7 avril 2022

Temps de lecture : 5 min

« L’économie de la passion », un concept séduisant mais irréaliste…

Une étude conduite par l’institut Onepoll met en lumière l’avènement de ce que plusieurs économistes appellent déjà la passion economy. Les Français seraient de plus en plus nombreux.ses à vouloir pratiquer une deuxième activité professionnelle, plus en accord avec leurs passions et la réalité de leur portemonnaie. La formule est porteuse… mais pas forcément promise à tou.te.s.

A l’orée de l’âge adulte, au moment de conclure notre formation professionnelle et/ou académique, nous avons toutes et tous été confrontés au plus grand dilemme existentiel de notre vie : choisir entre nos hobbies, perçus trop souvent comme futiles par nos ainés, et une activité professionnelle jugée socialement comme étant plus sérieuse. On simplifie à peine. Un choix cornélien entre hobbies et travail de moins en moins pertinent à mesure que nous rentrons dans l’ère de la bien nommée « économie de la passion ». En 2020, Adam Davidson, créateur du podcast à succès Planet Money, publiait son ouvrage The passion Economy, The New Rules for Thriving in the Twenty-First Century qui allait grandement populariser le concept. Selon le journaliste américain, qui travaille également pour le New York Times et le New Yorker, de plus en plus de personnes cherchent à transformer leurs passions en sources de revenus et à s’affranchir de l’injonction à la standardisation, notamment grâce aux nouvelles plateformes de monétisation.

Un nouveau paradigme qui semble, de prime abord, reposer sur les mêmes fondements que ceux de la gig economy : la monétisation de votre temps et de vos compétences. Mais pour Adam Davidson, il existe certaines différences clés. Comme l’explique l’auteur, la gig economy ne met pas assez l’accent sur l’individu et pousse ses adeptes, les travailleurs indépendants, à compromettre leur salaire en faveur de leur poste. Tout l’inverse de l’économie de la passion telle que l’a défini l’auteur, qui s’appuie d’abord sur la monétisation de vos compétences et non de votre temps. Elle offrirait ainsi à tout le monde une plateforme pour être soi-même. C’est beau… mais pour l’instant pas très clair.

 

 

Aucun virus ne peut nous stopper

Au début, ces entrepreneurs étaient des blogueurs parmi d’autres. Puis, la génération suivante s’est mise à monétiser ses talents sur des sites comme Fiverr, Freelancer, ou Upwork, et ils sont devenus YouTubeurs et influenceurs. Désormais, ces entrepreneurs sont éditeurs de newsletters payantes, infopreneurs, formateurs ou même profs et vivent de leur passion en s’adressant à une niche ciblée et fidèle. Avec la pandémie, cet élan a connu une accélération. Bien loin de mettre en berne l’esprit d’entreprendre des Français, la crise sanitaire a cristallisé l’envie, la nécessité peut être, de donner davantage de sens à sa vie.

Le rapport annuel 2021 de l’INSEE sur les créations d’entreprises en France témoigne ainsi d’un nouveau record, à hauteur de +4 % en 2020 par rapport à 2019. Pour faire la lumière sur ce changement de paradigme économique, Vista a missionné l’institut OnePoll afin de mener une étude auprès de 2 000 Français du 22 au 25 mars 2022 dernier. Sans surprise – ou alors toute l’intro aurait été hors sujet –, les résultats nous montrent que 70 % des Français souhaitent transformer leur passion en activité complémentaire, et seraient déjà près de 1 sur 5 à avoir franchi le pas. 25 % d’entre eux seraient des hommes, et 15 % des femmes, avec un profil plutôt jeune – respectivement 23 % et 28 % des 18-24 et 25-34 ans –.

