Cyberharcèlement : avec le film bouleversant « Tkt », Orange aborde frontalement la question du suicide chez les jeunes, l’angoisse de tous les parents
TKT, (t’inquiète) sorti mercredi 24 septembre en salle, traite la question du cyberharcèlement et du suicide des jeunes avec beaucoup de force et d'émotion. Orange ayant co-produit le film, nous avons interrogé Anne Imbert, VP Brand, Sponsorship & Advertising du groupe. Elle nous détaille les efforts importants de son groupe en matière de prévention.
INfluencia : en Belgique, ce film est sorti en 2024 et a été vu par 80 000 spectateurs. Vous en faites votre cheval de bataille en France en cette rentrée…
Anne Imbert : en France, ce sont 23 % des enfants qui ont été confrontés au moins une fois à du cyberharcèlement, selon une enquête réalisée par l’institut Audirep en mai 2024. Soit près d’un enfant sur quatre. (Selon l’association E-Enfance, ce chiffre s’élèverait même à 60% des 18-25 ans NDLR).
En tant qu’opérateur engagé, Orange a mis ce combat contre le cyberharcèlement au cœur de son initiative #ForGoodConnections.
Le film TKT(ci-dessous), de la réalisatrice belge Solange Cicurel, est coproduit par Orange Belgique et distribué par Sony Pictures. Un vrai succès en Belgique, avec plus de 80 000 spectateurs dont 45 000 collégiens belges (bilan avril 25). Il est diffusé dans les cinémas en France et sortira bientôt en Slovaquie.
IN. : que signifie le terme co-produire dans ce cas de figure ?
A.I. : vous avez raison ce n’est pas au sens co-production classique qu’il faut l’entendre. Ce partenariat prend deux formes : un accompagnement en communication à la sortie du film en salle et un accompagnement des sorties scolaires et/ou organisation de projections privées.
Il s’agit d’adresser les plus jeunes et leurs parents et favoriser le dialogue.
IN. : vu de l’extérieur, une fois passée l’émotion, les mobilisations d’Orange ou d’autres acteurs ne prennent-elles pas le risque de se se noyer au milieu de nouveaux fléaux toujours plus sordides…
A.I. : ce film est un outil puissant, il pose le débat sur le cyberharcèlement avec force. De nombreuses projections ont eu lieu dans les collèges avec l’association e-enfance pour animer le débat. D’ici fin 2025, notre objectif est de programmer une centaine de projections sur toute la France dans des villes de différentes taille pour sensibiliser environ 15.000 adolescents
IN. : E-enfance est un allié de taille pour vous, ce long métrage aussi réaliste que tragique (à voir absolument, NDLR), devrait avoir un réel effet sur le public, pour autant il peut aussi faire peur…
A.I. : le film, inspiré d’une histoire vraie, et librement adapté du roman « Tout ira bien » d’Elena Tenace avec Emilie Dequenne qui joue le rôle de la mère, pose le débat avec force et s’inspire de nombreux témoignages recueillis auprès d’adolescents victimes de harcèlement.
La réalisatrice a bâti un scénario sans concession qui met en lumière l’un des grands drames de notre époque, le suicide des jeunes. C’est justement sa force, et le sentiment qu’aucun jeune n’est à l’abri, même s’il est vivant, bien dans sa peau et bien entouré. Il est aussi là le drame.
IN. : quand la prévention est-elle devenue une priorité pour Orange ?
Depuis de nombreuses années, la marque s’investit activement sur ces enjeux. Cet engagement a pris une nouvelle dimension avec le lancement officiel en février 2024 de l’initiative For Good Connections par notre Directrice Générale, Christel Heydemann. Ce programme vise à promouvoir un usage responsable du numérique, à limiter le temps d’écran chez les plus jeunes, à combattre le fléau du cyberharcèlement et des contenus inappropriés.
IN. : mais encore…
Concrètement, nous intervenons à différents niveaux avec des actions très ciblées pour accompagner les familles et les jeunes. L’année dernière nous avons lancé le Safer Phone, un téléphone conçu pour les enfants, avec des fonctionnalités limitées et un contrôle parental renforcé pour permettre une première expérience du numérique en toute sécurité. Pour lutter contre le cyberharcèlement dans les jeux vidéo, nous avons créé les Safe Zones : des espaces de protection où les jeunes peuvent trouver de l’aide. Nous soutenons aussi des associations comme e-Enfance en France avec la promotion du3018.Sur le volet plus pédagogique nous organisons des ateliers de sensibilisation pour adopter les bons réflexes en ligne avec conseils pour accompagner la parentalité numérique. D’ici 2030, notre objectif est de sensibiliser ou former gratuitement 6 millions de personnes à la maîtrise des outils numériques.
IN. : comment rendre compatibles les actions Orange avec sa raison première, le commerce?
