23 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

Havas mise sur l’art et la culture

Le groupe lance une nouvelle entité promettant de mettre l’art et la culture au service des entreprises, et inversement. À sa tête, Julie Gonce-Mayeux et Isabelle Peracchi : Interview.

Pour Beatrice Speisser, Chief Transformation Officer chez Havas Groupe France, qui préside cette nouvelle agence, les investissements consentis par les entreprises pour soutenir la culture manquent de ligne stratégique, leurs actions manquent de visibilité, de lisibilité. « Les Français sont incapables de citer les entreprises les plus engagées en la matière (source baromètre Havas Culture 2023), alors même que l’art et la culture sont sur la 2e marche des terrains d’action les plus valorisés pour leur impact positif tant sur la marque employeur, que sur le business. C’est révélateur. On a touché du doigt le caractère « essentiel » de la culture pendant les confinements, la loi Aillagon a été un formidable accélérateur de son financement il y a 20 ans, nous devons passer à l’étape suivante. » Autrement dit, son développement.

Le groupe a donc décidé de donner lui-même plus de visibilité et de lisibilité à ses ambitions en la matière en lançant une nouvelle agence « Havas Art & Culture », une expertise jusqu’à présent rattachée à Havas Events et dorénavant pilotée par Isabelle Peracchi, qui dirigeait ce pôle, et Julie Gonce-Mayeux, ex-directrice associé d’Havas Paris.

IN. : Pourquoi lancer une nouvelle agence dédiée à cette expertise ?

Julie Gonce-Mayeux : Pour sortir l’art et la culture de cette dimension philanthropique qui en a longtemps fait le fait du prince ; leur donner un nouveau champs de responsabilité, puisque l’un comme l’autre sont souvent à la jonction de sujets sociétaux et sociaux et qu’ils peuvent avoir beaucoup plus d’impact que ce qu’ils n’ont aujourd’hui.

La culture ne doit pas faire exception pour une fois.

L’art et la culture sont deux leviers éminemment stratégiques pour les entreprises qui porteront des actions culturelles utiles pour la société, qui mèneront des combats en complémentarité avec ceux de l’État. D’autant qu’on connait le pouvoir de ces sujets sur la rétention des talent, le bien-être, la santé mentale…

IN. : Comment comptez-vous accompagner vos clients ?

Isabelle Peracchi : En commençant par les aider à déterminer un territoire de création singulier, et en les accompagnant dans son développement. On veut leur apprendre à tirer ce fil, à éviter les oneshot et envisager plutôt le rôle qu’elles ont à jouer dans la démocratie culturelle en développant des partenariats, des mécénats avec des artistes ou des artisans, des événements en région, des approches différentes et complémentaires !

Nous ne sommes pas dans une approche de programmation artistique, ni d’entertainement. Il y a tellement plus à faire qu’envisager un lieu en privatisation sèche… Quand on propose à Enedis d’être mécène de la tapisserie olympique, c’est extrêmement vertueux. Quand on met les 5 meilleurs Musiciens du Métro à l’affiche de l’Olympia avec la RATP, également.

 Nous ne sommes pas dans une approche de programmation artistique, ni d’entertainement.

J.G-M : Il y a aussi beaucoup à explorer, notamment en termes d’émergence de formes d’art sur lesquelles les acteurs publics peuvent être frileux. On gagnerait à avoir un autre regard, à ouvrir nos regards… Notre objectif est de créer une sorte de coalition, un comité de parties prenantes que l’on animera entre acteurs culturels, lieux culturels, institutions… un peu à la façon du luxe avec son Comité Colbert. On veut animer ce débat vivant. On y voit également une opportunité, pour les entreprises que l’on accompagne, de donner chair à leurs engagements RSE, de valoriser leurs collaborateurs, d’exprimer leur ADN.

IN : Vous communiquez sur un nouvel acronyme, RCE (Responsabilité Culturelle des Entreprises), très proche de celui de la RSE justement…

I.P. : On a senti un profond conflit entre les injonctions à s’engager en faveur de politiques RSE fortes, qui est désormais perçu comme une obligation, et les engagements dans la sphère culturelle et artistique. Les entreprises qui soutenaient la culture se sont désengagées pour mettre leurs moyens au service de leurs engagements RSE. Les institutions sont nombreuses à l’avoir senti. Hors ce sont deux engagements qui doivent rester prioritaires, qui ne devraient pas se nuire mais, au contraire, se nourrir.

IN : Quels seront vos premiers chantiers ?

J.G-M. : « Objectiver » pour s’assurer de l’impact de nos actions. Nous sommes en discussions avec l’AFNOR pour créer un référentiel qui nous permettra de répondre à ces attentes. Il restera difficile de défendre des budgets tant que l’impact des investissements consentis restera compliqué à mesurer.

IN : La Culture a cédé une partie de sa couverture médiatique aux cultures, au pluriel, dernièrement. Avez-vous hésité à utiliser ce mot au singulier ?

I.P. : Beaucoup. On est arrivé à la conclusion que, les cultures, c’est ce qui divise, ce qui nous différencie. La Culture c’est ce qui est universel, ce qui devrait mettre tout le monde d’accord.

 

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