Sabine Leveiller, General Manager de Vista France, analyse : « Malgré la crise, les Français n’ont pas cessé d’entreprendre. Avec cette étude, nous avons souhaité comprendre dans quelles mesures ils avaient transformé leurs hobbies en véritable activité complémentaire. S’ils sont près de 20 % à avoir déjà franchi le pas, on se rend compte que ces nouveaux chefs d’entreprise peuvent être vite perdus, que ce soit sur l’aspect légal et réglementaire, mais aussi sur la manière de promouvoir leur entreprise. Ils sont en effet près de 20 % à ne pas savoir quel type de marketing plaira à leurs clients, et 18 % éprouvent des difficultés à mettre en place une communication digitale efficace. On remarque que c’est une population qui a des besoins plus importants d’accompagnement, notamment sur la conception de leur identité graphique ou la création de supports et contenus, et Vista est là pour les accompagner ».

 

Money, pleasure and Rock’n’Roll

Pourtant, il serait malhonnête de mentionner le seul l’épanouissement personnel comme moteur de cette quête d’une activité secondaire. Si enrichissante soit-elle. 75 % des Français interrogés estiment que la génération d’aujourd’hui a besoin d’une activité en plus d’un emploi à temps plein pour améliorer sa situation financière. L’étude démontre qu’un tiers des sondés ont déjà – ou ont eu – une activité complémentaire en plus de leur emploi principal, leur permettant de dégager un revenu mensuel moyen de 672 € – 8 064 € par an – pour 10h par semaine qui y sont consacrées. Rien d’étonnant à ce que l’aspect financier soit le premier moteur de cette aventure entrepreneuriale. Figure ensuite le besoin « d’éprouver du « plaisir » et mettre du sens à faire ce que l’on fait ». 34 % déclarent que c’est aussi pour faire quelque chose qu’ils aiment, et 31 % pour poursuivre leur passion. Encore une fois, les plus jeunes se démarquent puisque 40 % des répondants ont entre 18 et 24 ans. Enfin, 24% des sondés expliquent vouloir tirer davantage parti de leurs acquis dans leur nouvelle activité. Des passions qui se déclinent ainsi :

 

 

Avec quelques différences entre les femmes et les hommes :

 

 

Tiraillé entre la volonté d’entreprendre et la peur de l’échec

Pour un tiers des sondés, il est plutôt facile de créer sa TPE ou sa PME en France. Un Français sur 3 affirme même que la pandémie les a rendus plus déterminé.e.s à démarrer leur propre entreprise. Ils sont aussi 33 % à déclarer qu’ils seraient plutôt, voire très confiants sur le succès de leur activité complémentaire s’ils la lançaient aujourd’hui. Autre donnée digne d’être mentionnée : 58 % de celles et ceux qui ont déjà une activité complémentaire ont déjà quitté leur emploi dans les 12 prochains premiers pour y consacrer plus de temps, ou prévoient de le faire. Pourtant, ils sont 41 % à craindre de sauter le pas et 66% à affirmer ne pas savoir par où commencer. Parmi les obstacles identifiés au démarrage d’une activité, on retrouve le manque de fonds nécessaire, l’absence d’informations sur la manière de démarrer son activité, le méconnaissance des exigences légales – fiscalité et autres – et lea fameuse confiance en soi qui fait défaut, ex aqueo avec le manque de temps. Des taches sur lesquelles Vista propose de les accompagner. Pas folle la guêpe.

 

Quel positionnement adopter ?

Mais faut-il se laisser bercer, sans une once de résistance, par ces beaux discours qui nous promettent un avenir réjouissant, à la fois sur le plan personnel et professionnel ? Le rêve d’une autonomie financière générée uniquement par notre créativité peut s’avérer brutalement faux. Il ne faut pas se leurrer :  transformer sa passion en un moyen de subsistance relève de l’auto-exploitation. Autrefois, les travailleurs vendaient leur travail, aujourd’hui, les travailleurs passionnés vendent leur imagination et leur créativité. Le modèle du travail passionnel n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle réorientation économique promise aux secteurs privilégiés de la société et qui semble déjà exclure tous les gens sans capital social, intellectuel, culturel ou créatif. Sur le papier, rien de très égalitaire. Alors pour les plus chanceux.ses d’entre vous, profitez bien de vos études et des acquis que vous obtiendrez. Là n’est pas le temps des choix et des regrets.

 

 

 

En résumé

Qu’est ce que « l’économie de la passion » ? Une étude menée par Onepoll pour Vista nous en dit plus.

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