17 janvier 2025

Temps de lecture : 7 min

Frédéric Bedin (Hopscotch Groupe) : « J’aimerais être celui qui trouvera la solution pour décarboner l’industrie et l’économie » 

Frédéric Bedin pourrait certainement fredonner cette vieille chanson d’Adamo : « Tombe la neige »… Le cofondateur, directeur général et président du directoire de Hopscotch Groupe répond au « Questionnaire d’INfluencia », autour d’une madeleine et d’un thé, au sein de l’hôtel Swann* – Proust oblige.

INfluencia : votre coup de cœur ?

F.B. : Puisqu’on est en hiver, mon coup de cœur est pour la neige qui tombe (interview réalisée en décembre). Je suis un fan de ski depuis très longtemps. J’ai eu la chance de travailler avec Lionel Chouchan sur l’organisation du Festival international du film fantastique d’Avoriaz (ndlr : créé en 1973, il a été remplacé en 1993 par le Festival international du film fantastique de Gérardmer). J’aime beaucoup cette ville où je vais encore le plus souvent possible. Et nous montons à Megève, avec le magazine Diapason, un nouveau festival de musique classique, Classiquicime qui se tiendra du 27 au 30 mars.

Et puis, bien sûr il est très difficile en ce moment de ne pas avoir un coup de cœur pour la réouverture de Notre-Dame, tous les événements qu’il y a autour et toute la désirabilité que cela crée pour la France en termes culturels et touristiques.

Il va falloir mettre de la microéconomie dans la macroéconomie ou de la micropolitique dans la macropolitique

IN. : Et votre coup de colère ?

F.B. : Il est contre les politiciens nationaux. Je crois que nous sommes beaucoup en France à être très amers vis-à-vis d’eux, quel que soit leur bord. Je pense qu’ils sont tous totalement irresponsables, alors que ceux qui sont sur le terrain, continuent de faire leur boulot plutôt bien et ont la confiance des Français. Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle avec les entreprises. En fait, les femmes et hommes politiques de terrain sont des entrepreneurs. Je travaille par exemple avec le maire de Deauville sur le Festival du Cinéma Américain, celui de Reims sur le Festival du Film Policier, celui de Megève ou les élus de l’Est pour le Festival international du film fantastique de Gérardmer. J’ai en face de moi des gens qui sont responsables de tout – budget, organisation, etc. – alors qu’on a l’impression que les députés, les ministres et tout en haut le président de la République, ne sont responsables de rien. Il y a un moment où il va falloir mettre de la microéconomie dans la macroéconomie ou de la micropolitique dans la macropolitique.

Mon autre coup de colère est contre les gens qui prônent la décroissance. Je pense qu’on va résoudre les problèmes environnementaux, non pas par la décroissance mais par la technologie et qu’il faut aller vers le progrès, qui ne se mesure pas forcément en PIB ou en possession de biens. Je suis pour le bonheur individuel brut, pour la croissance des familles, de l’éducation, du partage des idées et de ce que j’appelle l’économie de la relation.

Être entrepreneur, c’est créer des choses avec d’autres, qui n’auraient pas existé si on ne les avait pas entrainés

IN. : La personne qui vous a le plus marqué dans votre vie ?

F.B. : Un prof de français que j’ai rencontré quand j’étais en troisième, qui d’abord m’a appris à aimer apprendre mais de façon un peu iconoclaste parce qu’il nous répétait : « il faut aimer apprendre ce qu’on aime ». Et c’est tout juste s’il ne m’a pas dit : « les choses que tu n’aimes pas, eh bien, tant pis ». Ce qui m’a aidé dans la vie, puisque je pense que je fais à peu près ce que je veux. Et outre être un excellent prof, c’était un entrepreneur qui nous a appris à créer. On dit souvent qu’être entrepreneur c’est créer une entreprise. Moi je dis qu’être entrepreneur, c’est créer des choses avec d’autres, qui n’auraient pas existé si on ne les avait pas entrainés. Il organisait des tas d’évènements : du théâtre avec les enfants et les familles, des centres de vacances l’hiver au ski, des randonnées et de la spéléologie l’été à la montagne. Il m’a un peu embarqué dans ses aventures avec sa famille, sa femme, ses enfants, ses amis. J’ai adoré. Je suis devenu animateur de colonie de vacances, spéléologue, moniteur de ski, je me suis vraiment mis à aimer la montagne, etc. Et tout cela grâce à lui. Il a provoqué des passions et des tas de rencontres chez tous ceux qu’il a côtoyés. Je continue encore aujourd’hui à fréquenter beaucoup de personnes de cette époque. Il m’a appris très jeune à prendre des responsabilités, à les assumer, à trouver des idées nouvelles chaque année pour faire revenir les enfants l’année suivante. Il m’a donné envie de devenir entrepreneur et organisateur. Ce qui fait que j’ai beaucoup d’admiration pour lui et je lui dois beaucoup.

