29 janvier 2025

Temps de lecture : 6 min

Breeze : l’appli qui veut révolutionner les rencontres, en disant stop au chat et oui aux vrais rendez-vous

Lancée à Bruxelles en 2020, Breeze arrive aujourd'hui en France. Sur ce marché encombré d’acteurs aux noms acidulés et aux pratiques mercantiles évolutives, son mot d’ordre : ne pas commettre les mêmes erreurs que ses concurrents, et surtout, rester humain. Pour nous éclairer les deux cofondateurs de Breeze, Marsha Goei et Marco van der Woude. 

INfluencia : sur un marché encombré, comment est née l’idée de Breeze ? Quel vide pensez-vous combler ?

Marsha Goei et Marco van der Woude : lorsque nous étions à l’université, nous avons tous rencontré les mêmes problèmes avec les applications de rencontres conventionnelles : beaucoup d’aspects superficiels, des conversations gênantes et chronophages, pour finalement ne rencontrer personne dans la vraie vie !

Sur d’autres applications de rencontre, les gens passent 38 heures à bavarder et à discuter sur l’application, par rendez-vous. Un deuxième boulot en somme !

Nous voulions créer une application de rencontres qui se concentre sur la connexion hors ligne, bien réelle, car à notre avis c’est ce que les rencontres en ligne doivent avoir à l’esprit… Les autres applications de rencontres sont axées sur le divertissement et sur la recherche de votre « position sur le marché », Breeze s’adresse aux personnes qui veulent vraiment aller à des rendez-vous.

IN. : quel est le public cible de Breeze ?

M. G. et M. van der W. : nous nous concentrons principalement sur les jeunes professionnels urbains, âgés de 25 à 35 ans. Nous remarquons qu’ils sont fatigués des applications de rencontre conventionnelles et qu’ils ne veulent pas passer leur temps à scroller et à discuter. En fait, ils souhaitent plus de clarté sur l’intention et le sérieux , pour se rendre à ces rendez-vous.

IN. : vous expliquez que l’objectif est de passer moins de temps à discuter… Pourquoi ?

M. G. et M. van der W. : d’un point de vue très pratique, cela permet simplement de gagner du temps. Des recherches menées aux Pays-Bas ont montré que sur d’autres applications de rencontre, les gens passent 38 heures à bavarder et à discuter sur l’application, par rendez-vous. Maintenir toutes ces conversations par chat c’est comme avoir un deuxième travail ! Ce n’est pas le but. En plus de cela, le chat présente également de nombreux autres inconvénients en créant des attentes irréalistes, des phrases d’introduction gênantes, la réception de messages indésirables ou le ghosting. Dans la plupart des cas, le chat ne vous donnera jamais une vision réaliste de qui est une personne. Au lieu de discuter pendant deux semaines, vous pouvez aussi simplement aller boire un verre et vous le saurez immédiatement.

IN. : les lieux de rendez-vous sont vos partenaires. Une bonne idée, pouvez-vous me dire pourquoi ?

M. G. et M. van der W. : la principale raison est que cela crée un sentiment de sécurité supplémentaire, sur le rendez-vous lui-même. Nos rendez-vous ont lieu dans des lieux approuvés et partenaires, ils savent que deux personnes s’y rencontrent pour la première fois, ils peuvent donc garder un œil sur les interactions et intervenir si nécessaire. Ces partenariats font également partie de notre modèle économique. Les daters paient un montant fixe par date, c’est une forme d’engagement ; ils savent qu’ils vont tous les deux se présenter s’ils ont payé pour cela. Le prix du rendez-vous comprend un premier verre offert par le lieu partenaire.

IN. : diriez-vous que vous êtes une application réaliste et consciente de ses responsabilités ?

M. G. et M. van der W. : nous sommes très conscients de la sensibilité et des risques des rencontres, en particulier pour les femmes et les daters plus « vulnérables ». Nous avons déjà mis en place de nombreuses fonctionnalités pour les protéger autant que possible et investissons en permanence pour rendre les dates plus sûres et sans stress.

Par exemple, après chaque date, nous leur demandons comment s’est déroulé le match, ce qu’ils ont pensé du lieu et du service. Les utilisateurs peuvent également indiquer si l’autre personne s’est comportée de manière respectueuse lors du rendez-vous. Cette indication apparaît ensuite sur les profils pour indiquer aux autres utilisateurs de Breeze que quelqu’un d’autre est déjà allé à un rendez-vous avec eux et s’est « porté garant » pour eux.

Nous avons une excellente équipe d’agents d’assistance ; si vous nous contactez via le service d’assistance, vous parlerez à un véritable humain. Comme cette ligne de communication est directe, nous pouvons immédiatement réagir aux commentaires ou aux rapports qui sont faits.

