L’école, c’est plus ce que c’était. C’est bien pour ça qu’un  programmateur malin a eu l’idée de remettre l’école d’hier au goût  d’aujourd’hui.  L’émission de téléréalité « Retour au Pensionnat », qui  sera diffusée à la rentrée 2013 sur M6, proposera en effet à 24  adolescents de vivre dans un pensionnat de la fin des années 50 à la  manière de leurs grands-parents, les châtiments corporels en moins.
 Réapprendre l’imparfait du subjonctif
Le  show vintage se terminera par l’examen du certificat d’études.  Les  candidats devront bien entendu se délester de leurs smartphones et  revêtir l’incontournable blouse pour passer leur ‘certif’. Dans cette utopie rétro, la génération Z devra réapprendre   « Nos ancêtres les Gaulois… », et l’imparfait du subjonctif. Un  carton d’audience assuré !
Si le pensionnat des années 50 fait un bon sujet pour la télé, c’est  une toute autre histoire dans le monde réel. Très loin des méthodes  traditionnelles, on parle en effet de rendre l’apprentissage de  l’écriture manuscrite facultative. Rassurez-vous, c’est aux USA, pays  où on n’apprend plus l’écriture « attachée » depuis déjà 2 générations.  Les 45 Etats qui mettront, peut-être, en œuvre cette mesure, argumentent  que l’apprentissage de l’écriture sur le clavier devient prioritaire et  que l’écriture dite ‘cursive’ n’a plus d’utilité.
Effrayante  pour les uns, inévitable pour les autres, cette perspective pose la  question de l’évolution des modes d’apprentissage à l’école, et plus  spécifiquement en cette période de l’année, du futur de la rentrée des  classes.
Finie la léthargie de l’été ! Demain c’est la rentrée
Et  cette rentrée, on nous la promet high-tech et ultra digitalisée…  L’arrivée de la technologie à l’école a pris son temps, mais elle semble  enfin se profiler en 2013. Le fabricant français d’ordinateurs  et de tablettes tactiles Archos lance son « cartable numérique ». Un  notebook solide et léger avec une poignée de transport adaptée aux  enfants qui embarque tout le matériel pédagogique prévu au programme du  primaire.
Finis les lourds classeurs, les ardoises poussiéreuses, les livres  volumineux, les trousses, les gommes, les ciseaux et les crayons ! Les  petits doigts des écoliers s’activeront à présent sur le clavier Azerty  et le trackpad ultra-sensible de cet ordinateur portable tout-terrain.  Demain, c’est donc le traditionnel cartable qui pourrait disparaitre !
L’ardoise se digitalise
Plus  loin encore, c’est la tablette tactile qui envahira les classes. Bic,  marque déjà bien connue des écoliers pour ses stylos (et des lycéens  pour ses briquets…) lance son ardoise numérique. Le terme choisi est  important : l’ardoise. Fini l’ardoise authentique des puristes de la  craie, fini aussi l’ardoise Velléda des plus ‘modernes’, l’ardoise se  digitalise.
Dans la vidéo de présentation proposée par  le site 01net, un responsable du projet Bic Education affirme : « cette  tablette est très aboutie technologiquement et permettra un meilleur  enseignement de l’écriture naturelle grâce à un stylet ».Voilà qui  devrait rassurer les défenseurs de l’écriture manuscrite. La tablette  est connectée à l’ordinateur du professeur qui pourra soumettre des  exercices et contrôler les travaux des écoliers depuis son poste.
La couture et le travail du bois, stars de demain?
Mais  dans une classe dématérialisée, nos enfants ne risqueraient-ils pas de  passer à côté de quelque chose ? On dit souvent que toute action  entraîne une réaction contraire, et à plus forte raison dans ce monde  dématérialisé qui semble chaque jour s’étendre un peu plus. Ainsi,  lorsque les écoliers de demain apprendront à lire, écrire et compter sur  un terminal numérique, on leur proposera en contrepartie un vaste choix  d’enseignements de loisirs créatifs, de cours de cuisine ou de  bricolage.
Quitte à revenir loin en arrière pour le  coup… C’est le cas en Finlande où l’enseignement de la couture et du  travail du bois font partie du programme du primaire et ce aussi bien  pour les filles que pour les garçons ! L’occasion de remettre un peu de  physique dans ce monde digital, et de laisser s’exprimer les talents.  Parce que l’apprentissage passe aussi par les mains, et parce que les  mamans du futur auront toujours besoin d’un vase en pâte à sel ou d’un  collier de nouilles…
Eric Coulon, planneur stratégique