18 octobre 2023

Temps de lecture : 4 min

Etude Ifop/Disney: Les Français veulent que Blanche-Neige continue de rêver de grand amour !

Blanche-Neige working-girl? Cendrillon, princesse lesbienne? Depuis l’arrivée à la tête de Disney, de Bob Iger en 2015, ce démocrate autoproclamé, entend défendre ses valeurs et faire en sorte de mieux accepter les multiples différences… Plus compliqué que cela, dans les faits. Aux USA comme en France, Disney ne parvient pas à mettre d’accord conservateurs et  progressistes, restant ainsi le ventre mou du dessin animé. L’étude de l’Ifop par ici!

Et oui, on le sait, Disney n’a jamais été à la pointe du progrès en matière d’évolution de la société, et ce n’est pas chez Mickey que Blanche Neige pourrait, -comme l’héroïne Barbie made in Mattel, lancée par Warner, le groupe concurrent, l’été dernier-, devenir une féministe qui met en émoi les salons littéraires, agite les philosophes qui pondent des thèses à son sujet, ou les spectateurs qui s’étripent sur ce qu’il fallait comprendre du phénomène du moment.

quand Disney annonce qu’il va troquer les 7 camarades nains de Blanche Neige dans sa version 2024, l’Amérique est en émoi

Non, Disney c’est le groupe rassurant qui ne commet presque aucun écart… « qui s’adresse aux conservateurs, des gens de plus de 65 ans qui ne veulent pas que le monde change ». Jugez plutôt : quand Disney annonce qu’il va troquer les 7 camarades nains de Blanche Neige dans sa version 2024 (toujours elle) pour des créatures magiques, c’est toute la société américaine conservatrice qui se lève pour crier au scandale. L’étude que vient de publier l’IFOP pour Voyage avec moi sur cette question des valeurs en vogue ne dit pas autre chose.

« Disney c’est la norme de la société », explique Gautier Jardon chargé d’études senior de l’Ifop. Sur des sujets sociétaux, son seul objet est de coller au public, c’est le ventre mou qui tente une audace de ci de là, et qui immédiatement prend feu outre-Atlantique. Le paradoxe d’un Disney, créateur de classiques peuplés de princes et de princesses qui est à bien plus de sept lieues de tout « wokisme ». Et qui après une évolution d’abord prudente, se retrouve ces dernières années prise au milieu de la guerre culturelle américaine. Au cœur de polémiques, notamment liées à l’évolution de la représentation de ses personnages et aux modifications de ses classiques, comme Gautier Jardon de l’Ifop l’explique, « la firme de Mickey modernise ses histoires, et se heurte immédiatement au rejet d’une large frange de population conservatrice, inquiète d’une révision « wokiste » des classiques de son enfance. De leur côté, les plus jeunes, -public progressiste-, juge ses évolutions trop timorées« .

 

Plus que le thermomètre de la stratégie de Disney, l’étude réalisée par l’Ifop pour Voyage avec moi, est une nouvelle mise en lumière des fractures d’une société française « archipelisée ». « Elle incite à conclure pour la France, comme l’explique le professeur de communication et de journalisme Martin Kaplan qui l’a étudié pour les Etats-Unis : « nous sommes tellement divisés aujourd’hui, […] que même Disney a du mal à nous rassembler », cite Gautier Jardon.

Disney se met à dos les conservateurs sans pleinement satisfaire le camp progressiste. Des controverses qui s’exportent sans mal en France, grande consommatrice d’œuvres Disney. Dans ce contexte où les rêves d’enfants sont aujourd’hui scrutés sous le prisme politique, l’Ifop a interrogé les Français sur leur perception des enjeux de société soulevés par les films d’animation.

Blanche Neige « ne sera pas sauvée par le prince et ne rêvera pas de trouver son grand amour » ? 71% des répondants sont contre.

Mais pour être au clair, il faut citer les chiffres-clé de l’enquête : comme aux Etats-Unis (61%), les Français sont majoritairement opposés aux modernisations sociétales des « classiques » du divertissement (62%, dont 28% « dans tous les cas »). C’est tout particulièrement le cas des plus conservateurs (89%) tandis que les jeunes (54% des 18-34 ans) et les consommateurs hebdomadaires de Disney (46%) sont beaucoup plus partagés.

Par exemple, plus des trois quarts s’opposent s’alarment, du remplacement des sept nains par des créatures magiques (77%) ou à l’idée de Blanche Neige « ne sera pas sauvée par le prince et ne rêvera pas de trouver son grand amour » (71%).

Les Français sont à 42% sont moins attachés que les Américains (63%) à l’idée que les princesses Disney reflètent la diversité ethnique…

Vivant dans une société plus homogène et universaliste que les Etats-uniens, les Français (42%) sont moins attachés que les Américains (63%) à l’idée que les princesses Disney reflètent la diversité ethnique. Cette attente est cependant particulièrement forte parmi les jeunes Français (67%) et les consommateurs de Disney les plus réguliers (63%).

des petites filles souhaitent être des princesses : seuls 8% voient cela comme une mauvaise chose

En France (comme aux Etats-Unis), la population accepte sans jugement voire avec bienveillance l’idée que des petites filles souhaitent être des princesses : seuls 8% voient cela comme une mauvaise chose tandis que 37% le perçoivent comme une bonne et 49% ni l’une ni l’autre. Cela est surtout perçu positivement par les plus jeunes (51% des 18-24 ans) et les consommateurs de Disney les plus fréquents (52%), signe qu’ils ne sont pas sensibles à la critique féministe du modèle « princesse ».

Les Français n’ont rien contre les princesses… tant qu’elles ne sont pas lesbiennes ?

L’hypothèse de la mise en scène d’une princesse Disney ouvertement lesbienne divise aussi les Français (52% n’approuveraient pas), notamment sur le plan générationnel. Les deux tiers des seniors y sont opposés (67% des 65 ans et plus) contre un jeune sur trois (34% des 18-24 ans). Autrement, les Français les plus opposés sont les plus conservateurs (81%) à l’inverse des plus progressistes (18%), les personnes non-hétérosexuelles (19%) et les consommateurs hebdomadaires de Disney (27%).

Enfin, les consommatrices de Disney les plus régulières sont logiquement les plus nombreuses à en identifier l’influence sur leurs propres attentes sentimentales. Par exemple, 36% attribuent à Disney la genèse de leur attente envers l’homme idéal qu’il soit « romantique », contre 14% des consommatrices irrégulières. Alors, que dire… Les bras nous en tombent !

 

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