Il y aurait un métier à créer d’événementialisation de l’architecture et de pérennisation de l’événementiel

IN. : Votre rêve d’enfant ou si c’était à refaire

F.B. : Mon rêve d’enfant c’était de faire ce que je fais : créer une boîte avec des amis, dans le secteur de l’entertainment, la culture, le tourisme, la créativité, la communication, la production, la technologie…. Donc si c’était refaire, je referais la même chose. Mais peut-être que j’essaierais de le faire en plus grand, parce que je connais toutes les choses que j’ai ratées. Comme le disait Bill Gates, un entrepreneur qui réussit, ce n’est pas forcément un génie. C’est juste un entrepreneur qui a essayé plus de fois que ceux qui ont raté. Et quand, on rate, on apprend.
Quand j’étais vraiment enfant, je ne savais pas ce qu’était le métier que je fais aujourd’hui, personne ne le connaissait d’ailleurs, il n’existait pas. Alors je me voyais plutôt architecte. Pourtant je n’ai pas fait d’études d’architecture, j’ai étudié le marketing et la finance à Dauphine. Mais depuis que je suis jeune, j’ai toujours organisé des événements. Finalement, mettre ensemble des tas de métiers, c’est faire un peu de l’architecture, même si j’ai un peu la frustration de ne pas laisser derrière moi des choses physiques qui restent dans les mémoires. Je pense d’ailleurs qu’il y aurait un métier à créer d’événementialisation de l’architecture et de pérennisation de l’événementiel, c’est-à-dire quelque chose qui soit hybride entre le métier d’architecte, celui d’organisateur d’évènements et de créateur d’objets communicants. De façon à laisser une trace, tout en étant assez innovant pour ne pas ressembler à l’air du temps.

Être associé et toujours ami avec les amis que j’ai connus adolescents il y a plus de 40 ans

IN. : Votre plus grande réussite ? (pas professionnelle)

F.B. : Elle est un peu professionnelle mais elle est surtout humaine. C’est d’être associé et toujours ami aujourd’hui avec les amis que j’ai connus adolescents il y a plus de 40 ans au collège et au lycée. J’ai rencontré respectivement mes deux principaux associés, Benoît Désveaux et Pierre-Franck Moley à 14/15 ans et 16/17 ans. On passe ensemble les moments agréables et difficiles. Nos enfants et nos épouses se connaissent. C’est une vraie histoire de vie.

Mon autre réussite est de m’être mis au vélo à partir de 35 /40 ans, grâce à un copain et de m’être passionné pour ce sport. J’en fais le plus possible, je roule tous les jours dans Paris. J’en fais tous les weekends et j’ai réussi à y mettre plein d’amis. Du coup nous avons créé une espèce de grande communauté de cyclistes. Un weekend, je vais faire une grande balade avec certains, un autre avec d’autres. Et même ceux avec lesquels je fais du ski, je les ai mis au vélo ! C’est agréable de se dire qu’on garde comme ça un truc en commun.

