18 avril 2017

Temps de lecture : 5 min

Knops invente l’ouïe augmentée

Un dispositif qui prend l’apparence d’écouteurs sans fils, destiné à contrôler le monde sonore ambiant, c’est l’objectif d’une start-up amsterdamoise qui propose sur Kickstarter une solution innovante pour une juste sonorisation environnementale. Excitant ou effrayant ?

Un dispositif qui prend l’apparence d’écouteurs sans fil, destiné à contrôler le monde sonore environnant, c’est l’objectif d’une start-up amsterdamoise qui propose sur Kickstarter une solution innovante pour une juste sonorisation environnementale. Excitant ou effrayant ?

Imaginez un appareil inséré dans l’oreille capable de réduire ou d’augmenter les sons perçus. Le résultat donne Knops, un véritable bouton volume de l’ouïe humaine. Sa vocation première est de combattre la pollution auditive à l’image d’une boule Quies, tant à un concert de hard rock qu’à un examen.

Mais l’innovation majeure de l’appareil réside dans sa capacité à amplifier l’expérience sonore. Si on est au fond d’une salle de concert, on peut en intensifier l’acoustique. Si on se délecte des gazouillis des oiseaux en pleine nature, on peut les laisser nous envahir. S’ouvrir au monde ou s’en couper, c’est la proposition un peu vertigineuse de Knops.

L’appareil propose 4 modes adaptés à 4 situations sonores : le premier est le simple son que l’oreille perçoit sans intervention de l’appareil alors que le second réduit le bruit environnant de 10 décibel (usage citadin). Le troisième ajuste le volume en fonction de l’environnement (usage festif) tandis que le quatrième est un plongeon dans le silence total (usage pro). Un rêve en passe de devenir réalité si l’on en croit la collecte sur Kickstarter qui a déjà cumulé près du triple de ce qui était espéré (85 000€ pour 30 000€)

Un appareil à la Black Mirror ?

Pourtant, un objet capable de filtrer notre environnement sonore est plus dangereux qu’on ne le pense. Dans l’excellente série dystopique Black Mirror, l’épisode White Christmas traite de cette problématique et la pousse à son paroxysme. Un couple conçoit un enfant non désiré dont la femme veut se faire avorter. L’homme refuse, l’insulte, et se voit « bloqué » par sa compagne à l’aide d’un appareil de brouillage personnel. Il ne peut dès lors ni la voir ni l’entendre ni lui parler, simplement entrevoir sa silhouette floutée et brouillée comme un mauvais signal TV.

L’isolement reproduit dans la série Black Mirror semble à la fois éloigné et proche de celui que rend possible Knops. Si la technologie actuelle ne permet pas un tel blocage et n’est de toute manière pas conçue pour verrouiller nos interactions, ce sont ses usages et sa portée symbolique qui frappent. En permettant à n’importe quel utilisateur de créer une bulle sonore environnante, la start-up ouvre la possibilité à chacun de filtrer ses interactions et de bloquer celles qui les dérangent. Si ce que propose l’entreprise est innovant et positif à bien des égards, l’usage qu’elle en propose, essentiellement de confort, pourrait subtilement glissé vers un usage de châtiment.

Un dispositif qui prend l’apparence d’écouteurs sans fil, destiné à contrôler le monde sonore environnant, c’est l’objectif d’une start-up amsterdamoise qui propose sur Kickstarter une solution innovante pour une juste sonorisation environnementale. Excitant ou effrayant ?

