6 juin 2023

Temps de lecture : 3 min

Gnews, Malheurs Actuels : ces sites parodiques qui font rire au second degré…

Lancés respectivement en mai et aout 2022, Gnews et Malheurs Actuels se sont fait remarquer sur le web avec leurs médias parodiques. Grâce à l’humour, leurs créateurs entendent – notamment – agir contre l’éco-anxiété et dénoncer la couverture médiatique du déréglement climatique. Le Web2day, à Nantes, leur donnait la parole.

D’un côté Gnews (47 000 abonnés) satire de la chaîne CNews. De l’autre Malheurs Actuels (60 000 abonnés), parodie de Valeurs Actuelles. Lancés presque au même moment, ces deux médias parodiques qui s’inscrivent dans la lignée du Gorafi ont chacun développé leur propre “patte”. 

On a enfin retrouvé un arbre planté par une société qui vend des crédits carbone”, “Elle découvre un continent de plastique dans la Seine et en fait un espace de coworking” titre ainsi Malheurs Actuels, tandis que GNews s’inquiète de l’impact de la désertion des banques par les écolos ou interroge des adeptes de la décroissance “qui veulent revenir au Moyen-âge”.

“Depuis août 2022, nous avons réussi à sortir plus de 500 contenus multicanaux”

Si Gnews est seulement portée par deux jeunes femmes – la comédienne Hélène Martinelli et la vidéaste Margaux Magis – Malheurs Actuels est le fruit du travail d’un collectif de bénévoles répartis aux quatre coins de la France. 

Au début on était cinq, aujourd’hui nous sommes 15 et ensemble nous travaillons en collaboration pour créer des contenus. Depuis 2022, nous avons réussi à sortir plus de 500 contenus multicanaux, sur Linkedin, Instagram, Twitter, Mastodon, Facebook et le site internet”, explique Cyrielle Istin, l’une des rédactrices de Malheurs Actuels, par ailleurs développeuse no-code.

Même si la parodie de Valeurs Actuelles essaime sur de multiples canaux, le collectif a ses réseaux de prédilection pour diffuser ses articles, mèmes, fausses couvertures ou détournements de publicités : Instagram et Linkedin. 

Pour GNews, qui propose essentiellement des vidéos, ce sont plutôt TikTok et Instagram qui sont privilégiés. Margaux Magis note d’ailleurs de fortes disparités entre les deux réseaux. “Sur Instagram, nous avons une communauté plus petite mais qui nous suit. Sur TikTok, par définition, n’importe qui peut voir nos vidéos [dans son fil d’actualité], donc on touche une cible beaucoup plus large, qui va parfois être très critique par rapport à nos contenus.”

“Une question de curseur à trouver entre l’absurde et le premier degré”

Cette différence dans les algorithmes de recommandation n’est pas sans poser question : « sur TikTok,] il y a des gens qui comprennent tout de suite et il y en a qui sont plutôt d’accord avec nos idées mais nous insultent, parce qu’ils ne comprennent pas que c’est du second degré. On a aussi une vidéo pour laquelle des gens avec qui nous ne sommes pas d’accord qui nous disent ‘bravo, c’est super ce que vous faites ». Il y a vraiment une question de curseur à trouver entre l’absurde et le premier degré pour que notre message passe”, souligne la vidéaste.

La réception du message par le grand public est également une question que gardent en tête les auteurs de Malheurs Actuels : « on a aussi une volonté de sensibiliser, c’est-à-dire de ne pas juste faire une blague pour faire une blague,“ explique Andrea Capus, la “Redac’ Cheffe Adjointe” du collectif, qui ajoute “on essaye toujours de faire se questionner les gens”, tout en s’estimant heureuse d’avoir “très peu de ‘haters: à la limite, on va nous dire qu’on n’est pas drôles”.

« Notre travail, c’est de digérer l’actu »

Pour sortir de la “bulle” des réseaux sociaux et toucher un public plus large, Malheurs Actuels s’est essayé au “print”, avec un magazine spécial pour Noël, comme l’explique Andrea Capus : « on s’est dit que le magazine sera chez des gens convaincus : leurs amis vont le regarder par curiosité, ce qui fera une occasion de discuter »

Pour les deux titres, le rire et l’absurde représentent un double intérêt : il permet à la fois de lutter contre l’éco-anxiété des écologistes convaincus et de sensibiliser une cible plus large aux enjeux du dérèglement climatique. “Quand on regarde les médias aujourd’hui, on voit tous les jours des actus qui nous plombent. Notre travail, c’est de digérer cette actu et d’essayer d’en ressortir quelque chose qui peut faire sourire,” conclut la rédactrice Redac’ Cheffe Adjointe de Malheurs Actuels.

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