18 septembre 2022

Temps de lecture : 3 min

L’art, un aimant à touristes

Le tourisme culturel représenterait 40% de l’ensemble du tourisme mondial, soit près de 132 millions d’emplois. Un secteur en pleine croissance. Les destinations le savent et elles ne ménagent pas leur peine ni leurs deniers pour séduire les « culture buffs ».  Un papier à retrouver dans la Revue 40 d’INfluencia.

L’énorme coupole de 180 mètres de diamètre aussi lourde que la tour Eiffel filtre la lumière du soleil comme un gigantesque moucharabieh de métal. Abu Dhabi n’a pas regardé à la dépense pour bâtir un écrin d’exception à « son » Louvre. Sa construction aurait coûté, à elle seule, au moins 600 millions d’euros (la note finale n’a jamais été dévoilée). L’émirat va payer 400 millions supplémentaires pour avoir le droit d’utiliser la marque Louvre pendant trente ans et versera 540 millions d’euros sur vingt ans pour obtenir les conseils du bateau amiral parisien et ceux d’autres musées français comme Orsay et Versailles. Juste à côté de ce sublime édifice imaginé par Jean Nouvel, deux autres musées sont actuellement en cours de construction sur l’île naturelle de Saadiyat, qui se trouve à sept minutes du centre-ville d’Abu Dhabi. Dessiné par Sir Norman Foster, le Zayed National Museum relatera l’histoire et la vie du feu Sheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, le père fondateur des Émirats arabes unis. Son inauguration prévue en 2025 devrait coïncider avec l’ouverture du Guggenheim Abu Dhabi signé par Frank Gehry. Trois musées conçus par trois vainqueurs du Prix Pritzker, le Nobel de l’architecture… Qui dit mieux ? Plus ! Cerise (ou pastèque) sur le gâteau, l’Émirat prévoit de dépenser pas moins de 27 milliards de dollars sur cette île afin d’attirer des visiteurs du monde entier.

Le tourisme culturel représente, d’après des estimations citées par l’Unesco, 40% de l’ensemble du tourisme mondial et se porte très bien.

La circulation (des capitaux)

Les sommes avancées peuvent paraître astronomiques, mais la culture peut être un véritable pactole pour des destinations touristiques. Le tourisme culturel représente en effet, d’après des estimations citées par l’Unesco, 40% de l’ensemble du tourisme mondial et se porte très bien. Plus de 88% des 69 pays interrogés par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) dans un rapport publié en 2018 ont affirmé que ce secteur avait progressé lors des cinq dernières années et ils étaient encore plus nombreux (93,2%) à penser que cette croissance allait se poursuivre sur les cinq prochains exercices. La crise sanitaire a donné un sérieux coup de frein à ces prévisions, mais il ne fait aucun doute que notre amour pour les vieilles pierres, la musique ou la nourriture ne va pas s’estomper à cause de la pandémie. Une excellente nouvelle pour la France…

Le tourisme culturel emploie en effet 100000 personnes dans l’Hexagone et ses retombées économiques sont évaluées à 15 milliards d’euros, si l’on en croit les calculs du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance. Avec plus de 8000 musées, dont 1200 établissements labellisés « Musées de France », 1500 festivals, 44000 monuments historiques classés et inscrits, 40 sites culturels figurant sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, des milliers de parcs et jardins d’exception et des savoir-faire reconnus internationalement, l’offre culturelle et patrimoniale représente l’un des principaux atouts touristiques de notre pays. Si les autres nations n’ont pas la chance d’abriter des « pépites » comme la tour Eiffel, le musée d’Orsay, Versailles ou le Mont-Saint-Michel, de plus en plus utilisent aujourd’hui leur patrimoine pour attirer les touristes.

« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert », disait André Malraux. Elle semble toutefois aussi pouvoir s’acheter.

La raison du voyage

Plusieurs pays africains ont commencé à mettre en avant leurs cultures et leur artisanat en proposant des événements nationaux et régionaux. Les grands festivals tels que Dak-Art au Sénégal, la Biennale de la photographie des Rencontres de Bamako au Mali et le Festival d’art de rue de Chale Wote au Ghana qui ont une quinzaine d’années et le Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou au Burkina Faso, qui lui existe depuis 1969, sont aujourd’hui des rendez-vous à portée internationale immanquables pour les amateurs. D’autres nations cherchent à exciter plutôt les papilles des visiteurs. L’Émilie-Romagne, qui cultive plus de produits agricoles et viticoles d’origine certifiée que n’importe quelle autre région en Italie, propose des itinéraires culturels axés sur ses spécialités locales. Certaines villes construisent des musées pour faire venir les touristes : le musée d’Art ancien et nouveau (MONA), qui a ouvert ses portes en 2011 à Hobart en Australie, grâce au financement d’un entrepreneur privé, est devenu l’une des principales attractions touristiques de Tasmanie. D’autres municipalités n’hésitent pas à s’acheter une « marque » pour attirer les mordus d’art. Bilbao n’a jamais regretté de s’être « offert » en 1997 son musée Guggenheim puisque chaque année près de 900000 visiteurs s’y ruent. Ce succès a permis, depuis, d’ouvrir la collection Peggy Guggenheim à Venise, le Deutsche Guggenheim à Berlin et bientôt le Guggenheim Abu Dhabi.

« La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert », disait André Malraux. Elle semble toutefois aussi pouvoir s’acheter. Afin de toucher les touristes du monde entier.

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