Imaginez un appareil inséré dans l’oreille capable de réduire ou d’augmenter les sons perçus. Le résultat donne Knops, un véritable bouton volume de l’ouïe humaine. Sa vocation première est de combattre la pollution auditive à l’image d’une boule Quies, tant à un concert de hard rock qu’à un examen.
Mais l’innovation majeure de l’appareil réside dans sa capacité à amplifier l’expérience sonore. Si on est au fond d’une salle de concert, on peut en intensifier l’acoustique. Si on se délecte des gazouillis des oiseaux en pleine nature, on peut les laisser nous envahir. S’ouvrir au monde ou s’en couper, c’est la proposition un peu vertigineuse de Knops.
L’appareil propose 4 modes adaptés à 4 situations sonores : le premier est le simple son que l’oreille perçoit sans intervention de l’appareil alors que le second réduit le bruit environnant de 10 décibel (usage citadin). Le troisième ajuste le volume en fonction de l’environnement (usage festif) tandis que le quatrième est un plongeon dans le silence total (usage pro). Un rêve en passe de devenir réalité si l’on en croit la collecte sur Kickstarter qui a déjà cumulé près du triple de ce qui était espéré (85 000€ pour 30 000€)
Un appareil à la Black Mirror ?
Pourtant, un objet capable de filtrer notre environnement sonore est plus dangereux qu’on ne le pense. Dans l’excellente série dystopique Black Mirror, l’épisode White Christmas traite de cette problématique et la pousse à son paroxysme. Un couple conçoit un enfant non désiré dont la femme veut se faire avorter. L’homme refuse, l’insulte, et se voit « bloqué » par sa compagne à l’aide d’un appareil de brouillage personnel. Il ne peut dès lors ni la voir ni l’entendre ni lui parler, simplement entrevoir sa silhouette floutée et brouillée comme un mauvais signal TV. L’isolement reproduit dans « Black Mirror » semble à la fois éloigné et proche de celui que rend possible Knops. Si la technologie actuelle ne permet pas un tel blocage et n’est de toute manière pas conçue pour verrouiller nos interactions, ce sont ses usages et sa portée symbolique qui frappent. En permettant à n’importe quel utilisateur de créer une bulle sonore environnante, la start-up ouvre la possibilité à chacun de filtrer ses interactions et de bloquer celles qui les dérangent. Si ce que propose la start-up est innovant et positif à bien des égards, l’usage qu’elle en propose, essentiellement de confort, pourrait subtilement glissé vers un usage de châtiment.
Un dispositif qui prend l’apparence d’écouteurs sans fil, destiné à contrôler le monde sonore environnant, c’est l’objectif d’une start-up amsterdamoise qui propose sur Kickstarter une solution innovante pour une juste sonorisation environnementale. Excitant ou effrayant ?

Imaginez un appareil inséré dans l’oreille capable de réduire ou d’augmenter les sons perçus. Le résultat donne Knops, un véritable bouton volume de l’ouïe humaine. Sa vocation première est de combattre la pollution auditive à l’image d’une boule Quies, tant à un concert de hard rock qu’à un examen.
Mais l’innovation majeure de l’appareil réside dans sa capacité à amplifier l’expérience sonore. Si on est au fond d’une salle de concert, on peut en intensifier l’acoustique. Si on se délecte des gazouillis des oiseaux en pleine nature, on peut les laisser nous envahir. S’ouvrir au monde ou s’en couper, c’est la proposition un peu vertigineuse de Knops.
L’appareil propose 4 modes adaptés à 4 situations sonores : le premier est le simple son que l’oreille perçoit sans intervention de l’appareil alors que le second réduit le bruit environnant de 10 décibel (usage citadin). Le troisième ajuste le volume en fonction de l’environnement (usage festif) tandis que le quatrième est un plongeon dans le silence total (usage pro). Un rêve en passe de devenir réalité si l’on en croit la collecte sur Kickstarter qui a déjà cumulé près du triple de ce qui était espéré (85 000€ pour 30 000€)

Un appareil à la Black Mirror ?
Pourtant, un objet capable de filtrer notre environnement sonore est plus dangereux qu’on ne le pense. Dans l’excellente série dystopique Black Mirror, l’épisode White Christmas traite de cette problématique et la pousse à son paroxysme. Un couple conçoit un enfant non désiré dont la femme veut se faire avorter. L’homme refuse, l’insulte, et se voit « bloqué » par sa compagne à l’aide d’un appareil de brouillage personnel. Il ne peut dès lors ni la voir ni l’entendre ni lui parler, simplement entrevoir sa silhouette floutée et brouillée comme un mauvais signal TV.

L’isolement reproduit dans « Black Mirror » semble à la fois éloigné et proche de celui que rend possible Knops. Si la technologie actuelle ne permet pas un tel blocage et n’est de toute manière pas conçue pour verrouiller nos interactions, ce sont ses usages et sa portée symbolique qui frappent. En permettant à n’importe quel utilisateur de créer une bulle sonore environnante, la start-up ouvre la possibilité à chacun de filtrer ses interactions et de bloquer celles qui les dérangent. Si ce que propose la start-up est innovant et positif à bien des égards, l’usage qu’elle en propose, essentiellement de confort, pourrait subtilement glissé vers un usage de châtiment.

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