5 janvier 2023

Temps de lecture : 3 min

L’économie circulaire est en passe de transformer nos smartphones et nos ordinateurs

Alors que le poids des déchets électroniques ne cesse d’impacter, chaque année, notre environnement, ces douze prochains mois pourraient bien entrainer un changement de paradigme dans notre manière de concevoir et de commercialiser les produits technologiques. Espérer pour ne pas trop déprimer.

Selon une étude publiée sur Statista en octobre dernier, plus de 60 millions de tonnes de déchets électroniques devraient être produites au cours de l’année qui s’annonce. Selon les statistiques, plus de 80 % de ces déchets ne seront pas recyclés correctement, un lourd tribut que notre planète n’est plus en mesure de régler. Bien évidemment, les produits informatiques – tant le clavier que l’écran ou la souris – et les smartphones jouent un rôle déterminant dans ce phénomène. Il suffit de retenir qu’au moins 5,3 milliards de smartphones ont été jetés à la poubelle en 2022. Pourtant, grâce aux préceptes de l’économie circulaire, 2023 pourrait également marquer un tournant écologique dans leurs process de production, l’objectif étant de les rendre bien plus durables qu’auparavant.

Comme l’explique Stanton Thomas, Senior Vice President, Sustainability Solutions de o9 Solutions, l’un des principaux éditeurs de solutions d’IA pour transformer la planification et la prise de décision des entreprises : « Sur les grands marchés comme l’Europe, les consommateurs recherchent des produits plus durables et à longue durée de vie ». Des produits plus durables qui entraîneront probablement dans les années à venir une baisse du volume des ventes en raison de « taux de remplacement plus faibles ». Un élément dont les fabricants devront tenir compte dans leurs modèles économiques, car ces types de compromis économiques, avance Stanton Thomas, devraient marquer « la transition vers une économie durable et circulaire ».

 

Les axes vertueux se multiplient…

Un mouvement qui ne date même pas d’hier – …mais pas d’une semaine non plus –. Les fabricants s’efforcent déjà de faire durer leurs produits technologiques plus longtemps et donc de laisser de côté leur bonne vieille obsolescence programmée. Les raisons de ce revirement idéologique sont toutes trouvées : la pression exercée par les différentes associations, l’évolution du comportement des consommateurs et la récente législation relative au droit de réparation en Europe. Cela explique notamment le déploiement par Apple d’un système de réparation en libre-service dans ses magasins et le partenariat tissé entre Samsung et Google avec iFixit pour leur fournir des pièces détachées.

 

 

Matthew Cockerill, fondateur et CEO de CKBK et consultant en innovation avance même que « ces forces vont commencer à façonner l’architecture même de nos produits technologiques et la manière dont ils sont vendus, entretenus et recyclés, tout en changeant nos comportements à l’égard de certains de nos produits technologiques déjà établis ». Mais au-delà de la durabilité et de la réparation des produits, c’est bien le développement de leur reconditionnement qui devrait nous permettre de faire un bond de géant en avant.

 

… pour des résultats qui se font déjà ressentir

Et s’il y a une personne susceptible de savoir de quoi elle parle dans ce domaine, c’est bien Thibaud Hug de Larauze, PDG et cofondateur de Back Market. Interrogé par TNW, il l’affirme : « La revente de produits à des reconditionneurs prolonge la vie de la technologie en général, car ces produits peuvent ensuite être réparés par des professionnels et revendus ». Pour lui, le recyclage n’est tout simplement « pas encore assez avancé » pour sauver toutes les pièces d’un appareil. Une autre donnée essentielle qui laisse présager du rôle déterminant que s’apprête, et joue déjà, le reconditionnement dans la tech est le regain d’intérêt des consommateurs eux-mêmes pour les appareils reconditionnés.

Selon une étude menée par Happydemics pour le compte du reconditionneur français YesYes, entre 2020 et 2021, il s’est vendu en France 3,1 millions de smartphones reconditionnés, un chiffre en hausse de 20 % d’une année sur l’autre. Selon les prévisions, le marché mondial de l’électronique reconditionnée devrait progresser à un taux de croissance annuel de 12,1 % entre 2022 et 2031. Un changement de paradigme qui gagne depuis peu les gros fabricants – étasunien et chinois – de la tech, après n’avoir été motivé que par le progrès at all cost pendant des décennies.

 

 

Des moyens complémentaires

Pourtant, alors que la tendance est à la hausse pour les produits technologiques remis à neuf, certains consommateurs demeurent hésitants en raison des attentes en matière de performances optimales et du simple sentiment de vouloir quelque chose de « neuf et brillant », comme l’a déclaré Peter Bragg, directeur du développement durable et des affaires gouvernementales de Canon pour la région EMEA. Pour lui, l’action de remettre à neuf est le « chaînon manquant » des pratiques d’économie circulaire, car elle permet de conserver autant que possible l’ancien appareil dans sa forme originelle et de le reconstruire pour qu’il fonctionne comme un nouveau produit.

Il s’agit d’une amélioration par rapport à la remise à neuf « grâce à l’accent mis sur les performances et aux tests approfondis qui garantissent que les consommateurs reçoivent entre les mains quasiment un nouveau produit. Il ne s’agit pas de se contenter d’une simple prolongation de la durée de vie d’un appareil existant ». De cette façon, elle peut également répondre à la demande des consommateurs pour des produits neufs et de haute qualité, tout en réduisant leur impact environnemental. In fine, ce sont les utilisateurs qui ont les cartes en mains pour continuer à remodeler une industrie extrêmement énergivore… ou la laisser s’empêtrer dans ses dérives. Tout a un prix, dans la tech comme dans la vie.

 

 

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