30 octobre 2013

Temps de lecture : 3 min

Dans le futur, on n’aura plus jamais peur de la mort

La mort, ce maître absolu qui dominait notre société, est enfin descendue de son piédestal d’où elle fanfaronnait seule au-dessus de tous. Elle a compris les lois du marketing et est désormais un métier d’avenir.

Tiraillés par le besoin de se sentir unique, obsédés par le juste prix, connectés, désireux de connaître la gloire même de manière éphémère, nous sommes sur le point de faire tomber l’un des derniers tabous de notre société. Car faut-il vraiment avoir encore peur de la mort ?

Un business comme un autre ?

Comme le souligne la vénérable confédération des professionnels du Funéraire et de la Marbrerie, la mort est désormais un métier d’avenir. Vivre de la mort c’est aujourd’hui le quotidien de 25 000 salariés en France et les métiers du funéraire ont le vent en poupe. Et puisque le succès des séries TV américaines (Six Feet Under, Les Experts, Bones) a enfin rendu la mort plus désirable auprès des jeunes adolescents, tout laisse à penser que demain elle redonnera des couleurs à notre économie. Vous êtes jeune et avez envie de mordre la vie à pleines dents ? Devenez « death planners », ces architectes du deuil qui organisent la réception familiale avec le futur défunt, la musique, les fleurs et même le buffet.

Mourir oui mais pas comme son voisin ! La mort a en effet compris les lois du marketing et la nécessité du sur-mesure si chère aux consommateurs d’aujourd’hui est un tournant anticipé depuis longue date. Si le cercueil Bio demeure en France la pièce marquante des dernières saisons, certaines entreprises anglaises, inspirées par les rituels funéraires traditionnels ghanéens, proposent aujourd’hui de reposer dans des cercueils customisés, fidèles répliques d’une basket Nike Air ou d’une bouteille de Coca-Cola. La mort vous va si bien.

La mort reste la même

Alors mourir en beauté sera-t-il réservé demain à quelques privilégiés fortunés ? Certainement pas ! La Faucheuse s’est toujours fait un point d’honneur à rester démocratique. Pour rester populaire la mort sera low-cost ou ne sera pas, comme en atteste la multiplication des sites comparatifs de prix sur internet. On peut dès maintenant imaginer les publicités comparatives de demain promettant que « si vous pouvez mourir moins cher ailleurs on vous rembourse la différence ».

Humble et bienveillante, la mort s’est certes adaptée à nos sociétés contemporaines mais renie-t-elle pour autant son passé ? Pas si sûr. De tout temps, l’homme n’a eu de cesse d’assouvir une seule et même obsession : laisser une trace de son passage sur terre pour les générations futures. Et si le nuage est la représentation historique du fauteuil confortable de Dieu, le cloud n’a jamais bien aussi porté son nom.

… mais pour combien de temps ?

Safe in Heaven, La Vie D’après, For U Forever, tous ces sites répondent à la même logique : nous prouver que nos réalités virtuelles sont, elles, déjà immortelles.

À défaut d’être certain d’avoir réussi sa vie, demain il faudra donc surtout réussir sa mort. Pour s’en convaincre il suffit d’observer le succès rencontré aux USA par l’émission de téléréalité « Best Funeral Ever » qui promet de faire de votre enterrement un show digne de Las Vegas. Le compte à rebours a également commencé pour le projet Mars-One qui proposera un aller simple sur Mars à des candidats suicidaires en quête de sensations fortes. À force d’être désacralisée, la mort est en train de devenir un bien de consommation comme un autre. Et si nos enfants nous disent soudain que mourir c’ était mieux avant, il sera toujours temps d inventer la mort vintage pour la rendre cool et authentique.

Encore faut-il que la mort existe toujours car lorsque Laurent Alexandre, auteur d’un essai intitulé « La mort de la mort », est l’invité de la prestigieuse conférence américaine Ted, c’est pour démontrer qu’à brève échéance, aidés par les révolutions technologiques successives, certains d’entre nous vivront mille ans. Demain, c’est certain, on nous vendra l’immortalité pour tous à grand renfort d’investissements média et de stratégies virales en tout genre. Le paradis nous manque déjà.

Jérôme Lhermenier, Directeur Conseil

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