7 mars 2016

Temps de lecture : 2 min

La gentrification peut-elle être positive ?

La gentrification est au hipster ce que Laurel est à Hardy, un partenaire indissociable. L’embourgeoisement urbain qui touche toutes les grandes villes occidentales est-il en train d’uniformiser la cité connectée et consumériste ? Une étude made in USA s’intéresse à la question.

La gentrification est au hipster ce que Laurel est à Hardy, un partenaire indissociable. L’embourgeoisement urbain qui touche toutes les grandes villes occidentales est-il en train d’uniformiser la cité connectée et consumériste ? Une étude made in USA s’intéresse à la question.

Les hipsters la courtisent, les bobos l’apprécient sans la réclamer, les artistes l’engendrent, les millennials en sont babas, les marques la cajolent, les mairies la défendent. Elle, c’est la gentrification, cet embourgeoisement urbain qui depuis une décennie se répand dans toutes les grandes métropoles occidentales. Pointé du doigt par les nostalgiques des authentiques quartiers populaires, cet assaut du col blanc bohème sur la terre du col bleu populaire est-il responsable de l’uniformisation sociale de nos chères cités ? Une nouvelle étude nord-américaine dédouane la gentrification de l’exode des bas revenus dont ses pamphlétaires l’accusent.

Entre cafés branchés et cosy où le sans-mac est une curiosité, les boutiques de fringues vintage et les restaurants ethniques un brin gastronomiques, les nouveaux résidents des quartiers « gentrifiés » semblent bien s’être accaparés les lieux. Quand ils débarquent, l’âme de la terre d’appropriation change forcément, mais qui paye la note de cette mue identitaire ? Pas les plus défavorisés comme le veut la pensée commune majoritaire, selon un rapport de la Philadelphia Federal Reserve. Son constat ? Les plus pauvres ne quittent pas plus les quartiers « gentrifiés » que les autres.

Lisez dans cette conclusion que si les plus bas revenus sont tout de même contraints de déménager -pour un quartier plus populaire- ils ne désertent pas plus les zones « gentrifiées » qu’une autre CSP. Les experts estiment même que l’embourgeoisement urbain draine son lot de bénéfices pour les habitants historiques moins aisés. Lesquels ? Des nouvelles opportunités de travail induites par les nouveaux magasins et le BTP; la hausse du prix de l’immobilier, qui profite aux propriétaires d’un bien acheté à bas prix depuis longtemps; une baisse du taux de criminalité; une meilleure solvabilité auprès des organismes bancaires et de crédit. Attention, ces acquis concernent uniquement la ville de Philadelphie, mais l’étude apporte une vraie réflexion sur le phénomène de gentrification.

Quand le bas revenu part, il ne revient pas

« Il apparait clairement que quand un quartier se gentrifie cela ne mène pas forcément à un déplacement de population », explique sur le site de CNN, Lance Freeman, professeur d’urbanisme à l’université de Columbia et auteur lui-même d’une étude nationale sur la gentrification, menée en 2005. Ses résultats étaient similaires à ceux de la réserve fédérale de la cité de Rocky Balboa.

Sans accuser la gentrification de tous les maux des classes populaires, les deux enquêtes reconnaissent quand même son impact négatif, comme le fait que les partants s’installent souvent dans des zones plus pauvres et n’ont quasi aucune chance de revenir. « La gentrification est une bonne chose à Philadelphie mais elle peut ne pas l’être dans toutes les villes », assure David Fiorenza, professeur d’économie à l’université de Villanova. Autre conséquence néfaste pour la diversité sociale de la gentrification : l’impossibilité pour les moins nantis de venir s’installer dans les zones embourgeoisées.

C’est parce que les marques doivent autant prendre le pouls des phénomènes sociaux que celui des tendances de comportement et de consommation que cette étude prend pour elles de l’intérêt. Bien sûr, elle ne concerne qu’une seule ville outre-Atlantique mais un préjugé y est quand même mis à mal et cela est bon à savoir pour les autres cités…

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