Catherine Michaud (Auditoire et Omniwomen) : « Libérée, délivrée, ce sont mes mots : je suis fan de La reine des neiges »
Catherine Michaud, n’aime pas l’aventure mais pratique le « longe-côte ». Késaco ? La CEO Auditoire Shopper et présidente de Omniwomen répond au « Questionnaire d’INfluencia », autour d’une madeleine et d’un thé, au sein de l’hôtel Swann* – Proust oblige.
INfluencia : votre coup de cœur ?
Catherine Michaud : j’ai rencontré il y a un peu plus d’un an une personne qui m’a marquée de façon extrêmement percutante, c’est Yannick Alléno. On m’avait demandé de l’aider au lancement de l’Association Antoine Allénoqu’il a créée avec son ex femme Isabelle, après le décès de leur fils Antoine, percuté à un feu rouge le 8 mai 2022, à l’âge de 24 ans par un individu récidiviste, fuyant au volant d’une voiture volée.
C’est le combat de sa vie afin que cela n’arrive pas à d’autres. Bien sûr c’est un grand chef, il ouvre des restaurants partout dans le monde, à Londres, à Monaco, etc… Mais quand on parle avec lui, il met toute son impressionnante énergie sur cette cause. Tout ce qu’il fait est dirigé vers ce but. La terre entière lui disait qu’il ne pourrait pas arriver à faire voter une loi qualifiant de « délit d’homicide routier » les accidents qui entraînent la mort. Depuis des années les associations se battaient en vain en ce sens. Il s’est démené, a fait jouer toutes ses relations, a appelé le président Macron, et finalement le texte a été voté en mars 2024.
C.M. : il est un peu lié aux vacances qui viennent de se terminer, il est contre cette ambiance sociétale qui vise à montrer du doigt ce qui est censé être mal par rapport à tout ce qui est bien. Et les vacances, c’est l‘occasion d’entendre tous ceux qui vous font la leçon toute l’année et vous répètent qu’il faut manger bio, qu’il ne faut pas mettre la clim, ne pas utiliser la voiture, etc. mais qui vous répondent qu’ils partent aux Philippines pour leurs congés… Moi je ne juge personne. En vrai, nous sommes tous bourrés de contradictions. Chacun fait à sa manière pour faire bouger les lignes et agir pour l’avenir de la planète. Je suis contre le radicalisme mais je suis très en colère contre celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec l’idée d’être ambivalents, contre le côté « fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais ». Il faut prendre un peu de hauteur sur le fait que personne n’est irréprochable. Qui sommes-nous pour faire la leçon aux uns et aux autres ?
IN. : votre rêve d’enfant ou si c’était à refaire
C.M. : je me réincarnerais en Marielle Goitschel (ndlr : aux Jeux olympiques de 1968 à Grenoble, la Française a gagné le titre olympique en slalom et, à 23 ans seulement, a arrêté sa carrière, couronnée de deux titres olympiques et de sept titres de championne du monde). J’adore le sport, la compétition. J’ai fait beaucoup de ski mais je n’habitais pas à la montagne et je n’ai donc pas suivi cette voie. J’ai beaucoup d’admiration pour ces femmes et hommes qui en ont fait leur carrière et leur vie. Et si c’était à refaire, j’irais jusqu’au bout de ce rêve d’être une grande skieuse qui gagne la Coupe du monde.
IN. : votre plus grande réussite ? (pas professionnelle)
C.M. : c’est la transmission. J’aime l’idée de transmettre à des personnes qui sont plutôt en phase d’apprentissage et de partager ce que j’ai pu apprendre. J’ai eu la chance l’année dernière d’être sollicitée à Penninghen pour enseigner. J’avais déjà donné quelques cours dans des écoles, mais jamais en tant que « véritable » professeur pendant vingt-cinq semaines, avec des cours à préparer, des copies et des partiels à corriger. C’était un sacré challenge pour moi. Peut-être étais-je un peu inconsciente quand j’ai accepté, car c’était dans le cadre d’un nouveau cursus de marketing communication pour des étudiants de troisième année en licence. Il a donc fallu que je crée un cours de A à Z, qui s’appelle « design de l’expérience client » et que j’imagine comment apporter pendant un an à raison de trois heures par semaine une compréhension du marketing et de l’expérience client, à des étudiants qui ont une sensibilité créative hyper développée par rapport à ceux d’écoles de commerce ou de pub. Mais je me suis lancée. Et je suis super contente d’avoir réussi, de voir qu’en fin d’année les étudiants avaient bien restitué dans leurs mémoires ce que je leur avais inculqué, qu’ils avaient envie de faire le même métier que moi, en tout cas d’aller dans le même univers et de s’intéresser aux consommateurs. Contente aussi de voir qu’ils m’avaient bien notée (rires). Et je rempile cette année bien sûr…
IN. : votre plus grand échec ? (idem)
C.M. : je n’ai pas peur de prendre la parole devant 200 personnes, de mener des combats, de devoir arbitrer des conflits, ou prendre des décisions parfois difficiles. J’aime tous les challenges, j’adore le sport, la compétition et ce qui est difficile mais je suis un peu construite à l’envers car je déteste l’aventure et souvent il y a confusion des genres. On me dit « Catherine, toi la sportive, qui n’arrête jamais, qui fait des compétions… ». Mais cela n’a rien à voir, ce sont des exploits sportifs. Si on me propose : « viens, on va faire le Mont Blanc de nuit sac à dos », pour moi ce n’est pas du sport mais de l’aventure et là il n’y a plus personne. Je suis tétanisée. Alors que les gens eux, adorent l’aventure et n’aiment pas toujours le sport. De la même façon, je n’aime pas voyager car le voyage c’est l’aventure… Si on me donne le choix entre un voyage au Vietnam et 25 kms de randonnée bien difficiles, le choix est tout fait, je prendrai la rando… Je vais vous avouer quelque chose de pire : entre courir 20 kms sur un tapis de course et 20 kms au Bois de Boulogne, je choisirai le tapis. Personne d’autre ne réagirait comme cela (rires)… Moi, si !
