27 novembre 2023

Temps de lecture : 2 min

Pour une nouvelle définition de l’intelligence

Nous ne sommes pas les singes savants auxquels nous réduisent les tests de QI. Pour Fanny Nusbaum, l’intelligence n’est pas la somme de nos capacités intellectuelles mais un état qui nous permet de révéler la puissance de nos capacités. À condition d’y parvenir. Un article a retrouver dans la revue 44 d’INfluencia.

INfluencia : Dans vos différents ouvrages, vous avez proposé une nouvelle définition de l’intelligence humaine pour ne pas la réduire uniquement à ce que mesurent les tests cliniques. Pourquoi ?

Fanny Nusbaum : Alfred Binet, co-inventeur des premiers tests de QI en 1905, avait une célèbre formule : « L’intelligence, c’est ce que mesure mon test ». Or, réduire l’intelligence humaine à une énumération de capacités (comme avec les Intelligences Multiples d’Howard Gardner dont la liste ne cesse de se rallonger), c’est finalement exclure la magie qui opère quand on les utilise et cela ne nous dit finalement rien sur ce que l’on peut en faire. 

L’intelligence est en réalité un état qui, en des circonstances favorables, nous permet de révéler la puissance de nos capacités et de les transformer en performance. Cet état est transitoire et fluctuant au cours d’une journée ou d’une période de vie. C’est pour cela que je parle d’impermanence de l’intelligence.

 

“En renforçant ainsi notre intuition et en laissant agir notre instinct, nous augmentons nos chances de réussir concrètement”

 

IN : Ce qui reviendrait à dire que nous serions tous potentiellement intelligents ? 

FN : Oui ! Tout le monde peut expérimenter cet état de performance, ce moment où nos capacités entrent en résonance dans l’environnement pour nous permettre de donner le meilleur de nous-mêmes.

Certains parlent d’un état de flow. Notre intelligence serait alors le produit de nos capacités (ce que nous savons et avons expérimenté) et d’une réalisation (ce que nous en faisons), initiée dans un contexte favorable, mêlant à la fois une bonne conscience de soi et le bon niveau d’énergie. 

 

IN : Comment atteindre plus facilement cet état performatif ?

FN : Il faudrait déjà arrêter de raisonner et (re)faire confiance à notre intuition (que l’on pourrait résumer par la somme de nos apprentissages et de nos expériences qui ont été processés par notre cerveau et sont devenus des automatismes) pour libérer notre instinct, à savoir une mise en action immédiate de notre intuition, qui ne nécessite pas de repasser par une validation cognitive. 

Le secret, c’est que l’intuition est comme un muscle, elle se travaille au quotidien en faisant, par exemple, des paris sur ce qui va arriver (comme pour un résultat sportif) selon ce que l’on ressent et non pas ce que l’on pense.  En renforçant ainsi notre intuition et en laissant agir notre instinct, nous augmentons nos chances de réussir concrètement.

 

“Il est important de toujours mettre ses équipes dans l’inconfort car c’est la condition sine qua non de l’apprentissage”

 

IN : Pour les entreprises, existent-ils des leviers pour transformer les compétences de leurs collaborateurs en performances au service de tous ?

FN : À partir de mon expérience dans le monde des organisations, j’en vois quatre. Grâce à une identité et une culture d’entreprise fortes et exclusives, il faut absolument construire et/ou s’appuyer sur une communauté puissante à l’origine d’une fierté d’appartenance d’ordre clanique. 

Puis, même si c’est contre-intuitif, il est important de toujours mettre ses équipes dans l’inconfort car c’est la condition sine qua non de l’apprentissage et de la novation. Il faut ensuite favoriser autant que possible la modularité pour permettre une plus grande flexibilité et une meilleure communication des équipes au service de la réalisation rapide des projets et pas de l’obligation d’agir selon son statut dans l’entreprise. 

Enfin, il faut impérativement s’assurer que l’information circule vite, de manière transparente, que cela soit dans des espaces formels ou non, qu’il est bon de laisser exister. 

Toutes les organisations à leurs débuts doivent en passer par là pour exister sur leur marché. Quand elles prospèrent, elles perdent de vue trop souvent ce qui a fondé leur réussite collective : le clan, l’inconfort, la modularité, l’énergie. 

Il ne faut donc pas hésiter à revenir à ses fondamentaux et questionner ses modes de fonctionnement, casser les silos et favoriser la circulation des hommes comme des idées.

 

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