3 juin 2025

Temps de lecture : 3 min

Harcèlement numérique : l’UMICC crée la “Safe Place”, un refuge itinérant pour les créatrices de contenu

Face aux cyberviolences, l’UMICC déploie son initiative de Paris à Marseille, en s'appuyant sur des partenaires clés pour outiller les femmes et structurer une réponse collective.

Alors que les cyberviolences en ligne touchent de plus en plus de femmes, les créatrices de contenu — très largement représentées dans le secteur de l’influence — se trouvent particulièrement exposées. L’UMICC (Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenu) monte au front avec un programme aussi symbolique que concret. Baptisé “Safe Place”, ce dispositif itinérant entend créer des espaces de dialogue, de prévention et de soutien pour les entrepreneures de la création numérique. Pensée comme une réponse de terrain, cette série d’événements — prévus à Paris, Biarritz et Marseille — vise à briser le tabou du harcèlement en ligne et à structurer une prise en charge collective et durable.

Derrière l’initiative, une alliance transversale entre acteurs privés, institutionnels et associatifs : BNP Paribas, Orange, les Galeries Lafayette, la Gendarmerie nationale et Point de Contact, plateforme de signalement partenaire de l’ARCOM. Tous unis autour d’un objectif : offrir des solutions tangibles aux créatrices souvent livrées à elles-mêmes face aux attaques, menaces ou campagnes de dénigrement.

Cyberviolences : les chiffres d’un mal invisible

Les données sont alarmantes. D’après une étude Ipsos de 2023, 46 % des femmes ont déjà subi des formes de cyberviolences, et près de 9 sur 10 jugent les dispositifs existants inefficaces. Dans l’univers de l’influence, la situation est d’autant plus préoccupante que les femmes y représentent environ trois quarts des professionnels. Une majorité d’entre elles dit avoir déjà été confrontée à des agressions numériques.

Pour Bénédicte de Kersauson, déléguée générale de l’UMICC, “les créatrices sont en première ligne, souvent sans soutien ni cadre clair pour se protéger. Avec Safe Place, nous voulons qu’elles sachent qu’il existe des outils, des alliés, et une fédération mobilisée pour faire bouger les lignes.” Un engagement qui se traduira aussi par un rapport, “Voix de créatrices”, attendu à l’automne et destiné à porter des recommandations concrètes aux pouvoirs publics.

Le lancement officiel du programme aura lieu le 1er juin à Roland-Garros, au sein de l’espace BNP Paribas, avec une première matinée articulée autour d’une table ronde réunissant notamment la créatrice Marion Séclin, la réserviste Joy-Alexandra Denis de la Gendarmerie nationale et Bénédicte de Kersauson. Cette séquence sera suivie d’un atelier de coaching entrepreneurial animé par BNP Paribas et Antoine Levy. Le format sera reconduit à Biarritz le 18 juin, accueilli par les Galeries Lafayette, puis à Marseille à la rentrée de septembre. Chaque étape inclura une table ronde, des ateliers pratiques et des sessions de mise en réseau afin de renforcer la posture entrepreneuriale des participantes, souvent fragilisée par l’isolement ou la pression psychologique.

Des outils concrets et un suivi sectoriel

Au-delà des événements, Safe Place ambitionne d’installer un accompagnement pérenne. L’UMICC met en place un dispositif d’accompagnement individualisé pour ses membres victimes de cyberharcèlement. Un espace de signalement dédié en partenariat avec Point de Contact est désormais actif, tandis qu’une expérimentation est lancée avec Bodyguard, via Orange, pour filtrer automatiquement les messages toxiques sur les réseaux sociaux. Pour Jujufitcats, créatrice de contenu membre de l’UMICC, cette mobilisation est inédite : “Ce qu’on vit quand on est ciblée en ligne, c’est violent, invisible, souvent minimisé. Avec Safe Place, on nous donne enfin des outils. C’est une réponse concrète qui montre qu’on ne va plus laisser passer.

La publication prochaine du rapport “Voix de créatrices” marque une nouvelle étape dans la stratégie d’influence de l’UMICC, bien décidée à faire remonter les revendications du terrain auprès des décideurs publics. Alors que les politiques numériques peinent encore à intégrer les réalités de l’économie de la création, l’initiative entend inscrire la question du harcèlement en ligne dans l’agenda législatif. Créée en janvier 2023, l’UMICC s’affirme ainsi comme une voix structurante pour l’ensemble des acteurs de l’influence. À travers Safe Place, elle démontre que les enjeux de modération, de sécurité et d’entrepreneuriat féminin ne sont pas dissociables — mais bel et bien les piliers d’un écosystème numérique plus juste et plus viable.

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia