11 mars 2018

Temps de lecture : 4 min

Les millennials et la philanthropie en héritage

Comprendre l’altruisme chez les générations en devenir c’est aussi analyser les grands héritiers. Ces jeunes qui ont le pouvoir, l’argent et l’influence. Focus sur une frange de « jeunes » qui donnent sans compter et servent ainsi d’exemple à leur génération…

Comprendre l’altruisme chez les générations en devenir c’est aussi analyser les grands héritiers. Ces jeunes qui ont le pouvoir, l’argent et l’influence. Focus sur une frange de « jeunes » qui donnent sans compter et servent ainsi d’exemple à leur génération…

Leurs aïeux se donnaient bonne conscience en versant une infime partie de leur fortune à des associations caritatives ou à des bonnes œuvres. Certains industriels se contentaient de récompenser leurs ouvriers les plus méritants. D’autres finançaient des projets de développement en Afrique ou en Asie. Les millennials se montrent, eux, beaucoup plus professionnels et nettement plus ambitieux lorsqu’ils prennent en charge la gestion des activités philanthropiques de leur famille. Un rapport de BNP Paribas rédigé par The Economist Intelligence Unit montre à quel point la génération Y prend très au sérieux ce travail qu’elle considère souvent être une véritable mission. Ces héritiers nés entre 1980 et 1999 soutiennent l’entrepreneuriat social aux quatre coins de la planète. Impatients, ils n’hésitent pas à utiliser les nouvelles technologies et à collaborer les uns avec les autres car ils souhaitent changer le monde sans perdre un instant.

L’engagement comme motivation

Les chiffres peuvent donner le tournis. Le patrimoine détenu par les personnes fortunées atteint 60 trilliards de dollars soit 60 milliards de milliards de dollars. Dans les 30 à 40 prochaines années, 30 trilliards de dollars supplémentaires vont être transférés uniquement aux Etats-Unis. Si les riches ne cessent de s’enrichir, ils sont également de plus en plus nombreux à investir une partie importante de leur patrimoine dans la philanthropie. Les millennials sont souvent appelés à la rescousse pour gérer ces activités car c’est un moyen pour leurs aînés de les impliquer dans la vie de la société familiale. « Si vous dites à votre héritier qu’il est le seul à pouvoir vous succéder et que l’entreprise enregistre de confortables bénéfices grâce à son bon portefeuille de clientèle, il ne viendra pas », commente Jean-Louis Raynaud, professeur à l’Edhec « Pour le motiver, il a besoin d’un projet ou d’une vision enthousiasmante voire même envoutante. Cela peut être la défense de l’environnement, la sauvegarde de l’emploi dans la région ou la santé des hommes…». Cette « générosité » n’est pas la même d’un continent à l’autre. Si les Américains qui possèdent un patrimoine supérieur à 30 millions de dollars distribuent en moyenne 12% de leurs avoirs à des associations ou à des bonnes causes, les Asiatiques (10%) et les Européens (9%) se montrent bien moins généreux.

Ce fossé pourrait se combler à l’avenir car sur le Vieux continent, les millennials prennent leur mission très au sérieux. L’argent d’une dynastie est souvent géré au sein d’une fondation familiale. Longtemps, cette structure était considérée comme un outil pour faire fructifier la fortune amassée au fil des décennies. La génération Y souhaite, elle, s’assurer qu’elle devienne un véhicule destiné à investir dans de nobles causes. Elle préfère privilégier l’altruisme aux rendements. « Lorsque j’ai rejoint la fondation, le portefeuille était composé à 40% par des investissements à impact », souligne Stéphanie Cordes qui assume à 27 ans la vice-présidence de la Cordes Foundation « Je me suis alors demandé pourquoi tous nos investissements n’étaient pas composés de ce type de financement ». Ces héritiers veulent également s’assurer de l’efficacité de leurs actions. La philanthropie doit aboutir, pour eux, à des résultats concrets sur le terrain. Lorsqu’elle a repris la présidence de la Fondation Jacobs qui a déjà versé près de 580 millions de francs suisses de subventions et dont le portefeuille atteint 4,9 milliards de francs suisses, Lavinia Jacobs n’a pas changé l’objectif de la fondation qui souhaite encourager le développement de l’enfance et de la jeunesse en soutenant la recherche. Un secteur qui ne perçoit aucun financement public et en aidant les institutions ainsi que les individus qui s’impliquent dans le développement de la génération à venir. « Notre engagement à transformer la vie des enfants n’a pas changé mais nous sommes davantage axés sur la réalisation de nos objectifs », affirme cette femme de 36 ans « Nous voulons que nos ressources financières réalisent l’impact le plus important possible ».

Donner intelligemment

Les jeunes philanthropes aiment tout particulièrement s’impliquer dans des projets qui visent à offrir une nourriture plus saine et moins coûteuse aux populations isolées, et ils cherchent à fournir des sources d’énergies renouvelables aux communautés qui ne sont pas reliées au réseau électrique. Ils utilisent aussi les nouvelles technologies pour encourager la formation en ligne et la distribution de microcrédits. L’internet les aide à avoir une approche globale alors que dans le passé, leurs parents concentraient leurs efforts sur une seule région. L’utilisation des réseaux sociaux leur permet également de mieux communiquer sur les causes qu’ils défendent. Des plateformes comme Facebook les assistent en outre pour trouver des partenaires qui participeront à leurs projets. « Certains bénéficiaires d’allocations ont été sélectionnés grâce à un premier contact noué sur les médias sociaux », confirme Lavinia Jacobs. Les technologies numériques sont aussi utilisées par les millennials pour évaluer en temps réel certains indicateurs clés de performance qui permettent de mesurer l’impact de leurs initiatives.

Les philanthropes de la nouvelle génération privilégient enfin une approche collaborative pour faire avancer les choses. Chaque mois, les femmes qui adhèrent à She Impacts se retrouvent pour partager leurs expériences et rechercher des opportunités de co-financement pour leurs projets. Les individus et les fondations membres de Nexus se réunissent, eux aussi, pour faire du réseautage et boucler des collaborations. Au cours des cinq dernières années, plus de 20 sommets de cette association ont eu lieu notamment à la Maison Blanche, aux Nations-Unies, et sur les cinq continents. « Les jeunes générations ont toujours été idéalistes », résume Jean Case, directeur général de la Case Foundation basée à Washington « Mais cette génération recherche des outils et des techniques afin de transformer cet idéalisme en action ». Pour être plus efficaces, les millennials ne passent plus forcément par des associations pour boucler leurs projets et s’engagent volontiers dans des actions menées par des marques. Encore faut-il que ces dernières collent à leurs attentes en incluant la RSA dans leurs réflexions. De plus en plus de sociétés commencent toutefois à franchir ce pas. Ces héritiers altruistes font preuve aujourd’hui d’un réel professionnalisme pour s’assurer que leurs rêves deviennent réalité. Les marques doivent suivre leur modèle si elles souhaitent être prises au sérieux.

Cet article a été écrit par Noah Rangi dans le cadre du Report n°3 sur  » Les millennials : une génération altruiste « , en partenariat avec M6 Publicité !

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