Si on faisait la liste de toutes mes plantades, on pourrait faire rire dans un Comedy Club pendant des années

IN. : Votre plus grand échec ? (idem)

F.B. : La vraie réponse à cette question est que j’ai connu plein d’échecs et que, si on faisait la liste de toutes mes plantades, on pourrait faire rire dans un Comedy Club pendant des années. Mais comme disait je ne sais plus quel grand homme, on ne perd jamais, soit on gagne, soit on apprend. Quand on est entrepreneur, on connait beaucoup d’échecs, mais je sais que je ne dois pas parler d’échecs professionnels. Alors je voudrais vous parler de quelque chose qui m’a vraiment frustré. J’adore la montagne et j’ai fait beaucoup d’alpinisme grâce à ce professeur de français que j’évoquais précédemment. Mon premier sommet était le dôme de neige des Écrins (ndlr : 4015m, dans les Alpes), j’avais 16 ans. Et depuis, j’ai fait beaucoup d’ascensions. Mais mon plus gros échec est de ne pas avoir dépassé 6000 mètres en grimpant. Je ne suis pas arrivé au sommet qui était à 6400 mètres. C’était au Ladakh. J’ai fait une bêtise. J’étais avec deux amis. Je portais la tente dans laquelle nous devions dormir et je l’ai fait tomber. C’était trop dangereux de continuer sans tente. Nous avons dû faire demi-tour. C’est une vraie frustration car je ne retournerai plus jamais sur cette montagne et dans l‘Himalaya.

IN. : À part vous-même, qui voudriez-vous être ?

F.B. : Je ne suis jaloux de personne, en revanche j’aimerais être celui qui trouvera la solution pour décarboner l’industrie et l’économie. Car ce terrible réchauffement climatique qu’on subit à cause des technologies qu’on utilise est évidemment une menace pour la planète et pour l’humanité mais c’est aussi une menace pour notre mode de vie : pour le plaisir de voyager, de construire, d’innover… Aujourd’hui on n’arrive pas à augmenter le niveau de vie mondial sans augmenter la production de carbone. La personne qui va y arriver, va vraiment rendre un service immense à l’humanité. Je suis sûr qu’elle est née et je souhaite pouvoir la croiser un jour, même de très loin et acclamer un de ses discours.

La Haute Route à vélo : faisable, même à plus de 60 ans

IN. : Votre prochain challenge personnel

F.B. : Faire la Haute Route à vélo. C’est une épreuve cycliste pour amateurs qui consiste à faire Megève Nice en sept jours en passant par tous les plus grands cols des Alpes à la fin du mois d’août. Il y a un peu plus de 300 participants. C’est très difficile mais c’est faisable, même à plus de 60 ans, et c’est mythique. Cela va nécessiter que je m’entraîne, en parallèle de mon boulot. Je voulais le faire l’année dernière mais les Jeux olympiques ont rendu cela un peu compliqué (rires).

IN. Quel objet emmèneriez-vous sur une île déserte ?

F.B. : mon vélo bien sûr, mais aussi de quoi construire un bateau afin de voyager et de rencontrer d’autres gens. Le problème d’une île déserte est qu’il n’y a personne… Et pour moi qui suis un fana des relations, ce serait horrible. Je n’aime pas la solitude.

* l’Hôtel Littéraire Le Swann, situé au cœur du quartier historiquement proustien de la plaine Monceau et de Saint- Augustin, présente une collection d’œuvres originales sur l’écrivain ainsi que des pièces de haute couture, des photographies, des tableaux, des sculptures. Notre interviewé(e) pose à côté d’une sculpture de Pascale Loisel représentant bien sûr l’auteur d’ « À la recherche du temps perdu ».

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L’actualité

  • Hopscotch est présent dans 34 pays. Près de 40 bureaux dans le monde. Plus de 1200 talents et experts
  • Hopscotch et Reworld Media ont remporté en octobre dernier l’appel d’offre lancé par la ville de Megève pour lancer Classiquicime, le Festival Diapason Megève, festival international de musique classique, programmé du 27 au 30 mars 2025
  • Hopscotch est en train de créer Hopscotch Tourism, réseau mondial destiné à la promotion des destinations
  • Travaille pour des clients (dont l’Union européenne) sur l’Exposition Universelle d’Osaka qui va avoir lieu du 13 avril au 13 octobre en 2025
  • Renforcement en Europe et ouverture prochaine de Hopscotch au Portugal
  • En projet : le prochain Mondial de l’auto dans un des pays du Golfe, probablement en Arabie saoudite en 2025

Hopscotch PR a obtenu le e-label « Agence Conseil en Influence Responsable » avec la plus haute distinction : 3 étoiles !

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