15 juin 2020

Temps de lecture : 3 min

Moi, Brian, sans abri… sélectionné par la Station F et immortalisé….

SANS A_ lance son premier documentaire. Réalisé par Guillaume Estivie, Street-Fighter raconte le parcours de Brian, un ancien sans-abri de 23 ans qui a su rebondir pour créer sa start-up, aujourd’hui incubée à la Station F. Avec cette série inédite, l’agence parisienne entend changer le regard que l’on porte aux sans-abris.

SANS A_ lance son premier documentaire. Réalisé par Guillaume Estivie, Street-Fighter raconte le parcours de Brian, un ancien sans-abri de 23 ans qui a su rebondir pour créer sa start-up, aujourd’hui incubée à la Station F. Avec cette série inédite, l’agence parisienne entend changer le regard que l’on porte aux sans-abris.

À 23 ans, Brian a déjà connu la rue à deux reprises. Famille instable, décès, ruptures… Il aurait pu se perdre. Mais sa force d’esprit l’a poussé à rebondir en se lançant corps et âme dans l’aventure entrepreneuriale. Brian fait désormais partie des 3% sélectionnés à Station F pour le Fighters program d’une année, où il est incubé pour sa start-up LinesDude. Son idée est simple comme bonjour : offrir un service qui permet, à Paris et dans la petite couronne, de faire appel à d’autres personnes pour attendre à votre place dans les files d’attente. Un projet qui vise à l’accomplissement d’un objectif : la réinsertion économique et sociale des sans-abris.

Une dizaine d’entre eux sont suivis par les équipes de LinesDude en partenariat avec des associations afin de leur permettre de se réinsérer. Un toit, des vêtements et un smartphone leur sont fournis ainsi qu’une formation afin qu’ils puissent obtenir un contrat de travail et se réintégrer. Résilience monstrueuse, bagout hors norme, pour Sans A_ Guillaume Estivie prend les commandes de cette histoire rocambolesque en 5 épisodes de 5 minutes chacun, intitulée Street-Fighter. « Comme une série de laquelle on ne décroche pas, la vie de Brian se raconte en épisodes. On y reste accroché.e jusqu’à la dernière seconde », explique Martin Besson, le fondateur de SANS A_.

Life of Brian

Guillaume Estivie qui a donc suivi Brian pendant plusieurs jours, est un réalisateur rompu aux films sociaux. Toujours porté par son envie de raconter des histoires inédites, Guillaume Estivie s’est attaché à donner la parole à celles et ceux qui critiquent le système carcéral, ou à donner la parole à des dizaines de personnages aux quatre coins du monde grâce à sa série Taxi Show, diffusé sur France 5. De Paris à Rio en passant par Guéret, sa ville natale, ce quarantenaire transporte sa caméra et son oeil de réalisateur de docu avec la même envie depuis 15 ans, celle de raconter la vie des autres. « C’est ce qui me correspond le mieux depuis le début : mettre en valeur les gens que l’on voit peu ou sur lesquels on pose un regard peu bienveillant. En les connaissant mieux, on peut alors changer ce regard », explique-t-il.

Trois jours de tournage environ ont été nécessaires à la réalisation de la série Street-Fighter. Pour Guillaume Estivie, qui a déjà travaillé avec SANS A_ à plusieurs reprises, ce portrait était particulier. D’abord, parce que c’est sa première série, mais aussi parce que le réalisateur a dû s’adapter à son sujet : « Avec Brian, il a fallu raconter son parcours a posteriori, maintenant qu’il s’en est sorti. De son passé dans le sud, où les galères ont commencé, il n’a rien, pas aucune photo. J’ai dû ruser pour trouver des images poétiques parce qu’on n’avait pas accès à tout ce que j’aurais aimé avoir », poursuit-il.

Une communauté engagée pour agir

Depuis sa création, les lecteurs de SANS A_ agissent directement​ pour que ces histoires continuent de s’écrire. S’ils ont été touchés par son histoire, ils peuvent apporter leur soutien à Brian en lui envoyant tout simplement un message, ou même en l’aidant concrètement à réaliser ses rêves : voir les aurores boréales, revoir sa famille, régler ses dettes de galère, apprendre l’anglais etc. « Brian c’est un mec qui lâche rien. Brian c’est peut-être un futur grand entrepreneur. Et j’ai envie de l’aider. Brian c’est aussi un mec qui a eu peur. Mais c’est quoi la peur de lancer une idée par rapport à la peur d’une vie dans la rue sans aucune visibilité ? Crochet gauche, crochet droit, uppercut, Brian n’est pas encore dans les cordes, il a décidé de taper dans le mille, et de rendre visibles ceux qui, comme lui, étaient dans l’ombre », conclut Martin Besson.

Le rêve d’après

Brian a beau nous inspirer par son parcours de vie hors du commun, force est de constater que le mythe du self made man suscite de plus en plus d’appréhension chez nos contemporains. Là où le mot d’ordre était généralement de « réussir à tout prix », les crises économiques et écologiques de ces dernières années -voir décennies- nous poussent à nous demander « … mais à quel prix ». Même nos voisins outre-atlantique, qui restent les géniteurs de ce concept fortement lié à leur american dream, ne veulent plus avaler la couleuvre. Une situation on ne peut plus compréhensible quand l’on sait que 70% des américains annoncent vivre dans une forme de détresse financière, selon un sondage publié par Forbes en novembre 2019. Soit même avant la crise sanitaire. Au grand dam d’Emmanuel, les jeunes générations ne sont pas près de rêver au milliard.

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