détention provisoire à Madrid, depuis avril 2016, pour une sombre affaire de chantage, le patibulaire Luis Pineda a été condamné en novembre 2014. Il a déjà annoncé qu’il ne respecterait pas la décision de justice. Devinez comment il l’a fait ? Par un tweet, évidemment.

 » Un nouvel exemple de justice 2.0 « 

Encore plus ubuesque, la décision prononcée le 3 mars 2017 par le tribunal de Séville a été rendue publique, le 6 avril 2017, par un communiqué de Facua. Nous pouvons donc apprendre que la Cour andalouse a demandé à la prison madrilène de fournir au condamné « le matériel nécessaire pour exécuter sa peine. » L’association dont le porte-parole a été diffamé a également fait savoir dans une déclaration que M. Pineda n’avait pas commencé à exécuter la sentence, puisqu’il avait refusé de recevoir l’avis de la Cour, que les autorités pénitentiaires ont essayé de la lui signifier le 24 mars. Voilà pour les faits.

« Un nouvel exemple de justice 2.0 nous est donné par cette édifiante peine alternative infligée par un tribunal sévillan à un twittos compulsif et atrabilaire ayant été condamné pour diffamation », commente sur son blog l’avocat parisien, Thierry Vallat. La synthèse ouvre le débat : faut-il accepter cette extension des nouvelle frontières digitales, jusque-là maintenues dans les réseaux sociaux à l’e-réputation ? Que ce soit celle d’une marque ou des particuliers. En 2013, INfluencia s’était d’ailleurs intéressé à un restaurateur de Los Angeles qui, énervé par les lapins posés par des clients qui avaient réservé une table, les avait directement pris à parti.

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