1 mars 2024

Temps de lecture : 3 min

La fin du télétravail approche à grand pas

Les patrons n’en peuvent plus mais leurs salariés résistent. Le bras de fer promet d’être tendu…

L’exemple de Publicis pourrait bien faire boule de neige. En annonçant au mois d’octobre à ses 101.000 collaborateurs qu’ils ne pourraient plus, à partir du 1er janvier 2024, télétravailler plus deux jours par semaine non consécutifs et pas le lundi, le géant français de la publicité a jeté un pavé dans la mare qui risque de faire des vagues dans l’ensemble de notre petite planète de la pub, de la com et du marketing. Depuis 2022, ses salariés pouvaient bosser à raison de six semaines par an dans n’importe quel pays où le groupe fondé par Marcel Bleustein-Blanchet était présent. Mais depuis le début de l’année, les employés français ne peuvent plus participer à une « conf call » sur une plage brésilienne, à la terrasse d’un café new-yorkais ou dans un restaurant ayant une vue imprenable sur la baie de Sydney. De nombreux patrons en ont rêvé, Publicis l’a fait…

Raz-le-bol des visios

Les dirigeants d’entreprise commencent en effet à se lasser de discuter avec leurs salariés par écran interposé lors de visioconférences. En 2022, 19% des employés en France ont télétravaillé au moins un jour par semaine, selon une étude publiée par l’Insee. Chez les cadres, cette proportion est largement supérieure puisqu’elle atteint… 52%. Plus de trois télétravailleurs sur quatre (78%) se disent satisfaits de leur nombre de jours hebdomadaires de travail à distance mais 18% souhaiteraient y recourir davantage. De grosses différences existent toutefois d’un secteur à l’autre. Les salariés spécialisés dans les services financiers ou les sciences de la vie et de la santé sont ceux qui voudraient le plus uniquement télétravailler (52%), loin devant les professionnels de l’immobilier (42%) ou de l’énergie (37%), si l’on en croît l’étude internationale « EY Work Reimagined ». Les femmes (49%) sont également plus nombreuses que les hommes (43%) à vouloir travailler exclusivement à distance.

Difficile de se faire une opinion

L’impact du « Remote Work » sur notre productivité est, aujourd’hui encore, un sujet sensible pour ne pas dire explosif. A vrai dire, les enquêtes à ce sujet ne cessent de se contredire. Selon la toute dernière étude du Conseil national de productivité, « l’augmentation de la part des effectifs en télétravail dans l’emploi d’un point de pourcentage améliorerait en moyenne la productivité globale d’environ 0,6% ». S’appuyant sur des données de la Banque de France, le CNP estime même que le passage à 25% de télétravailleurs d’ici à vingt ans ferait gagner à l’économie française entre 5% et 9% de productivité. Que demande le peuple ?

La prestigieuse université américaine de Stanford a un avis diamétralement opposé. Dans son rapport qui compile plusieurs études, le télétravail réduirait notre productivité de 10% à 20%. Le MIT estime, pour sa part, que le télétravail à plein temps diminuerait de 18% l’efficacité des salariés nouvellement recrutés. A vous de vous faire votre opinion à ce sujet…

Résistance

Une chose est certaine : la fin du télétravail à outrance est pour bientôt. Les deux-tiers des 1300 PDG interrogés dans le monde par KPMG dans le cadre de son rapport intitulé 2023 CEO Outlook prévoient que les employés retourneront au bureau cinq jours par semaine au cours des trois prochaines années. Mais il y a parfois loin de la coupe aux lèvres car certains salariés semblent vouloir faire de la résistance…

En Allemagne, 5000 collaborateurs du groupe SAP ont menacé de démissionner après que leurdirection leur ait imposé un retour à trois jours de présentiel obligatoire pour tous. Dans une lettre interne, ces personnes accusent leur employeur de « trahison ». En mai dernier, des employés d’Amazon ont fait grève pour protester contre l’obligation de travailler au moins trois jours par semaine en présentiel et une pétition a été signée par près de 20.000 collaborateurs. Les patrons américains ne semblent toutefois pas vouloir céder. Elon Musk est, comme à son habitude, le plus virulent. Le fondateur de Tesla estime ainsi que « le télétravail est une connerie qui pose un problème moral ». Dans une note au personnel, la DRH de Google, Fiona Cicconi, a dit ses collègues que leur « présence sera vérifiée grâce aux données enregistrées sur les badges », que « ceux qui ne viendront pas seront rappelés à l’ordre » et que « la présence au bureau sera prise en compte dans les évaluations de performances ». Ambiance… D’autres groupes comme Disney et Apple serrent aussi la vis. Même Zoom, dont la réussite est liée à l’utilisation de sa plateforme de visioconférence pour les travailleurs à distance, demande à ses collaborateurs de revenir au bureau. Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés…

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