24 avril 2024

Temps de lecture : 5 min

Élodie Mandel (Prisma Media) : « On dévorera une enquête de Capital comme une série sur Canal+ »

Capital se transforme et veut développer de manière plus volontaire l’éducation financière des Français. Elodie Mandel, directrice des rédactions du pôle économique de Prisma Media, détaille les ambitions de ce « nouveau Capital », auprès des jeunes et des femmes, mais aussi sur le numérique.

magazine Capital Prisma Media Elodie Mandel

INfluencia : vous avez rejoint Prisma Media il y a quelques mois pour travailler sur la refonte de Capital, qui sort ce jeudi 25 avril 2024. Qu’est-ce qui change ?

Elodie Mandel : on change tout ! Le nouveau Capital respecte l’ADN populaire et grand public de la marque mais nous avons cherché comment le réinterpréter un peu plus de trente ans après la création du magazine. Aujourd’hui, Capital est un écosystème avec un magazine puissant qui avait besoin d’évoluer, un site surpuissant qui est le premier site économique en France, et des réseaux sociaux sur lesquels on accélère. Nos réflexions ont commencé par le papier qui sera désormais organisé autour de six rubriques (green, tech, sport…), de grandes enquêtes grâce auxquelles on veut créer l’actualité, une nouvelle maquette plus premium, un nouveau logo, un papier qui est de meilleure qualité, un prix qui passe de 4,90 € à 5,50 € car nous assumons de dire que l’information a un prix. Avec ces évolutions, nous voulons mettre l’éducation financière dans les mains de tous les Français et les réconcilier avec l’économie. Cela suppose de parler du rapport à l’argent, de donner les clés pour lire une feuille de paie, de regarder son prêt immobilier… Nos cibles de conquête sont avant tout les jeunes et les femmes. Lors de nos interventions dans le cadre de la semaine de la presse et des médias à l’école, nous voyons bien que les jeunes ne sont pas très à l’aise avec ces questions économiques pourtant clés. La gestion du budget reste le premier sujet de préoccupation des Français.

Nous voulons mettre l’éducation financière dans les mains de tous les Français et les réconcilier avec l’économie.

IN : quelles ont été la réflexion et l’approche concernant les femmes ?

E.M. : les femmes sont souvent plus sécuritaires que les hommes dans leurs choix de placements, laissent parfois à leur conjoint le soin de s’en occuper… Cela pose beaucoup de question en cas de divorce ou en ce qui concerne les familles monoparentales. Les femmes ont toujours été présentes dans Capital mais il s’agissait de rééquililbrer leur visibilité dans le magazine, d’autant que les entreprises qu’elles dirigent sont souvent plus performantes. C’est aussi un moyen pour la génération d’étudiantes ou de lycéennes de s’identifier et de se dire qu’elles pourraient aussi se lancer dans l’entrepreneuriat. Nous allons développer la marque sur Instagram et TikTok avec des formats autour du leadership féminin.

Les femmes ont toujours été présentes dans le magazine Capital mais il s’agit de rééquililbrer leur visibilité dans le magazine. Il a aussi des choses à dire sur les réseaux sociaux

IN : comment amener les jeunes à la marque ?

E.M. : il faut être présent là où sont nos audiences. Capital a aussi des choses à dire sur les réseaux sociaux, par exemple sur les arnaques auxquelles les jeunes peuvent être confrontés. On ne va sans doute pas les ramener vers le magazine papier mais ce n’est pas grave. Chaque canal a son sens mais il y a peu de porosité entre ces différents éléments.

IN : un changement de périodicité a été envisagé avec un passage en hebdomadaire. Pourquoi être resté en mensuel ?

E.M. : le site accueille l’actualité en temps réel quand le magazine est dédié au temps long, avec un rapport particulier au papier, à la plume… Lire une enquête de 15 ou 20 pages correspond à une consommation et un usage spécifiques au papier. Nos dossiers sont construits avec différents modules, des interviews, du reportage… avec à chaque fois de grandes ouvertures visuelles. On va pouvoir dévorer une enquête de Capital comme on dévore une série sur Canal+.

