27 mars 2018

Temps de lecture : 3 min

Quand Levis’s change la fabrication du jean en laboratoire

En septembre dernier, Levi's lançait en Amérique du Nord la commercialisation de sa veste connectée, un produit de niche. Six mois plus tard, la marque sort de son Lab une innovation technologique qui, elle, va changer le processus de fabrication des jeans. Pour les rendre notamment plus éthiques.

En septembre dernier, Levi’s lançait en Amérique du Nord la commercialisation de sa veste connectée, un produit de niche. Six mois plus tard, la marque sort de son Lab une innovation technologique qui, elle, va changer le processus de fabrication des jeans. Pour les rendre notamment plus éthiques.

Quand nous achetons un vêtement vendu par une multinationale de la sape, indirectement nous sommes tous responsables de la dramatique pollution des eaux -en Chine, 70% des cours seraient pollués à cause de l’industrie textile, d’après SlowWeAre. Présents à chaque étape de la confection d’une fibre textile, les intrants chimiques flinguent les terres de culture et la santé des paysans qui cravachent pour nous vêtir. La mode est, après le pétrole, l’industrie la plus polluante au monde et logiquement une prise de conscience des consommateurs oblige les marques à devenir plus écolo-centrées. Forcément, le green washing en profite cyniquement mais dans la quête de la fringue éthique, il existe aussi de la sincérité. Et quand verdir son processus de fabrication corrèle avec la réduction de la pénibilité du travail, la R&D de Levi’s fait d’une pierre deux coups. Et montre l’exemple.

Ouvert en 2014 par le leader mondial du jean -4,5 milliards de chiffre d’affaires, 50 000 magasins dans 110 pays et 17 000 employés- Eureka Lab a pour fonction de produire des prototypes qui répondent aux exigences écologiques de la marque, qui s’est publiquement engagée à réduire l’utilisation des ressources. Basé à San Francisco, ce laboratoire Géo Trouvetou, modèle d’innovation textile, a planché plusieurs années sur une nouvelle technologie laser qu’il qualifie lui même de  » changement radical « . Désormais il suffit de 90 secondes à un laser robotisé à lumière infrarouge pour donner au denim un effet délavé vintage qui jusque-là  » nécessitait un labeur humain intensif, répétitif et une longue liste de produits chimiques « , explique Bart Sights, le patron d’Eureka Lab, dans Fast Company.

La nouvelle trouvaille du Lab de Levi’s va permettre d’automatiser le processus de fabrication de ses jeans, du design à la production en passant par le prototypage. Pour la directrice de la supply chain, Liz O’Neill,  » cette innovation a commencé comme une idée pour changer le processus de fabrication. Mais elle a évolué en une transformation digitale holistique qui couvre toute la supply chain, d’un bout à l’autre. Nous venons d’ouvrir la porte à tout un nouveau modèle opératoire « . Ou comment une innovation technologique expérimentale oblige un leader mondial à repenser ses modes de production et de distribution.  » Notre intention est d’implémenter cette technologie à grande échelle d’ici fin 2019 pour arriver à produire 75 millions de jeans de cette manière « , confirme Liz O’Neill.

Adieu produits chimiques nocifs

En parallèle de son robot laser, Eureka Lab a également créé un nouveau logiciel de design sur iPad. L’outil digital est conçu comme un jeu vidéo et permet aux designer de Levi’s de s’amuser comme des geeks du denim pour relooker des modèles classiques et pour en imaginer de nouveaux. Avec cette plateforme, le prototypage d’un jean ne nécessitera plus que trois étapes, contre douze ou dix-huit auparavant. Il induira aussi bien moins de gâchis de matériel. Surtout, avec ses deux nouveautés, la marque va pouvoir réduire drastiquement son utilisation des produits chimiques les plus toxiques, comme le potassium permanganate. En 2016, Levi’s a lancé l’initiative Screened Chemistry, qui recense tous les produits chimiques nocifs pour l’environnement et la santé des ouvriers.  » C’est donc une grosse victoire pour nous « , se réjouit Bart Sights. Certaines autres innovations beaucoup plus gadgets ne sont, elles, que des avancées technologiques qui séduiront une niche de férus.

En septembre dernier, plus d’un an après sa présentation, Levi’s annonçait la mise en vente outre-Atlantique de la veste connectée conçue avec Google. Elle coûte un peu plus de 300 euros, n’est lavable que dix fois et permet de piloter quelques fonctions depuis un smartphone en touchant la manche gauche. Baptisée Levi’s Commuter Trucker, la veste en jean intègre la technologie du projet Jacquard de Google. Il s’agit d’un tissu composé de fils conducteurs qui peut détecter des gestes et permettre des interactions avec un smartphone connecté par une liaison Bluetooth. Sa version non connectée coûte dans les 120 euros, quand même.

 

Crédit photo : Levi’s

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