A.I. : Chez Orange, la confiance est au cœur de notre raison d’être c’est pourquoi nous en faisons un engagement concret, intégré dans chacun de nos services. Être un opérateur de confiance, c’est être transparent, tenir nos promesses en matière de connectivité et aller au-delà.
Alors que la technologie numérique devient une partie encore plus importante de nos vies, la sécurité, la vie privée et l’utilisation responsable du numérique sont des priorités absolues. Nous nous appuyons sur notre expertise nos solutions et nos partenaires pour soutenir chacun, chaque jour, avec fiabilité et responsabilité.
IN. : la marque chapeaute-t-elle l’ensemble des pays, ou chacune des « filiales » (pays) prend-elle des initiatives, comme l’Espagne avec son pack Tuyo, orienté enfants très jeunes ?
Les deux. Les pays déploient leurs plans de communication selon des guidelines et une vision commune. Mes équipes proposent également des dispositifs innovants qui se déploient sur l’ensemble de nos territoires.
Nous avons par exemple déployé les journées ForGoodConnections qui visent à travers le sport, à sensibiliser les jeunes au cyberharcèlement et à un usage responsable du numérique, en nous inspirant d’une opération menée en France à l’occasion de Paris 2024. Ainsi, en 2025, nous avons sensibilisé plus de 10,000 jeunes sur 24 pays d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient.
Le logo des Journées ForGoodConnections lancé par Orange en 2025
Au niveau marketing, les pays sont autonomes. Par exemple, la France et l’Espagne ont été les premières filiales à lancer en 2024 une offre de type first smartphone pour les enfants avec respectivement SaferPhone et Tuyo (lancement commercial officiel en janvier 25).
Depuis d’autres pays ont lancé ce type d’offre ou sont sur le point de la faire car elles répondent à un véritable enjeu sociétal sur l’ensemble des pays où nous sommes présents et nous les accompagnons dans leurs communications respectives.
Les parents n’ont jamais été aussi angoissés de la relation de leurs enfants aux écrans.
IN. : pensiez-vous qu’un jour la publicité serait remplacée par la communication de prévention au sein d’Orange?
A.I. : La publicité contribue à la prévention. C’est notre rôle en tant qu’entreprise au cœur des enjeux de de la cité de faire notre part de chemin et contribuer à sensibiliser et changer, avec l’ensemble de nos partenaires, certains comportements.
IN. : comment est née l’idée du film diffusé cet été au mois de juillet et des affiches « d’ici là, tenez-bon » adressées aux parents ?
A.I. : l’idée de ce film est née d’insights clients liés à la difficulté des parents d’accompagner leurs adolescents sur l’usage du 1er smartphone. Les parents n’ont jamais été aussi angoissés de la relation de leurs enfants aux écrans. Et au coeur des préoccupations des parents : l’âge du premier téléphone.
Le spot diffusé en juillet dernier encourage les parents à tenir bon le temps qu’il faudra pour que ces derniers résistent à la tentation de mettre entre les mains des enfants, des smartphones.
Les trois visuels de la campagne initiée en juillet.
Aussi innovants que nous puissions être, le risque existera toujours. Et donc le meilleur téléphone pour un enfant reste celui qu’il n’a pas encore. Mais comme nous savons que cela va arriver, et bien Orange est là pour accompagner les parents et les enfants avec des offres adaptées.
IN. : parlons de SaferPhone… en quoi consiste cette offre ?
Une nouvelle version du SaferPhone est commercialisée depuis août 2025. Elle repose sur un forfait mobile à petit prix adapté aux ados, avec un pack Protection Enfant qui les protège face au temps d’écran excessif, aux contenus choquants, aux risques de cyberharcèlement avec notre partenaire SafeBear, ainsi qu’aux appels indésirables, le tout accompagné d’un soutien à l’installation, au paramétrage et à l’usage.
Un guide Parent/Enfant est disponible également, pour engager le dialogue avec son enfant et sécuriser l’usage de son téléphone tout en lui donnant les bons réflexes. En complément, Orange met à disposition des parents, 2 ateliers gratuits en collectif, dispensés en ligne ou en présentiel.
IN. : pensez-vous que la France fasse le nécessaire en termes de prévention, de communication ? Avez-vous des chiffres sur l’efficacité des moyens mis en place ?
A.I. : de notre côté, c’est un combat quotidien mené par un ensemble d’acteurs, dont des associations que nous soutenons telles que e-Enfance,Internet Sans Crainte, Fondation pour l’Enfance, Institut de l’engagement.
Par ailleurs, les pouvoirs publics mènent régulièrement des campagnes de sensibilisation sur le thème du cyberharcèlement dont la toute dernière « face au harcèlement » mais il est difficile de se prononcer sur des chiffres d’initiatives que nous ne portons pas.
En revanche, je suis convaincue que cet enjeu sociétal doit être adressé par l’ensemble de l’industrie en lien avec les réglementations locales et internationales pour faire évoluer les choses. Soyons clairs, lorsqu’un sujet nous dépasse, il faut y faire front, peu importe nos intérêts.