Lire une enquête de 15 ou 20 pages correspond à une consommation et un usage spécifiques au papier

IN : le premier numéro met en avant le business des grands chefs ? En quoi est-ce représentatif de ce que vous voulez désormais proposer ?

E.M. : ces chefs sont également des chefs d’entreprises avisés et deviennent parfois des marques. Il y a désormais un mercato des chefs dans les palaces… Nous avions envie de raconter les coulisses de ce business. Ils nous ont ouvert leurs cuisines et leurs comptes. Nous avons aussi une grande interview de Tony Estanguet, président du comité d’organisation des jeux de Paris 2024, qui raconte son parcours avec une dimension humaine – les compétitions de canoë-kayak dans lesquelles son frère était aussi engagé – et sociétale.  Nous voulons être au plus près de ceux et celles qui font l’économie : la culture business, le sport business… L’économie c’est des chiffres, mais aussi des hommes, des failles et des rebonds. Un format d’interview « Rebondir après l’échec » donne une vision instagrammable de l’entrepreneuriat, qui peut être fort et moderne. Tout est économie et c’est tout cela que nous voulons raconter.

IN : quelles évolutions fait-il attendre du côté du digital qui est au cœur du nouveau Capital ? Et de la monétisation ?

E.M. :  dans l’écosystème de la marque, le poids du digital est clé. Quand on produit une quarantaine de contenus par jour, il est toujours difficile d’éviter l’effet entonnoir. On travaille en web first. Les contenus du print seront mis d’abord sur le digital sous paywall car ils ont une forte valeur ajoutée. Nous avons opté pour un modèle freemium avec un petit paywall – environ 15 % des contenus du site sont sous paywall – et nous ne souhaitons pas aller au-delà car Capital est un titre grand public. Dans le modèle économique, le programmatique est la jambe la plus musclée. Nous avons environ 5000 abonnés numériques, ce qui n’est pas énorme mais plutôt bien. Il faut aussi améliorer le désabonnement et simplifier les offres d’abonnement.

Capital travaille désormais en web first. Les contenus du print seront mis d’abord sur le digital sous paywall car ils ont une forte valeur ajoutée.

IN : quelles sont les priorités sur le social ?

E.M. : Capital était historiquement présent sur Facebook et X, mais il ne faut plus compter dessus pour espérer développer l’audience. Linkedin, où nous avons 100 000 abonnés, est important pour les sujets sur les ressources humaines et la vie professionnelle. La monétisation et l’élargissement de l’audience se fera sur Instagram et TikTok. Sur Instagram, on développe une stratégie de formats, notamment avec un format Pionnières dédié à l’entrepreneuriat au féminin. Les micro-trottoirs sont un moyen de rester en lien avec notre communauté.

La monétisation et l’élargissement de l’audience se fera sur Instagram et TikTok.

IN : en décembre 2023, Capital a lancé un Labo Capital avec des tests produits. Quelle place le conseil tient-il dans la stratégie de diversification ?

E.M. : Le Labo Capital rentre dans une stratégie de content commerce et de service. Nous avons chez Prisma Media un laboratoire où nos journalistes spécialistes testent les produits sérieusement pour avoir une prescription labellisée et de recommandée, en tant que tiers de confiance pour nos lecteurs. Nous voulons aussi développer de l’événementiel dans un deuxième temps, quand nous aurons renforcé la désirabilité de la marque. Pour aller au-devant des entrepreneurs, il y a des choses à faire autour d’awards. Comme il est question de sujets grand public, il y a des pistes autour du local pour parler de made in France, de réussites économiques, d’actions concrètes au sein des territoires, de personnalités énergisantes. Nous avons envie de défendre une approche nuancée de l’économie et de parler d’économie à hauteur d’homme et de femmes. Donc de mettre des coups de griffe quand il le faut, mais pas systématiquement, et pas uniquement des grandes entreprises. Tout cela est important dans la vision globale de la marque.

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