29 juin 2015

Temps de lecture : 2 min

Open économie : le mythe de l’Open Space drôlement égratigné

L’espace de travail paysager, l’antre du travail en projets, se veut "généreux et agréable". Mais il peut aussi être le lieu d’une expression créative particulièrement débridée face aux travers de la vie de bureau, comme le narre avec brio « Open Space », la pièce de Mathilda May. Grinçant et réjouissant, un spectacle muet à voir en famille ou entre collègues. Et à méditer du côté des DRH. Chacun peut s’y reconnaitre !

L’espace de travail paysager, l’antre du travail en projets, se veut « généreux et agréable ». Mais il peut aussi être le lieu d’une expression créative particulièrement débridée face aux travers de la vie de bureau, comme le narre avec brio « Open Space », la pièce de Mathilda May. Grinçant et réjouissant, un spectacle muet à voir en famille ou entre collègues. Et à méditer du côté des DRH. Chacun peut s’y reconnaitre !

L’open space ou plateau ouvert et/ou paysager est bel et bien un dérivé de l’open source. Un concept qui séduit 60% des entreprises, selon Valérie Froger, auteur de « Survivre en open-space ». Et qui semble parfaitement coller au mode de travail actuel imposé par les nouvelles technologies et la mise en réseau systématique. Car son but n’est pas seulement le gain de place, mais aussi une meilleure communication, une mutualisation des tâches, un suivi ou un partage de l’activité de la société et une surveillance mutuelle quasi permanente. Un dernier point qui doit garantir l’efficacité, l’harmonie et la créativité mais qui n’a pas que des avantages. Car ainsi aménagée, cette plate forme décloisonnée occasionne bien des inconvénients comme le bruit, l’absence d’intimité, le sentiment d’être observé… au point parfois d’aboutir à l’effet inverse recherché : la baisse de productivité, l’accentuation de la compétition individuelle, l’agacement, le stress ou le repli des employés sur eux qui s’isolent derrière des écouteurs, des montagnes de dossiers, d’objets décoratifs ou floraux. C’est tout ce concentré d’humanité de ce lieu parfois porteur et constructif et parfois pathogène et anxiogène qu’ « Open Space », le spectacle original de Mathilda May nous raconte au Théâtre de Paris.

Un modèle absurde ?

Avec brio et impertinence. Car pour aborder ce thème de société contemporaine basé sur la communication donc a priori sur la parole, pas un mot n’est prononcé pendant 1h30 par les 6 acteurs. Jouant dans un décor aux petits oignons, des employés de bureau (3 hommes et 3 femmes) qui se supportent et s’insupportent le temps d’une journée, ces derniers réalisent une véritable performance physique en ne s’exprimant qu’à coup d’onomatopées et de mimes. La chorégraphie, inventive et inspirée, soutenue à la seconde près par des jeux de lumière et une bande son aussi cocasse que poétique et touchante laisse parfaitement émerger toute l’absurdité de la figure imposée du bureau ouvert.

Une tragi-comédie où chacun peut se reconnaitre car entre la photocopieuse et les pots à stylos, les ordinateurs et les sièges à roulettes, cet Open Space dédié à la productivité et à la rentabilité n’est pas qu’un lieu de vie ordinaire et tranquille. C’est aussi un lieu d’agitation à la limite du paroxysme selon que le téléphone sonne, que des poules se mettent à caqueter, que des collègues s’affrontent tels deux gros bras sur un ring ou qu’un autre se transforme en matador…

Seulement des onomatopés et des mimes entre cocasserie et poésie

Il y a le doyen de l’entreprise relégué au placard. La jeune et jolie fille, bourrée de complexes, amoureuse du beau gosse ambitieux, lequel a un coup de foudre pour le réparateur de machine à café. Il y a aussi l’employé modèle, amoureux transi de la ravissante bimbo qui se pâme pour un autre, la business woman alcoolique, ou encore celle qui parle fort, baille et se mouche en oubliant la discrétion. Et évidemment l’inénarrable et incontournable femme de ménage. Un show très réjouissant car on est quand même au théâtre. Grinçant, médusant et qui ne laisse pas indifférent aussi… Où chacun en prend pour son grade avec une mention spéciale pour toute DRH ou autre équipe dirigeante en mal d’inspiration organisationnelle.

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