Le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la caissière

Bien sûr je ne suis pas contre le progrès. Bien sûr comme tout le monde, je déteste attendre aux caisses des supermarchés. Bien sûr, la première fois que je les ai vus à New York, je me suis extasiée devant la performance technologique des Amazon GO et de leurs magasins sans caisse.

Et bien sûr, je devrais donc me réjouir de l’arrivée à Paris du nouveau concept de Carrefour, le « Carrefour Flash 10/10 », à la promesse très explicite : « Dix secondes pour faire ses courses et dix secondes pour payer et sortir du magasin ». Pas besoin de sortir les articles de son sac, ni même son téléphone, pas d’application à télécharger. Pas besoin d’attendre que le client devant vous compte toutes ses pièces (si, si, il y a encore des clients qui paient en espèces !), retourne au rayon fruits et légumes car il a oublié de peser ses tomates.

On gagne du temps c’est certain. Et le petit mot chaleureux ? Le regard attendri de la caissière comme dans le spot Intermarché ? Vous ne pouvez quand même pas tout exiger. Ça sera comme ça, dans le monde que nous promet le métavers. Il va falloir s’y faire.
A moins que… A moins que la résistance s’organise et que les commerces retrouvent un peu d’humanité. Le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière, dit l’adage. Et pourquoi pas le sourire de la caissière aussi ? Comme dans les supermarchés néerlandais Jumbo qui ont déployé en Belgique et aux Pays-Bas des « caisses bavardes » destinées aux personnes qui ne sont pas pressées et qui « souhaitent discuter » à la caisse. Et pas seulement les personnes âgées, comme l’explique le patron de Jumbo, qui a été surpris lors des premiers tests, de voir le nombre de jeunes qui choisissaient volontairement la caisse parlante et qui prenaient le temps de discuter avec l’employé.

Bref, un peu d’humanité dans ce monde de brutes et de virtuel…