5 octobre 2023

Temps de lecture : 2 min

Pluie d’hommages posthumes pour Jean Pierre Elkabach

Il s’est tu: le vétéran du journalisme politique et ancien président d’Europe 1 Jean-Pierre Elkabbach s’est éteint à 86 ans, suscitant une pluie d’hommages de ses pairs, des politiques et des admirateurs d’un intervieweur tenace qui a marqué son époque.

Canal+ et Europe 1 ont annoncé le décès de leur ancienne vedette mardi soir sur X (ex-Twitter), peu après sa révélation par l’hebdomadaire Paris Match.

Emmanuel Macron a salué mercredi un « monstre sacré du journalisme français », disparu « à la veille du 65e anniversaire de notre cinquième République, lui qui était toujours là, à chacune de ses grandes dates ».

« Jean-Pierre Elkabbach a marqué de son empreinte toute une génération. J’en fais partie, pour avoir tant espéré, alors jeune élu, d’être son invité au micro d’Europe 1 jusqu’à ce qu’il me donne ma chance », a réagi l’ancien président Nicolas Sarkozy.

Son successeur François Hollande a loué une « pugnacité qu’aucun interlocuteur ne pouvait épuiser ».

La cheffe du gouvernement Elisabeth Borne s’est souvenue d’une « figure du journalisme français pendant six décennies, roi de l’interview politique et passionné d’information ». « Jean-Pierre Elkabbach était un journaliste exigeant, un dirigeant de chaînes passionné »,  a réagi la ministre de la Culture Rima Abdul Malak.

« Il avait interrogé tous les chefs d’Etat depuis Valéry Giscard d’Estaing », a rappelé le président du RN Jordan Bardella, quand Marine Le Pen, qu’il n’avait pas épargnée, a souligné que « ses interviews pugnaces, son style incisif et sa liberté de ton resteront dans les mémoires ».

 

« Taisez-vous Elkabbach! »

Comme beaucoup, le leader communiste Fabien Roussel s’est, lui, remémoré ses « échanges mythiques avec Georges Marchais »,  allusion à une interview avec le secrétaire général du PCF en 1980 sur la chaîne Antenne 2. La célèbre formule « Taisez-vous Elkabbach! » n’a toutefois jamais été prononcée par Marchais mais imaginée par l’humoriste Thierry Le Luron, caricaturant le débat.

« Ils s’appréciaient beaucoup. C’étaient peut-être les deux meilleurs ennemis. Il y avait beaucoup de respect entre eux », a commenté sur BFMTV Olivier Marchais, plus de 25 ans après la mort de son père.

Professionnel infatigable, qui a analysé et commenté plus de 60 ans de vie politique, Jean-Pierre Elkabbach a aussi été patron de radio et de télévision.

Il a « lancé, encouragé et formé une génération entière de journalistes qui informent aujourd’hui les Français », a rappelé France Télévisions dans un communiqué. Dont Léa Salamé, à qui il a été « le premier à donner (sa) chance ».

« C’était le meilleur intervieweur qu’on ait eu », a commenté sur BFMTV Alain Duhamel, son ancien partenaire dans « Cartes sur table » sur Antenne 2, louant son « incroyable acharnement » et sa « méticulosité ».

« On est nombreux à avoir pris ses attaques d’interview en référence », a relevé Laurence Ferrari sur CNews. Le journaliste avait en effet pour habitude de déstabiliser son invité dès la première question.

 

« Vous n’avez pas honte ? »

« Bonjour Marine Le Pen. Vous n’avez pas honte ? », avait-il ainsi lancé à celle qui était alors présidente du Front national (devenu RN), sur Europe 1, lui reprochant la distance prise avec les mouvements de soutien à Charlie Hebdo, après les attentats du 7 janvier 2015.

« Jean-Pierre Elkabbach laissera une trace inoubliable dans l’histoire des médias français », a conclu le régulateur des médias, l’Arcom, dans un communiqué.

Parfois brocardé pour ses amitiés politiques supposées (de Valéry Giscard d’Estaing à Nicolas Sarkozy ou François Hollande), sa longévité à l’antenne avait fini par lasser une partie du public et conduit à son éviction d’Europe 1 en 2017.

Il était alors entré chez CNews, devenant conseiller de Vincent Bolloré, qui contrôlait la chaîne d’info « qu’il a contribué à créer », comme l’a rappelé le directeur général du groupe Canal+, Gérald Brice-Viret.

Né en 1937, Jean-Pierre Elkabbach a commencé sa carrière comme correspondant de la RTF à Oran, sa ville natale en Algérie, avant d’être nommé à Paris en 1961.

Après des années sur le petit écran, il était entré à Europe 1 au début des années 80, pour y faire de très nombreux aller-retours.

Il y était revenu notamment en 1996, éclaboussé par un scandale sur l’attribution de contrats juteux aux animateurs-producteurs stars de France 2, alors qu’il était patron de France Telévisions.

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