5 mars 2014

Temps de lecture : 2 min

Quand le recyclage combat la pauvreté

Le débat économico-politique sur la répartition des richesses et les inégalités sociales accouche de débats stériles depuis des décennies. Sans une modification structurelle de notre système de production et de nos modes de consommation, le puits des arguments pro et anti restera sans fonds. Pour contourner les impasses idéologiques, l’ONG Plastic Bank propose une initiative concrète et qui, elle, fait avancer le schmilblick : prouver que protéger la planète peut être un outil de lutte contre la pauvreté.

Créée par l’entrepreneur canadien, David Katz, The Plastic Bank reprend le concept à la mode du recyclage bénéfique. Mais contrairement au Britannique Sea Chair, ce projet environnementaliste ne se contente pas de créer des produits à base de déchets plastiques. Il en fait un ascenseur social pour les déshérités qui en échange d’une bonne action, veulent s’en sortir et profiter d’une opportunité de développement économique. Comment ? La règle du jeu est simple : une plage nettoyée ouvre, en retour, les portes de stages de formations et de microcrédits.

Actuellement testée au Pérou dans une des zones les plus polluées du pays, cette expérience inédite de donnant-donnant permet à des sans emplois de se joindre au ramassage des déchets plastiques sur les plages et dans les océans souillés. Pour récompenser ces bénévoles, Plastic Bank leur accorde des crédits donnant accès à des programmes éducatifs sur le recyclage et la gestion des déchets, mais aussi des micro-prêts permettant aux plus volontaires de monter leur entreprise. Grâce à l’aide de PeruRail, David Katz, qui avant cette aventure écologique et sociale, avait fondé Nero GlobalTracking, peut également compter sur des installations high-tech d’impression 3D pour transformer les déchets en objets utiles.

Un nouveau marché en ligne de mire

« En plus de s’attaquer à un challenge environnemental, ce projet aide les gens à sortir de la pauvreté. Sur l’aspect purement économique, il donne de la valeur au plastique recyclé, que chaque grande entreprise devrait s’engager à utiliser dans un certain pourcentage », commente le fondateur de Plastic Bank, dans le quotidien Times Colonis. Financée à hauteur de quelques 16 000 euros, entre juillet et septembre 2013, sur la plateforme de crowdfunding Indiegogo, l’ONG espère bien propager son combat dans d’autres zones sinistrées par la pauvreté et les ravages écologiques du plastique. « La règle, à laquelle nous ne dérogerons jamais, sera de toujours éduquer et de responsabiliser les résidents locaux pour qu’ils réalisent les valeurs portées en eux qu’il s’agisse de transformation du plastique ou d’opportunités entrepreneuriales », explique Plastic Bank sur son site Web.

Selon l’UNESCO, les déchets plastiques causent la mort de plus d’un million d’oiseaux marins et de plus de 100 000 mammifères marins chaque année. Le tourbillon océanique du Pacifique nord, connu sous le nom de Grande plaque de déchets du Pacifique, occupe une zone relativement stationnaire deux fois plus grande que le Texas. Selon le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement, chaque mile carré de l’océan contenait, en 2006, 46 000 morceaux de plastique flottant en surface. Il y a donc urgence. En quoi cela nous concerne-t-il directement ? Primo, l’initiative de Plastic Bank confirme non seulement la pertinence de la tendance du recyclage par l’impression 3D, et donc la naissance d’un nouveau marché. Un marché qui a besoin d’audience, d’éducation et d’éveil chez le consommateur. Autant dire du Brand Content. Secundo, cette expérience peut conforter les marques, déjà convaincues, dans l’idée que pour engager le consommateur, il faut lui proposer une carotte en échange.

Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA
Rubrique réalisée en partenariat avec Act Responsible

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