6 janvier 2021

Temps de lecture : 3 min

Quelles sont les applications de l’IA qui vont transformer les médias ?

GAN, NLG, GPT… Derrière ces acronymes se cachent des technologies qui ont le potentiel de bousculer le quotidien des médias et des journalistes, pour le meilleur et pour le pire. À l’occasion du festival Médias en Seine, organisé par Les Echos et Radio France, Jérôme Colombain, journaliste spécialiste des nouvelles technologies chez franceinfo, a présenté quelques-unes de ces innovations.

“Il y a en ce moment un bouillonnement d’innovations, il y a énormément de choses qui se font un peu partout dans le monde’‘ s’enthousiasme Jérôme Colombain, avant de rappeler que l’IA n’est aujourd’hui plus de l’ordre de la science-fiction. “C’est une réalité », martèle le journaliste. Pour autant, l’intelligence artificielle n’a (encore) rien à voir avec les représentations qu’en donne le cinéma ou les récits d’anticipation. “L’IA ce n’est pas magique, ce n’est pas un grand monstre froid qui va tous nous dévorer. Ce sont tout simplement des outils technologiques”, explique-t-il. Parmi ces outils figure notamment Pinpoint, de Google, qui permet d’analyser de vastes corpus de documents (textes, images, audio, manuscrits…) grâce au machine learning : de quoi faciliter la veille et les enquêtes des journalistes.

Des articles écrits par des robots

Encore au stade de la recherche mais en progression rapide, la génération automatisée de texte (NLG pour “Natural Language Generation”) est l’une des technologies qui pourrait avoir le plus d’impact pour les médias. Certaines rédactions utilisent déjà des formes d’automatisation pour générer des textes à partir de données financières ou sportives. Ce n’est qu’un premier pas. En juillet 2020, le modèle GPT3 (pour “Generative Pretrained Transformers”) a été présenté au grand public par son éditeur, la startup américaine OpenAI : avec ces 1 000 milliards de mots et 175 milliards de paramètres, il peut servir à écrire des poèmes, des e-mails, des fictions et bien sûr des articles. Le tout dans un style donné. “C’est un modèle de langage par apprentissage profond, l’outil le plus puissant du moment”, constate Jérôme Colombain. La rédaction du Guardian l’a testé : en septembre 2020, le journal britannique a publié une tribune rédigée grâce au modèle GPT3. Son objectif : nous convaincre que l’IA n’a pas l’intention de détruire les humains. “Quand on lit le texte, on a véritablement l’impression qu’il a été écrit par un être humain. Mais il faut relativiser, car en réalité, pour en arriver là, le modèle avait été très soigneusement instruit. […] Il a sorti 8 versions, qui ont été réécrites par des journalistes humains pour arriver à une seule version. Mais c’est quand même un progrès énorme.”

Des avatars virtuels à la place des présentateurs télé

En Chine, l’agence de presse Xinhua utilise des avatars pour présenter ses journaux télévisés. “En réalité elle n’est pas très intelligente, les messages ont été rédigés par des humains » explique Jérôme Colombain. Mais couplée à d’autres “briques” d’intelligence artificielle, la technologie pourrait aller bien plus loin. Déjà, Bytedance, la maison mère de TikTok, a développé une solution capable de résumer automatiquement des compétitions sportives en temps réel. Ces résumés sont ensuite lus par un avatar virtuel, le “XiamingBot”… On le comprend assez vite : ces outils peuvent aussi bien servir à faciliter la vie des journalistes et des médias qu’être employés pour générer et diffuser à grande échelle des contenus de mauvaise qualité, voire des “fake news”.

Les deepfakes, une étape supplémentaire pour les fake news

La désinformation pourrait entrer dans une toute autre dimension avec la démocratisation des “deepfakes” (ou “hypertrucages” en Français), c’est-à-dire la transformation d’images vidéo grâce à l’intelligence artificielle. Des visages peuvent par exemple être créés de toutes pièces par l’intermédiaire des GAN (pour “réseaux antagonistes génératifs”). “Il y a quelque temps, il fallait d’énormes ressources informatiques et de grosses compétences, mais cela s’est démocratisé à une vitesse incroyable. Des tutoriels diffusés sur Youtube permettent à n’importe qui de fabriquer des deepfakes avec un ordinateur standard. On va bien rigoler avec, mais ce sont de terribles outils de désinformation” s’inquiète le journaliste de franceinfo. D’autant plus que les “deepfakes” ne se limitent pas à la vidéo : des “deepfakes” audios sont aussi possibles.

L’IA au service du fact-checking

Heureusement, l’IA peut aussi être un puissant outil au service du fact-checking et de l’authentification de l’information. Le Fake News Challenge réunit ainsi des chercheurs qui entendent mettre à profit l’intelligence artificielle pour détecter les fake news. Microsoft a par exemple mis au point un outil pour vérifier qu’une image n’a pas été trafiquée : le Video Authenticator. “Cela nous permet quand même d’espérer que tous les problèmes créés par l’IA puissent être également résolus par l’IA” en conclut Jérôme Colombain. Espérons que le futur lui donne raison.

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