25 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

Les mots à connaître en 2024 : Urban Disciples

Tout au long du mois de janvier, Florence Hermelin (Unlock Potentials) se penche, pour INfluencia, sur les mots qui marqueront 2024. Aujourd’hui : les Urban disciples.

2024 est et restera à jamais attachée pour les Français au grand retour, après 100 ans d’absence, des Jeux Olympiques à Paris. Une occasion en or pour son Comité de moderniser son image en s’ouvrant à de nouvelles disciplines, comme le skateboard ou le breaking, qui présentent la caractéristique commune d’être des sports innovants, à forte dominante urbaine, avec une communauté jeune très active sur les réseaux sociaux.

 

Cette vitrine est le juste reflet de l’évolution de la pratique du sport par des citadins en quête d’expériences plus libres, puissantes et spontanées dans un cadre contraint qu’il faut réapprivoiser. Selon le Ministère des Sports, près de la moitié des pratiques sportives se déroule en dehors d’un cadre organisé par les fédérations, avec 5 fois plus de pratiquants réguliers non licenciés. Les Français préfèrent aujourd’hui majoritairement pratiquer seuls pour pouvoir s’organiser avec flexibilité et surtout gratuitement.

les racers, qui souhaitent encore participer à des compétitions et les free lancers, qui proposent des figures libres seuls ou dans des battles, sans règles.

Si la marche, la course et le vélo demeurent les sports urbains les plus pratiqués jusqu’à aujourd’hui, il est intéressant de noter la dynamique de réinvention de sports tout aussi classiques, dans une optique d’adaptation à l’environnement comme de séduction de nouveaux pratiquants autant que de followers. Car si l’on sait que les sensations du sport peuvent se vivre aussi très intensément par procuration devant un écran et servir de déclencheur à une pratique ultérieure, l’époque propose désormais d’initier plus rapidement et sans frais les individus grâce aux tutos délivrés par les meilleurs et les conseils de la communauté. Des sports pratiqués plus librement qui peuvent s’apprécier à deux niveaux : les racers, qui souhaitent encore participer à des compétitions et les free lancers, qui proposent des figures libres seuls ou dans des battles, sans règles.

 

Ainsi, les sports traditionnels se sont renouvelés avec le five (foot à 5×5), le basket 3×3, l’escalade urbaine, le padel, le spikeball (volley avec un petit trampoline), la glisse urbaine (skate, roller acrobatique, trottinette, ski urbain), le BMX de rue, le polo à bicyclette, le golf urbain, le tricking (art martial mixant taekwondo, gymnastique, capoeira et breakdance), l’Hyrox (nouveau fitness entre running et crossfit) ou encore le speedminton, une des principales tendances sur Pinterest cette année (un dérivé du badminton qui se pratique avec des raquettes plus courtes, dans des endroits insolites, sans délimitation de terrain, ni nombre de joueurs imposés).

 

Pensés depuis la rue, certaines nouvelles disciplines s’approprient totalement l’architecture urbaine pour mêler sensations et plaisir du jeu. Le plus bel exemple est, sans nul doute, le Parkour qui allie dans une course urbaine, les sauts, les acrobaties et autre franchissement d’obstacles naturels. Avec ses plus de 40 milliards de vues seulement sur Tiktok, ce sport générationnel pourrait bien faire son entrée aux JO de Los Angeles en 2028. En attendant, il se démocratise avec déjà des milliers d’adeptes et des pratiques dérivées comme le chase tag (jeu du chat et la souris dans un parcours parsemé d’obstacles) ou le street workout (musculation en extérieur qui utilise des figures du parkour). D’autres nouveautés comme le trickshot (tirs spectaculaires très précis dans des espaces très réduits) ou le voguing (mouvements de danse amples et angulaires du corps) rassemblent des communautés très importantes avec l’ambition de détourner ou se jouer des codes, jusqu’à célébrer la diversité dans toutes ses acceptions.

L’idée est évidemment de populariser des pratiques qui résonnent avec l’époque mais sans y perdre son identité underground et sa liberté d’exercice.

Cette nouvelle légitimité issue de la culture urbaine n’est pas sans poser problème au moment de revendiquer une place au sein du monde sportif, très structuré dans ses règles et organisations, afin de pouvoir évaluer la performance des athlètes et leur assurer une plus grande visibilité. L’idée est évidemment de populariser des pratiques qui résonnent avec l’époque mais sans y perdre son identité underground et sa liberté d’exercice. Des compromis que certains sports ont réussi à trouver, comme le breaking présent pour la première fois aux JO de Paris mais qui demeurent encore à la merci des comités organisateurs (la discipline est déjà supprimée des JO 2028) et au difficile agencement de fédérations dédiées.

 

Au-delà, ces nouvelles pratiques exercent une influence sur la manière dont la ville est désormais pensée et valorisée, comme levier d’attractivité de publics plus jeunes ou de touristes d’un autre genre. Ces nouveaux espaces libres imaginés, avec une architecture plus invitante, permettent à des urbains isolés de finalement se réinscrire dans un commun revisité. Une façon différente de partager les valeurs du sport qui fédère et transcende, tout urbain soit-il !

En savoir plus

Depuis plus de 20 ans, Florence Hermelin s’attache à restituer l’air du temps et accompagner les entreprises dans leurs transitions grâce à ses analyses stratégiques, prospectives et sectorielles. Elle a fondé et dirige Unlock Potentials, une société de conseil prospectif et de coaching stratégique au service des entreprises.

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