11 septembre 2022

Temps de lecture : 7 min

« Nous voulons démocratiser les Dj, tant pour les particuliers que pour les entreprises », Cathy Guetta et Raphaël Aflalo (Djaayz)

En pleine ubérisation de l’industrie musicale, et fort des enseignements tirés de la fermeture des clubs suite à la pandémie, Cathy Guetta et son associé Raphaël Aflalo dévoilent Djaayz, une application qui met en relation des DJs amateurs, semi-pro ou professionnels avec des particuliers ou entreprises. Un projet qui a le potentiel de démocratiser la profession et de faire découvrir une foule de nouveaux talents, notamment grâce à leur partenariat avec l’école de Djing de l’UCPA. De quoi nous faire lever de notre siège…

Si on peut avoir son chauffeur, son coach, son chef, pourquoi pas un Dj ?

INfluencia : question classique pour commencer, qu’est-ce qui vous a poussé personnellement, au vu de vos parcours respectifs à créer cette application ?

Cathy Guetta : déjà nous sommes associés depuis une dizaine d’années chez My Love Affair, qui est une société de consulting et de branding, donc nous avions l’habitude de travailler ensemble. Mais c’est au moment de la pandémie, quand mon activité d’organisation de fête s’est retrouvée à l’arrêt avec la fermeture des clubs que nous avons commencé à brainstormer en nous demandant simplement « comment utiliser la technologie pour épauler le monde de la nuit ? ». Nous sommes rendus compte que face aux restrictions sanitaires, hors période de confinement bien sûr, beaucoup de personnes se mettaient à organiser des soirées chez elles. Mais pour en avoir vécu pas mal, je peux affirmer que 80% d’entre elles étaient ratées (rire), tout simplement car la musique posait problème et n’induisait pas la bonne énergie. Il n’y a qu’un Dj qui peut créer les conditions d’une soirée réussie car il voit quel public il a en face de lui, quel style conviendrait le mieux à quel horaire, etc. Souvent je me disais « ce n’est pas possible, les gens dépensent des fortunes dans les boissons, la nourriture, la déco mais la fête est gâchée parce que la musique repose uniquement sur des playlists Spotify Deezer ». Si on peut avoir son chauffeur, son coach, son chef, pourquoi pas un Dj ?

Raphaël Aflalo : surtout qu’en plus de ces soirées dont parle Cathy, nous visions également les évènements corporate, type soirées de fin d’année, d’annonces des résultats, de lancements de produit… Interne ou grand public d’ailleurs. Dès le début, l’idée était de toucher les deux univers pour démocratiser le booking de Dj.

Cathy Guetta : et créer une demande ! D’une, les gens n’y pensent pas mais en plus c’est très difficile de réserver un DJ. On peut vite être amené à se demander : « lequel, où le trouver, est ce qu’il va venir… ? ».

Raphaël Aflalo : voilà, à la manière des applis des chefs à la maison qui ont vraiment créé leur propre demande. C’est pour ça que notre offre commence à 200e et que nous allons lancer d’ici peu la fonction « Dj à plusieurs » qui permettra, à la manière d’UBER, de réserver son DJ en groupe. Le tout pour ramener les DJ sur des évènements auxquels ils n’avaient pas l’habitude d’aller.

 

Dans l’univers B to B, l’impact est beaucoup plus fort car cela fait rester le consommateur plus longtemps.

IN : sans oublier qu’ils apportent une réelle valeur ajoutée aux évènements

C.G. : évidemment, ils les accompagnent, les habillent musicalement. On le voit aujourd’hui dans les hôtels, les restos… A Londres par exemple, où j’ai habité 11 ans et où Raphael vit toujours, il y en a partout ! En Espagne aussi. Ça donne un aspect moderne, cool…

R.A. : instagrammable aussi.

C.G. : oui ! Et même si on ne se met pas à danser dans un supermarché, dans une salle de sport ou dans un salon de coiffure qui aurait envie, tous les vendredis, de donner un côté plus vivant à son local, cela permet d’améliorer l’expérience client.

R.A. : le Printemps récemment, nous avons booké un DJ dans cette optique. Même dans un supermarché comme disait Cathy : je ne vais pas forcément passer devant le rayon vin s’il ne s’y passe rien mais là, avec un Dj, je vais m’arrêter, puis je vais voir le PLV avec la promotion juste derrière… Dans l’univers B to B, l’impact est beaucoup plus fort car cela fait rester le consommateur plus longtemps.

 

IN : à qui s’adresse cette application en priorité ? Avez-vous des premiers chiffres sur l’équilibre entre les réservations effectuées par des particuliers et des professionnels ?

R.A. : là, ce n’est pas représentatif car nous n’avons pas assez de recul, mais on a déjà généré trente mille euros pour quarante DJ bookés alors que l’appli en est toujours au stade de la beta. On l’a fait avant même que les gens sachent que Cathy était derrière, juste par le bouche à oreille, et nous en sommes à peu près à 80% en B to B. Le Paranormal, un gros festival qui se déroulera sur plusieurs villes autour pour la période d’Halloween, a eu recours à nos services récemment. C’est un cas intéressant parce que la plupart de ces évènements de grande ampleur annoncent des line up à trente, quarante DJ mais seulement quatre ou cinq d’entre eux sont vraiment connus et le reste ce sont des jeunes talents. Ce client a donc réservé toute cette « main d’œuvre » directement sur l’appli, ce qui lui a grandement facilité l’affaire.

