24 octobre 2018

Temps de lecture : 3 min

Micro-Mobilité, maxi-anarchie

Trottinettes électriques, gyroues, hoverboards, gyropodes… Les engins de déplacement personnel n’ont jamais été aussi nombreux. Le temps est venu de mettre de l’ordre sur ce marché.

Trottinettes électriques, gyroues, hoverboards, gyropodes… Les engins de déplacement personnel n’ont jamais été aussi nombreux. Le temps est venu de mettre de l’ordre sur ce marché.

Il est rare pour ne pas dire exceptionnel de voir les professionnels d’un secteur demander aux pouvoirs publics d’imposer de nouvelles réglementations. Les spécialistes de la « Micro-Mobilité » ne souhaitent pourtant rien d’autre. Il suffit de se promener pendant quelques minutes dans les artères des grandes métropoles françaises pour les voir surgir à chaque coin de rue. Trottinettes mécaniques et électriques (depuis peu interdites de circulation sur les trottoirs), gyroues, hoverboards, gyropodes, skateboards électriques… Ces nouveaux moyens de locomotion urbains sont partout.

1,73 million d’EDP vendus en 2017

Fondée il y a tout juste un an, la Fédération des Professionnels de la Micro-Mobilité (FP2M) vient de publier avec l’expert Smart Mobility Lab son tout premier Baromètre de ce marché dans l’hexagone. Les chiffres révélés par cette enquête ont de quoi donner le tournis.

L’an dernier, plus de 1,73 million d’engins de déplacement personnel (EDP) ont été vendus en France. Les trottinettes mécaniques et autres skateboards « traditionnels » représentent plus des trois-quarts de ce marché en volume mais les véhicules électriques connaissent un succès grandissant avec 402 386 unités vendues en 2017 contre 121 341 l’année précédente, soit une hausse de… 232%. En valeur, l’électrique représente déjà 61% de part de marché (CA : 119,5 M€) contre 39% pour le mécanique (CA : 75,6 M€).

Les professionnels sont surpris de leur succès

Ces chiffres ont pris de court les professionnels du secteur. « Les estimations les plus optimistes concernant les ventes de trottinettes électriques ne dépassaient pas 50 000 unités alors notre étude montre que près de 102.000 engins ont été livrés l’an dernier », reconnaît Grégoire Hénin, le vice-président de la FP2M et le PDG pour la France de la marque suisse de trottinettes Micro. Ce succès est venu presque trop rapidement car ces modes de transport ne sont aujourd’hui soumis à aucune réglementation précise.

Les EDP doivent-ils circuler sur les trottoirs, dans les pistes cyclables ou au milieu des automobiles ? Le flou est total. Le port du casque, la présence de lumières à l’avant et à l’arrière, la vitesse maximale… rien n’est imposé ou limité. « On voit des trottinettes capables de rouler à 40 km /h ce qui est bien trop dangereux », juge Grégoire Hénin « C’est pour cette raison que nous souhaitons la mise en place d’une réglementation plus stricte. Nous voudrions notamment que le législateur crée une nouvelle catégorie dans le code de la route pour qu’il reconnaisse les EDP. Les pouvoirs publics entendent nos revendications. J’ai déjà rencontré des membres du gouvernement, de l’Assemblée nationale et du Sénat ».

Assurance obligatoire

Aujourd’hui, chacun travaille un peu de son côté. La Fédération française de l’assurance rappelle, à qui veut l’entendre, que les engins motorisés doivent obligatoirement être assurés. « Si vous blessez un piéton avec votre engin de déplacement personnel motorisé alors que vous n’êtes pas assuré, le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires (FGAO) interviendra pour indemniser la victime mais il se retournera contre vous pour récupérer les sommes versées à la victime, majorées de 10 % », prévient la FFA. Une assurance pour un EDP peut éventuellement être incluse dans une garantie de responsabilité civile vie privée mais c’est encore rarement le cas. Dans le cas contraire, le particulier doit souscrire un contrat d’assurance spécifique. Le géant Allianz propose un tel produit tout comme Luko. Le risque est réel. En un an, le nombre d’accidents impliquant de nouveaux véhicules électriques individuels (NVEI) a bondi de 23%. L’Etat semble toutefois avoir abandonné l’idée d’imposer la création d’une carte grise pour ces engins.

Chaque pays en Europe fait cavalier seul sur ce dossier. Les trottinettes électriques sont aujourd’hui interdites dans les rues piétonnes de Barcelone alors que la Suisse les autorise sur les pistes cyclables mais pas sur les trottoirs. « Nous souhaiterions créer une norme européenne pour simplifier tout cela », préconise le vice-président de la FP2M. Il y a urgence…

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