10 janvier 2019

Temps de lecture : 4 min

La parole aux citoyens pour un Grand Barouf Numérique

Le Grand Barouf Numérique, événement phare de la Métropole Européenne de Lille (MEL) lance sa 3ème édition les 20 et 21 mars prochains. Toujours dans un format ultra participatif, l’événement aura pour thématique : « Qui gouverne le monde ? ». De quoi inciter les citoyens et les responsables des politiques publiques à se poser les bonnes questions autour de la bonne gestion de la data.

 Le Grand Barouf Numérique, événement phare de la Métropole Européenne de Lille (MEL) lance sa 3ème édition les 20 et 21 mars prochains. Toujours dans un format ultra participatif, l’événement aura pour thématique : « Qui gouverne le monde ? ». De quoi inciter les citoyens et les responsables des politiques publiques à se poser les questions autour de la bonne gestion de la data.

Organisé par la MEL en partenariat avec OuiShare et POP, Le Grand Barouf du Numérique nous avait déjà charmé en 2018 par sa thématique « L’éducation et les savoirs numériques », mais surtout son approche collaborative et incisive. Conçu comme une « session parlementaire » de deux jours, où les participant.e.s deviennent des « député.e.s » réunis en commissions, auditions et séances de questions au gouvernement -fictives bien évidemment- son objectif est d’examiner et d’amender un projet de loi numérique d’anticipation. Une manifestation « à l’antipode des grandes foires de la tech »* qui invite plus de 2500 participants et près de 300 intervenants de tous horizons (chercheurs, start-upper, militants, designers, scientifiques, artistes, enseignants et politiques) à imaginer le futur de demain, et se veut avant tout un lieu de rencontres où formats improbables et richesse de chacun alimenteront le débat.

Avec pour thématique « Qui gouverne le monde ? », l’édition 2019 promet d’axer son débat sur la data, le RGPD, et la gouvernance de la donnée par et pour les citoyens. À quelques mois de ce rendez-vous, nous avons rencontré Akim Oural, élu en charge du numérique de la MEL.

IN : une 3ème édition, quelles ambitions ? 

Akim Oural : la 3ème édition du Grand Barouf Numérique est celle de la « maturité ». En choisissant un format d’assemblée parlementaire citoyenne, nous savions que la manifestation mettrait du temps à se faire comprendre. C’est un véritable pari que nous avons fait dès le départ. Aujourd’hui nous sommes très fiers de ce positionnement. Pour 2019, nous ambitionnons de donner encore plus d’ampleur à ce format innovant et d’e l’nternationaliser l’événement en faisant venir nos voisins européens.

IN : les enjeux du numérique en 2019 selon vous ? 

A.O. : en 2019, je vois deux principaux enjeux liés au numérique. Le premier réside dans la médiation numérique : notre capacité collective à sensibiliser le plus grand nombre aux dérives potentielles d’une société de plus en plus numérique. Il est nécessaire que les citoyens ne soient pas des victimes ou de simples consommateurs de services numériques mais qu’ils deviennent des acteurs. Pour cela, il faut expliquer qu’il existe aujourd’hui des solutions simples et accessibles à chacun pour utiliser le numérique de manière plus juste, plus sociale et écologique. C’est l’un des principaux objectifs du Grand Barouf Numérique durant lequel les participants pourront par exemple contribuer à des ateliers pour réduire leur impact carbone numérique ou apprendre à maîtriser leurs données.

Le deuxième grand enjeu réside dans la capacité de notre société dans toutes ses composantes (élus, citoyens, entreprises, etc.) à se positionner en partenaire et non en proie vis-à-vis des GAFAM et des grandes entreprises du Net. Il est nécessaire que les actions de ses entreprises s’articulent autour des valeurs que nous défendons dans nos sociétés française et européenne. C’est une des conditions nécessaires au développement de progrès sociaux par le numérique.

IN : « Qui gouverne le monde ? »  : pourquoi cette thématique et comment compte-t-elle nourrir les projets à venir de la MEL ? 

A.O. : le numérique et plus précisément Internet a été pensé à l’origine pour contribuer à l’émancipation des individus. Cela peut être, à certaines conditions, un formidable outil de répartition du pouvoir et de prise de décision décentralisée. Mais on constate à l’inverse que les données, et donc une grande partie du pouvoir, sont de plus en plus centralisées et détenus par quelques entreprises ou institutions. Actuellement, l’un des plus grand défis auquel fait face notre société est la gouvernance de la donnée.

Nous pensions que le nouveau Règlement Général Européen sur la Protection des Données (RGPD) allait permettre aux citoyens de reprendre le contrôle sur leur data. Or, il ne s’agit en réalité que d’une procédure supplémentaire qui ne répond absolument pas à l’enjeu de compréhension de la donnée par les citoyens. Aujourd’hui qui gouverne le monde ? Ce ne sont pas forcément les GAFAM mais ce ne sont certainement pas les citoyens !

En tant qu’acteur public, la Métropole Européenne de Lille a pour mission de répondre à cet enjeu. Ainsi, en plus du Grand Barouf Numérique nous développons une stratégie de déploiement de tiers-lieux, des espaces d’innovations entrepreneuriales et citoyennes, qui ont plusieurs vocations mais surtout celle d’accompagner nos habitants vers une citoyenneté numérique. Ils organiseront de grands débats sur ces sujets. Et comme nous travaillons déjà sur la gouvernance de la donnée sur notre territoire, les échanges du Grand Barouf viendront nourrir nos réflexions.

IN : au delà de l’événement, quelles sont les ambitions de la Métropole Européenne de Lille pour cette nouvelle année ?

A.O. : nous poursuivrons les ambitions de notre stratégie digitale établie en 2016. Une Métropole citoyenne, créative et performante pour impulser des changements sociétaux mais aussi créer de la richesse pour le développement durable du territoire  : outre notre réseau de tiers-lieux et de laboratoires d’usages pour co-construire avec les habitants la Métropole de demain, en 2019, nous soutiendrons à nouveau nos entrepreneurs et nos sites d’excellences dans la candidature au label « Capitale French Tech » en développant particulièrement le côté « Tech for Good ». Nous continuerons d’expérimenter la 5G avec quelques entreprises locales qui utilisent ces technologies pour développer de nouveaux services. Enfin, une Métropole européenne et portée sur l’international. Ainsi en nous appuyant sur notre nouvelle marque territoriale « Hello Lille », nous souhaitons que nos projets numériques concourent de plus en plus à l’attractivité du territoire à commencer par le Grand Barouf Numérique.

Et tout aussi essentiel, cette nouvelle année sera marquée par la préparation de « Lille Métropole, Capitale Mondiale du Design en 2020 » qui est notre grand projet d’accélération de la transformation de notre territoire par le design.

IN : les conférences ou speakers à ne surtout pas manquer ?

A.O. : nous misons sur la diversité des points de vue pour enrichir le débat. Parmi les premiers intervenants confirmés, citons Sébastien Sorano, président de l’ARCEP et instigateur d’une régulation du web pour reprendre le pouvoir aux géants du numérique, Nanjira Sambuli, une chercheuse kenyanne qui plaide pour l’égalité dans l’accès au Web mais aussi Wendsler Noise Sr., un activiste indien-américain qui s’est battu contre les grands groupes industriels qui souhaitaient s’installer dans la réserve de San Carlos en Arizona. Son combat doit nous inspirer dans notre lutte pour une société plus sociale et écologique à l’heure du numérique.

L’édition 2018 en images

* Akim Oural

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