2 juin 2019

Temps de lecture : 3 min

La ferme s’invite dans les villes

En plein cœur de la banlieue parisienne, la Ferme Ouverte de Saint-Denis a rouvert ses portes avec l’arrivée de la belle saison. Ces Cités maraîchères se multiplient depuis quelques années en France et à l’étranger.

En plein cœur de la banlieue parisienne, la Ferme Ouverte de Saint-Denis a rouvert ses portes avec l’arrivée de la belle saison. Ces Cités maraîchères se multiplient depuis quelques années en France et à l’étranger.

Pour planter ses choux ou cueillir des tomates, il suffit désormais de prendre le métro… A deux pas de la station Saint-Denis-Université et juste à côté du McDo de l’avenue de Stalingrad se trouve la Ferme Ouverte de Saint-Denis. Inauguré en 2017, ce site, qui a rouvert ses portes au public le 27 avril, est la dernière exploitation maraîchère de la « plaine des Vertus » qui était une des plus importantes zones de production de légumes en France. Dans sa serre et sur ses terres qui couvrent près de quatre hectares sont cultivés des choux, des salades, des tomates, des courgettes, des concombres et des herbes aromatiques. Les fruits et les légumes sont vendus sur place par Jeanne Crombez, la jeune femme de 24 ans qui gère cette ferme avec cinq permanents. En semaine, les élèves des écoles environnementales viennent découvrir la vie à la campagne en plein cœur de la cité. Leurs parents peuvent, eux, participer à des ateliers pain, pizza ou jardinage. Tous les week-ends, des visites sont proposées aux curieux. Un petit musée présente de nombreux objets d’époque ainsi que des photos et des vidéos issues des archives de la famille Kersanté qui a exploité la ferme des années 1920 jusqu’en 2017. Agé de 76 ans, René Kersanté voulait passer le flambeau à des agriculteurs plus jeunes. La municipalité de Saint-Denis, propriétaire du terrain, a alors lancé un appel d’offres qui a été remporté par les « Fermes de Gally ». « L’objectif était de préserver une activité agricole mais aussi de permettre aux habitants du territoire de connaître cette histoire formidable, car c’est le dernier lieu de mémoire du maraîchage intensif francilien », expliquait au Parisien, Xavier Laureau, le co-directeur des « Fermes de Gally ». Cette entreprise a ouvert en 1967 une des premières jardineries de France. En 1995, ses dirigeants ont décidé de se tourner vers les plus jeunes en inaugurant une ferme pédagogique sur le site historique de Saint-Cyr L’Ecole. Ce lieu qui accueille 120.000 visiteurs par an a servi de modèle à une seconde exploitation qui se trouve à Sartrouville, autre commune des Yvelines.

Les cités maraichères ne datent pas d’hier. Construit par les Incas au XVème siècle, le Machu Picchu comprend de nombreuses terrasses qui étaient utilisées pour l’agriculture. En plein cœur de la crise de 1893, le maire de la ville de Detroit aux Etats-Unis, Hazen Pingree, a encouragé ses concitoyens à planter des légumes dans leurs jardins. Durant la première guerre mondiale, le président, Woodrow Wilson, a, lui aussi, demandé aux Américains de faire pousser des légumes à leur domicile. Cette pratique s’est répétée durant la Grande Dépression et en plein cœur de la deuxième guerre mondiale. De nos jours, le développement des fermes dans les villes s’explique principalement en raison de l’urbanisation mondiale et de la volonté de certains de mieux protéger notre environnement.

D’ici 2020, 43 nouveaux projets à Paris

Près de 60% de la population mondiale vit aujourd’hui dans des zones urbaines. En 2050, cette proportion devrait atteindre 80% et la planète gagnera au moins trois milliards d’habitants. L’agriculture traditionnelle ne pourra pas répondre à la demande alimentaire. 80% des surfaces arables du globe sont déjà en exploitation et 15% de ces sols sont épuisés. Pour nourrir l’Humanité, les chercheurs ont donc eu l’idée d’amener la campagne vers la ville. Grâce à la technologie hydroponique, il est désormais possible de faire pousser des légumes et des plantes avec très peu de terre sur les toits des immeubles. Certains scientifiques vont encore plus loin en préconisant la construction de fermes urbaines verticales. Un professeur en sciences environnementales de l’Université Colombia de New York, Dickson Despommier, estime qu’une ferme de 30 étages, construite pour un montant de 84 millions de dollars, pourrait nourrir 30.000 personnes avec un rendement 5 à 6 fois supérieur à l’agriculture traditionnelle. A Singapour, la Tree house en plein cœur de la Cité-Etat est devenue le plus haut jardin vertical jamais construit dans le monde. En France, des projets fleurissent un peu partout.

Cette année, la Cité Maraîchère de Romainville va être inaugurée dans le quartier Marcel-Cachin. Deux tours, imaginées par l’agence Ilimelgo, permettront de cultiver sur 1000 m2 et de produire chaque année plusieurs tonnes de fruits, légumes, champignons, fleurs comestibles, plants et semences qui seront vendus sur place. Cette Cité abritera également un restaurant, une serre, des ateliers pédagogiques, des offres de formation à l’agriculture urbaine ainsi qu’un espace événementiel pour des conférences. À Paris, les fermes urbaines sont, elles aussi, en plein essor. 33 sites couvrant 5,5 hectares étaient déjà en activité l’an dernier mais d’ici 2020, 43 nouveaux projets d’une superficie totale de 30 hectares devraient être lancés. Des touches vertes se multiplient ici ou là au milieu de la grisaille du béton.

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