Les autres plateformes fonctionnent essentiellement comme des machines à sous numériques

Les utilisateurs peuvent indiquer après le rendez-vous s’ils souhaitent échanger des numéros de téléphone sur l’application. C’est un excellent moyen de ne pas se sentir obligé de donner à quelqu’un votre numéro de téléphone dans la vraie vie si vous ne le souhaitez pas. Si vous refusez l’échange de numéros de téléphone sur l’application, il n’y a aucun moyen pour cette personne de vous contacter, car il n’y a pas de chat.

IN. : Les jeunes sont de plus en plus débordés et, selon les médias, beaucoup d’entre eux ne veulent plus de rencontres virtuelles. Qu’en pensez-vous ?

M. G. et M. van der W. : nous entendons souvent cela. La lassitude des applications de rencontre est une tendance. C’est logique, cette génération veut des relations significatives, mais beaucoup sont déçus, désillusionnées par la superficialité des plateformes en ligne. Nous utilisons la technologie pour créer de bons matchs en ligne, mais notre objectif et notre mission est de créer des connexions en face à face. Simplifier ce processus rend les rencontres plus naturelles et moins écrasantes.

IN. : Pourquoi l’avez-vous lancé en premier en Belgique (avant la France), et quelles sont ses caractéristiques initiales ?

M. G. et M. van der W. : nous avons choisi la Belgique parce que c’était proche de chez nous. En Flandre, ils parlent la même langue, et Anvers, notre première ville en Belgique, n’est qu’à un petit trajet en train de Rotterdam (où nous sommes basés). Nous avions déjà des dateurs d’Anvers se rendant à Rotterdam pour des rendez-vous Breeze avant même que nous nous lancions en Belgique. Il était tout simplement logique de commencer sur un nouveau marché connecté, afin que nous puissions tester et affiner notre produit et notre stratégie de lancement.

IN. : quelle est votre théorie sur les individus du 21e siècle, leurs relations et leurs rencontres ?

M. G. et M. van der W. : les rencontres du 21e siècle sont façonnées par des paradoxes : les gens aspirent à une véritable connexion mais sont submergés par le choix. La technologie a facilité les rencontres (virtuelles) mais a rendu plus difficile les connexions réelles. Nous voulons utiliser cette technologie pour améliorer l’interaction humaine, au lieu de la remplacer.

IN. : que pensez-vous des problèmes de cyberintimidation ? Êtes-vous conscient de la détresse psychologique rencontrée sur les réseaux sociaux ?

M. G. et M. van der W. : c’est certainement l’une des raisons pour lesquelles nous avons éliminé le chat. D’une certaine manière, au fil des ans, il est devenu « normal » de se comporter en ligne d’une manière dont on ne se comporterait jamais dans la vraie vie. Il est plus facile de se cacher derrière une façade numérique, ce qui conduit en effet à la cyberintimidation, aux escroqueries et au ghosting.

IN. : quel est votre point de vue sur « l’hyperconsommation », telle que décrite par Gilles Lipovetsky dans ses ouvrages, et ses dangers ? Est-ce un sujet pour vous ?

M. G. et M. van der W. : OUI ! C’est quelque chose qui est également au cœur de notre activité : toutes les autres applications de rencontre gagnent de l’argent en vendant des publicités ou des abonnements. Elles fonctionnent essentiellement comme des machines à sous numériques, sachant exactement quand vous montrer un profil qui vous incite à rester en ligne. Ils profitent de vos addictions au swiping et d’une infinité d’autres possibilités. Nous pensons que c’est une façon contraire à l’éthique de faire des affaires, et nous sommes donc heureux que notre modèle commercial soit en phase avec les intentions de nos daters.

Si vous avez un match, vous ne pouvez pas participer à de nouveaux Matchrounds tant que vous n’avez pas planifié le rendez-vous

Nous ne sommes payés qu’une fois que les daters ont des rendez-vous. Toute notre application est donc optimisée pour vous permettre d’avoir des rendez-vous, quelques fonctionnalités renforcent cela. Nous voulons que les gens soient conscients de qu’ils aiment, un like signifie un rendez-vous. Les profils sont des personnes, et ils ne sont pas jetables. Nous travaillons donc avec des Matchrounds, nous vous montrons un maximum de 20 profils par jour, à 19h et 7h du matin.

Lorsque vous avez un match, vous ne pouvez pas participer à de nouveaux Matchrounds tant que vous n’avez pas planifié le rendez-vous. Cela permet aux gens de suivre leurs matchs au lieu de collecter des likes. Les utilisateurs qui ne planifient pas leur date bénéficient d’un « Breeze Freeze » une semaine, pendant laquelle ils ne peuvent tout simplement pas accéder à l’application. Cela vise également à créer une culture dans laquelle les gens valorisent le temps des autres.

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