Je considère que c’est un échec car j’ai pu pénaliser mon entourage à certains moments. Et ce n’est pas juste un caprice, je ne suis pas bien, je n’ai pas tous mes moyens. Cela ne m’empêche pas de vivre, mais je pense que je peux passer à côté de moments formidables. J’ai encore plein de choses à découvrir, il suffira que je réussisse à briser cette frontière. Un jour peut-être, en me réveillant, je basculerai, ce sera la nouvelle Catherine, celle qu’on n’imaginait pas voyager (rires).
INf. : vos astuces pour vous ressourcer
C. M. : je pratique une activité quelque peu atypique : je fais du « longe-côte » tous les week-ends, été comme hiver, à Pourville-sur-Mer, en Haute Normandie (ndlr : le « longe-côte » est un sport affilié à la Fédération Française de Randonnée qui consiste à longer la côte et marcher dans l’eau, avec ou sans pagaie, en ayant de l’eau entre le nombril et l’aisselle). Dans la Manche, le courant est assez fort, donc on lutte vraiment. Il y a aussi le bruit des vagues, du vent. On est un peu dans une bulle. On fait cela une heure – jamais seul car on peut trébucher – et quand on sort de l’eau on est rincé au sens littéral et psychologique du terme. Ce mélange du courant et de l’eau froide – car on pratique le longe-côte toute l’année – est extrêmement vivifiant. On a vraiment l’impression d’avoir repris de l’énergie. C’est pour cela que je dis tout le temps que je vais « brancher le courant ».
IN. : votre héroïne préférée au cinéma ?
C.M. : je suis fan de « La reine des neiges ». J’adore cette héroïne. « Libérée, délivrée », ce sont mes mots, je les trouve fabuleux… C‘est ma chanson préférée. J’adore ce dessin animé et plus globalement tous ces héros Disney. Je suis fascinée par le fait que Walt Disney ait pu imaginer toutes ces histoires qui sont d’une grande modernité et ont toujours du sens par rapport à l’époque. On m’a raconté cette anecdote, peut-être est-ce une légende urbaine, mais j’ai envie de me dire que c’est la vérité. Quand Disney faisait ses scénarios, il réunissait pendant une journée toute son équipe au dernier étage dans la grande maison où il vivait. C’était une pièce complètement vitrée, ensoleillée, avec plein de coffres remplis de déguisements. Et il disait à ses collaborateurs « allez-y, éclatez-vous. Qu’est-ce que cela vous inspire ? ». Tous parlaient d’enchantement, de magie… Le lendemain il reprenait son équipe et descendait à la cave, où il faisait très sombre et très froid et il leur demandait ; « et maintenant vous pensez à quoi » ? Là, tous citaient des fantômes, des choses qui faisaient peur. L’histoire dit que le surlendemain il retournait avec la même équipe, cette fois au deuxième étage dans la salle de réunion : « vous avez dit cela, et vous avez aussi dit cela. Alors, au boulot. C’est quoi l’histoire que nous allons écrire ? ».
IN. : quel objet emmèneriez-vous sur une ile déserte ?
C. M. : je pourrais, pour faire bien, répondre que j’emporterais un livre. Mais en réalité je pense que je prendrais un couteau suisse, parce que je suis quand même très pragmatique et que je me dis que la nourriture intellectuelle c’est bien, mais qu’il faudrait quand même que je survive dans cet endroit (rires). On m’a toujours affirmé qu’avec un couteau suisse on pouvait tout faire. Je n’ai pas tout testé mais j’ai quand même en tête qu’il y a beaucoup d’outils dans un couteau suisse et que ça tient dans la poche. Et j’imagine qu’avec ça, je vais réussir à bricoler des trucs qui vont me permettre de survivre et de sortir de l’île. Enfin, j’espère…
* l’Hôtel Littéraire Le Swann, situé au cœur du quartier historiquement proustien de la plaine Monceau et de Saint- Augustin, présente une collection d’œuvres originales sur l’écrivain ainsi que des pièces de haute couture, des photographies, des tableaux, des sculptures. Notre interviewé(e) pose à côté d’une sculpture de Pascale Loisel représentant bien sûr l’auteur d’ « À la recherche du temps perdu ».
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L’actualité de Catherine Michaud
– Omniwomen, qui a d’abord été créée aux Etats-Unis, vient de fêter ses 10 ans. Elle en est la présidente (la présidence est tournante) au côté d’un bureau dans lequel il y a une femme par agence du réseau Omnicom. Elle réunira fin septembre à la maison de l’Amérique Latine, une centaine de salariées du groupe sur le thème « rebondir dans l’adversité »
– Auditoire Shopper et Auditoire ont été très engagés au niveau des Jeux Olympiques. Elles ont travaillé sur la cérémonie d’ouverture des JO et des JO para et ont travaillé avec des marques sponsors comme Miko, LVMH, EDF, Visa, Nike, BPCE
Imaginez le très chic Olivier Bouas-Laurent vêtu d’un col roulé, d’un caban ou d’une vareuse. Le DGA du groupe Isoskèle et VP…
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