13 février 2024

Temps de lecture : 4 min

Le Super Bowl divise l’opinion après la diffusion de plusieurs publicités pro-israéliennes

Ce week-end se tenait à Las Vegas l’édition 2024 du Super Bowl. Au milieu des touchdowns, des sourires de Taylor Swift, et des habituelles campagnes de marque, les téléspectateurs ont eu la surprise de visionner toute une série de spots visant à les sensibiliser à la question des otages détenus par le Hamas. Était-ce seulement le bon moment pour le faire ?

Super Bowl
La finale du Super Bowl 2024

Ce week-end se tenait l’édition 2024 du Super Bowl, la grand-messe annuelle du football américain qui a vu les Chiefs de Kansas City remporter leur deuxième titre d’affilée face aux 49ers de San Francisco sur le score de 25 à 22. Au milieu des touchdowns, des gros plans de Taylor Swift venue encourager son compagnon et star de l’équipe victorieuse, Travis Kelce , les téléspectateurs ont eu droit à une flopée de spots mettant en lumière la question épineuse des otages toujours détenus par le Hamas.

La Direction nationale de la diplomatie d’Israël a ainsi diffusé plusieurs vidéos visant à « sensibiliser le public aux 136 otages qui restent en captivité aux mains du Hamas ». Cette campagne, financée directement par le gouvernement israélien, donc, a été diffusée sur Paramount +, via des dispositifs DOOH dans plusieurs villes du pays, et sur des sites Internet consacrés au sport et à l’actualité, a rapporté le Times of Israel.

 

 

 

Une volonté de (re)sensibiliser l’opinion plus que logique alors que la popularité d’Israël s’effrite au fur et à mesure que le nombre de  morts gazaouis augmente. La plupart des dirigeants qui avaient défendu le droit d’Israël à se défendre après l’attaque du 7 octobre conduite par le Hamas condamnent désormais ouvertement les plus de 30 000 morts causées par Tsahal. Dans ce contexte, cela ne peut pas faire de mal de jouer à fond la carte de l’émotion.

 

Une image vaut mieux qu’un long discours

L’une des vidéos, qui ne dure que 15 secondes, comporte le texte suivant : « 136 sièges sont encore disponibles pour le match de dimanche. Un pour chaque otage israélien détenu par le Hamas ». En guise de conclusion, la vidéo affiche #BringThemHomeNow ».

Dans une autre vidéo publiée, intitulée « Ramenez tous les pères à la maison », le narrateur s’adresse aux pères retenus en otage par le Hamas en montrant des images de certains d’entre eux actuellement en captivité. « À tous les pères. Les plus drôles. Les idiots. Les forts. Les aventuriers. À tous les pères retenus en captivité par le Hamas depuis plus de 120 jours : nous promettons de vous ramener à la maison ». La vidéo finit quant à elle sur #BRINGALLDADSBACKHOME.

Un ton humoristique qui peut surprendre

Mais la prise de parole la plus commentée du lot concerne sans aucun doute le spot produit par le Forum des familles d’otages et de personnes disparues, un organisme créé directement par les familles des personnes enlevées le 7 octobre dernier. Ce dernier met en scène l’acteur Michael Rapaport, un soutien de longue date d’Israël à la langue bien pendue – qui s’était révolté il y a peu contre la cérémonie des Golden Globes pour avoir passé sous silence la question des otages israéliens –, le clip en question vante les mérites d’une mystérieuse application dénommée Lifeshiftr.com.

Après une introduction singeant ouvertement les spots publicitaires des grandes entreprises de la tech, l’acteur révèle qu’il s’agit en réalité d’un site web qui permet aux internautes d’envoyer automatiquement un courriel à leurs représentants politiques pour réclamer leur soutien à la libération des otages. Le tout dans une tonalité humoristique qui peut surprendre quand on connait la gravité de la situation abordée : « Alors utilisez l’application, n’utilisez pas l’application, je m’en fous, mais appelez vos représentants ! Faites-le maintenant, faites-le pendant un touchdown, faites-le pendant la mi-temps, je m’en fous mais ramenons-les à la maison maintenant ! », déclare ainsi l’acteur.

Selon un représentant du Forum, le brief de la campagne était littéralement « d’imiter dans leur forme, les spots publicitaires diffusés habituellement pendant le Super Bowl » afin de profiter de l’emballement médiatique pour atteindre de nouveaux publics qui ne disposeraient pas d’informations à jour sur cette question. Outre M. Rapaport, les familles des otages apparaissent également dans la campagne publicitaire, d’abord comme des consommateurs satisfaits, avant de se révéler comme étant des parents dont les proches sont retenus en captivité à Gaza.

 

Un timing qui pose question

Comme on pouvait s’y attendre, la diffusion de ces spots à une heure – de très – grande écoute a provoqué une certaine agitation parmi les militants pro-palestiniens, qui n’ont pas hésité à se rendre sur X pour exprimer leur mécontentement. Un post largement repris -« pendant que les Américains regardent le Super Bowl et se nourrissent de la propagande israélienne, Israël commet des crimes de guerre à Gaza en attaquant Rafah la nuit dernière ». Une critique qui nécessite forcément un peu de contexte.

Ce lundi 12 février, tôt dans la matinée, Israël informait la communauté – médiatique – internationale de la libération de deux otages Israélo-Argentins détenus à Rafah, « ultime cible affichée de son offensive dans la bande de Gaza », rappelle à l’occasion l’AFP dans son communiqué. « Il s’agissait d’une opération de sauvetage complexe, sous le feu des tirs au cœur de Rafah, basée sur des renseignements extrêmement sensibles et précieux provenant de la Direction du renseignement militaire et du Shin Bet », s’est immédiatement félicité Daniel Hagari, un porte-parole de Tsahal.

 

 

Le ministère de la Santé du Hamas s’est, quant à lui, empressé de communiquer sur la centaine de morts – dans leur rang – qu’avait causé cette vaste opération nocturne dans une ville où cohabitent tant bien que mal désormais 1,4 million de Palestiniens, piégés entre l’avancée israélienne et la frontière fermée avec l’Egypte. Une opération que beaucoup de civils palestiniens présents ont vécu comme un « enfer », selon un article de France 24. Après la libération de ces deux captifs Israélo-Argentins dans la nuit de dimanche à lundi, le gouvernement Netanyahou a rappelé que 130 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts.

Dans l’espoir de protester contre cette campagne diffusée pendant le Super Bowl qu’ils estiment être de la pure propagande, les militants pro-palestiniens avaient réclamé aux téléspectateurs américains en amont du Super Bowl de boycotter tout simplement l’évènement à l’aide du hashtag TheSuperBowlMassacre. Un message qui n’est visiblement pas très bien passé : selon Nielsen Media Research, cette édition 2024 a attiré en moyenne 115,1 millions de téléspectateurs, dont environ 39 millions pour le match lui-même, ce qui représente une hausse d’environ 5% par rapport à l’année dernière. En bref, la conquête de l’opinion publique fait rage et bien malin celui qui peut prédire qui l’emportera.

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