La nomination de Geoffroy Lejeune au JDD continue de faire couler beaucoup d’encre
L’hebdomadaire continue d’être le théâtre d’une bataille acharnée entre ses journalistes et sa direction à propos de la nomination à sa tête de l’ancien rédacteur en chef de Valeurs Actuelles. Après trois semaines sans parution, le gouvernement peut-il continuer de faire la sourde oreille ?
Cela fait trois semaines que Geoffroy Lejeune, ancien rédacteur en chef de Valeurs Actuelles, a été nommé à la tête du Journal du Dimanche, future propriété du groupe Bolloré. Trois semaines de combat et de grèves menées par les journalistes de la vénérable institution médiatique – en place depuis 1948 tout de même – pour contester ce choix de leur direction qu’ils jugent contre l’esprit républicain, leur nouveau patron n’ayant jamais caché sa proximité avec plusieurs personnalités d’extrême droite, comme Éric Zemmour par exemple. Alors que le JDD rentre dans sa troisième semaine consécutive sans parution, les grévistes ont publié ce samedi 8 juillet une lettre dans le journal Ouest-France, directement adressée à Emmanuel Macron, notre « raïs à nous » :
« Viscéralement attachés à l’indépendance de notre titre, nous ne pouvons nous résoudre à ce que le JDD se transforme en journal d’opinion au service d’une idéologie extrémiste. Il y perdrait à la fois ses lecteurs, son image de sérieux et de modération, son âme ». Avant d’insister : « Cette nomination va à l’encontre des valeurs portées par notre titre depuis sa création. Si le JDD, journal de la tempérance et de l’équilibre, se met en grève, c’est que l’heure est grave ».
Un silence de plomb
Une bascule donc, qui, pour les plumes contestataires menace la profession tout entière : « Il y a urgence. (…) Au-delà de la situation du JDD, c’est l’indépendance de la presse, et des journalistes qui la font, qui est en jeu. Soit un fondement essentiel de la démocratie. C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Président de la République, de vous saisir au plus vite de ce sujet. D’abord en prenant publiquement position sur cette question décisive, puis en faisant évoluer le cadre légal. C’est une condition indispensable à une information objective et de qualité ».
Il faut dire que jusqu’à présent, le gouvernement a davantage brillé par sa discrétion, à l’exception d’un unique tweet de la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak qui regrettait d’être « privée de son rituel du dimanche ». Les rédacteurs de cette lettre ouverte regrettent « la discrétion » de l’exécutif. « La rédaction du JDD va-t-elle mourir dans le silence ? », s’inquiètent à l’unisson les journalistes.
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