C.G. : on devient finalement l’agent digital de milliers de DJ. Si un promoteur doit occuper quatre heures de son festival il faudra qu’il appelle combien d’agences pour y arriver ? Avec Djaayz il y arrive en quelques clics.

 

Pendant le confinement, on a observé une explosion de vente de matériel, beaucoup de personnes qui ont commencé à mixer dans leur coin, et l’UCPA en a grandement bénéficié.

IN : c’est ce qui vous a poussé à tisser ce partenariat avec l’UCPA ?

R.A. : exactement. tout de suite quand on a cherché des Dj, on a contacté des associations, plein de petites écoles, mais l’une des plus importantes, que l’on avait identifié tout de suite était celle de l’UCPA. On parle quand même d’une association 1901 qui compte des milliers d’adhérents, le leader de l’éducation sportive et instinctivement, alors qu’ils ne faisaient que du sport, ils se sont mis sur le djing. Ils ont aujourd’hui un diplôme reconnu par l’Etat, le seul à l’heure actuelle, délivré dans deux écoles distinctes et vont bientôt en ouvrir une troisième. Pendant le confinement, on a observé une explosion de vente de matériel, beaucoup de personnes qui ont commencé à mixer dans leur coin, et l’UCPA en a grandement bénéficié. Ils croulent littéralement sous les demandes. On a donc décidé de monter un partenariat avec eux pour accueillir et accompagner leurs diplômés et mieux les mettre en avant.

C.G. : ce qui est intéressant pour eux c’est d’avoir tout de suite une plateforme, un réseau qui les fera travailler.

 

IN : comment s’opère la sélection des profils ?

R.A. : tout le monde peut s’inscrire sur l’appli (rire).

C.G. : et on a besoin de beaucoup de DJ (rire) donc tout le monde DOIT s’inscrire (rire).

R.A. : mais par contre on les filtre. On reçoit les candidatures dans le back office qui nous permet de voir toutes les datas qu’ils ont rempli. L’unboarding dure à peu près 20, 25 mn durant lequel ils doivent renseigner leurs plateformes, leurs photos, leurs styles de musique, sur quel type d’event ils sont capable de performer, s’ils ont déjà travaillé pour des marques, leur casier judiciaire, leur passeport, toutes sortes d’informations légales essentielles, puis la partie argent où une fois qu’ils auront renseigné le coût de leurs services un bot leur dira exactement combien ir directement dans leur poche – le modèle économique repose sur un prélèvement de 20% –.

C.G. : on est vraiment là pour structurer la profession, leur faire comprendre que c’est un vrai métier.

R.A. : sur les 1700 que nous comptons dans nos rangs, la majorité n’avait pas de société. Juste en leur écrivant pour leur demander de se créer un statut d’auto-entrepreneur, ils apprennent à le faire et se rendent compte que ce n’est pas si dur. Ils apprennent à se marketer. C’est pour ça que l’appli évolue chaque jour. Par exemple on va bientôt intégrer un service qui leur permettra de se présenter en vidéo, à la Tik Tok.

 

les playlists sont parfaitement adaptées pour le quotidien, le travail, mais à partir du moment où l’on veut créer une atmosphère à un event, elles ne suffissent plus.

IN : s un article des Echos paru fin août, vous citiez la fin à venir des playlists comme l’une des raisons qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure. Pouvez-vous m’en dire plus ?

C.G. : les playlists ont évidemment une grande utilité mais il ne faut pas se tromper dans leur utilisation. Pour son quotidien, pour le travail elles sont parfaitement adaptées mais à partir du moment où l’on veut créer une atmosphère à un event, elles ne suffissent plus.

R.A. : dans le B to B, souvent on passe par des agences qui vont créer des playlists mais il faut constamment les mettre à jour. Jamais ces structures pourront faire mieux qu’un DJ présent physiquement à l’évènement et qui sera mieux à même de jauger son public.

C.G. : la playlist ne permet pas de faire danser les gens où même de les faire rester. Un Dj qui sera booké pour un simple diner pourra même, au fil de la soirée, faire lever les convives de leur siège.

 

IN : une fois que l’appli sera sur des rails, pourrions-nous imaginer une synergie avec ce que vous proposez chez My Love Affair qui vous permettrait de dénicher les meilleurs talents pour ensuite les accompagner ?

En cœur : complètement !

R.A. : c’est aussi un concours de circonstance. A travers notre activité chez My love affair, qui nous amène à travailler avec des David Guetta ou des DJ Snake, nous avons régulièrement des marques qui nous contactent pour des Dj à mille, deux milles euros. Maintenant on peut les renvoyer sur l’appli et ne plus passer à côté de ces contrats. Donc oui : nous voulons découvrir de nouveaux talents. C’est pour ça que nous allons créer rapidement un département management parc qu’on sait que de gros agents vont essayer de signer nos artistes, comme ils le font déjà sur Soundcloud, Tik Tok etc.

C.G. : surtout que l’on aura les retours clients qui nous permettront d’établir des classements qui feront ressortir les Dj les plus côtés.

R.A. : certains auront démarré dans un petit anniversaire dans leur village et puis ils pourront se retrouver à Paris dans un club et ensuite Ibiza, Las Vegas…

 

 

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