31 mai 2022

Temps de lecture : 3 min

Le rapport du cabinet WGSN prévoit un futur proche qui met déjà l’humain à mal, et dont il va falloir se protéger.

Après la “Zoom Fatigue”, le « doomscrolling », les dépressions et les démissions liées à la pandémie, le monde va devoir se préparer à affronter le FoNo, le “Future Shock” la sur-stimulation ou la compression temporelle, à en croire le dernier rapport du cabinet de tendances WGSN. Des mécanismes accélérés par les mondes virtuels, les métavers et l’hyperconnexion, mais contre lesquels le consommateur de 2024 aura appris à réagir…

Malgré l’émergence des mondes virtuels, le développement des métavers et l’hyperconnexion toujours croissante, le cabinet de tendances WGSN prédit que 2024 marquera « le début d’une ère de réalignement – avec nous-mêmes, nos lieux de travail et la planète»… à condition de parvenir à surmonter, collectivement et individuellement, différents phénomènes qui vont impacter les consommateurs du monde entier.

Future Shock, quand les changements rapides et incessants nous paralysent

Le premier d’entre eux, le “Future Shock” – d’après l’ouvrage d’Alvin Toffler et Adelaide Farrell publié en 1970 – fait référence à l’anxiété, souvent paralysante, engendrée chez les individus par les changements sociétaux et technologiques qui s’accélèrent. « La pandémie a exacerbé ces sentiments. La guerre en Ukraine et la hausse du coût de la vie qui s’ensuit ne feront qu’aggraver ces sentiments«  explique le rapport. A ces événements géopolitiques et économiques anxiogènes, s’ajoutent aussi l’impact croissant des technologies, et notamment les effets néfastes du multitasking sur le cerveau ou le brouillage des repères entre monde physique et virtuel… 

Pire, WGSN souligne que les « early-adopters » du metaverse et des mondes virtuels commencent à vivre un phénomène de « compression du temps », qui peut conduire, en vrac, à une dissociation avec la réalité, à de l’anxiété, à des comportements addictifs et, in fine, à un “Future Shock”…

La sur-stimulation met à mal nos cerveaux

Le second phénomène évoqué est l’hyper-stimulation ou sur-stimulation, qui n’est pas sans conséquences pour nos cerveaux. Le constat n’est pas nouveau : « avec le développement de la digitalisation, des médias sociaux, du commerce électronique, des divertissements en ligne, des jeux vidéos et du streaming, les gens sont plus connectés que jamais.Mais l’intensité de nos connexions continue à augmenter. Summum de l’hyper-stimulation ? TikTok avec son flux infini de vidéos courtes. La sur-stimulation s’accompagne d’une surcharge sensorielle, c’est-à-dire que le cerveau reçoit plus d’informations qu’il ne peut en traiter. » Nos capacités d’attention, déjà en diminution, devraient continuer à décroitre.

le cerveau reçoit plus d’informations qu’il ne peut en traiter.

Pour survivre à cette surabondance d’information et de stimulations, la solution sera peut-être de pratiquer la “régulation sensorielle”, qui consiste à identifier et anticiper les stimulis avant qu’ils nous submergent. « Par exemple, en adoptant une routine de réveil « low-tech » (en n’utilisant qu’un seul appareil à la fois) ou en pratiquant des séances de travail sans son, en désactivant les notifications« .

L’optimisme tragique, une méthode de survie

Face à ces (sombres) perspectives, WGSN remet au goût du jour “l’optimisme tragique” définis en 1985 par le psychologue autrichien Viktor Frankl, un survivant de l’Holocauste. “L’optimisme tragique consiste à chercher un sens aux tragédies inévitables de l’existence humaine.” Il ne s’agit pas pour autant de faire preuve de “positivité toxique”, c’est-à-dire “faire preuve de fausse allégresse de façon excessive et malsaine, ou d’être dans un état permanent de bonheur ». Il s’agit plutôt d’adopter « une vision plus réaliste de la vie.« 

Bien que flou dans sa définition, cet optimisme tragique “sera un impératif en 2024”, alors que de plus en plus de personnes vont être amenées à gérer des syndromes de stress post-traumatiques. Un travail sur la santé mentale et le “wellness” s’impose donc, mais sans pour autant tomber dans les excès d’une quête absolue de développement personnel et du « self-improvement », qui est aussi source potentielle d’anxiété…

Cultiver le « awe », mélange de stupéfaction, d’étonnement et d’émerveillement avec cependant, une crainte en même temps

Un autre phénomène est rapidement évoqué : le FoNo, pour “Fear of Normal”, la peur du retour au monde d’avant. Son apparition est étayée par une étude Ipsos pour le World Economic Forum, menée dans 27 pays, selon laquelle 72% des gens préfèrent que leur vie change radicalement plutôt que de revenir à leur quotidien pré- Covid… Il y a la crainte que le fait de chercher à revenir à l’ancien monde entraîne la reproduction des anciens mécanismes d’oppression. […] Les gens ont tellement peur des anciens systèmes qu’ils vont chercher à en créer de nouveaux.« 

Entre la peur et l’excitation, cultiver ce “awe” réduirait l’anxiété et favoriserait l’empathie.

Pour conclure tout de même sur une note positive, WGSN se penche sur le concept de “awe”, que l’on peut traduire par un mélange de stupéfaction, d’étonnement et d’émerveillement, avec une part de crainte en même temps. Ce « awe » correspond par exemple à « l’émerveillement que nous ressentons lorsque nous rencontrons quelque chose de puissant que nous ne pouvons pas facilement expliquer. » Entre la peur et l’excitation, cultiver ce “awe” réduirait l’anxiété et favoriserait l’empathie.

ce « awe » a peut-être aidé nos ancêtres à survivre dans des environnements incertains qui exigeaient une coopération de groupe.

En effet, comme l’expliquent les auteurs du livre blanc, « le « awe » rassemble les gens et les inspire. Les scientifiques pensent que ce « awe » a peut-être aidé nos ancêtres à survivre dans des environnements incertains qui exigeaient une coopération de groupe. Outil de survie de l’humanité il y a des siècles, le « awe » est nécessaire à la croissance future, en particulier si l’on cherche à reconstruire des choses, en mieux. »

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