22 février 2017

Temps de lecture : 4 min

Bienvenue dans l’ère du switch

L’ensemble de la société est aujourd’hui sous perfusion : les technologies injectent à tout-va, nécrosant nos us et nos train-train… Mais non, le sol se dérobe pas sous nos pas ! Laissons à la tech’ ce dont elle peut nous décharger et testons notre équilibre : recentrons-nous et assumons notre liberté, collective et individuelle.

L’ensemble de la société est aujourd’hui sous perfusion : les technologies injectent à tout-va, nécrosant nos us et nos train-train… Mais non, le sol se dérobe pas sous nos pas ! Laissons à la tech’ ce dont elle peut nous décharger et testons notre équilibre : recentrons-nous et assumons notre liberté, collective et individuelle.

À notre échelle, en tant que citoyens ou salariés, nous avons souvent le sentiment d’assister, impuissants, à une marche forcée. Et si nous avions tout faux ? Si, comme le montrent les succès des films Demain (Cyril Dion et Mélanie Laurent, 2015) ou En quête de sens (Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière, 2015), les solutions étaient à la portée de chacun ? Et si nous avions tous un rôle à jouer ? Dans la sphère citoyenne, les initiatives se multiplient pour remettre le citoyen au cœur de l’action politique (laprimaire.org, hello2017, mavoix.info), mais dans la sphère professionnelle, qu’en est-il ? Comment se réapproprier son pouvoir d’action et prendre part à cette transformation malgré des environnements souvent contraints ?

Travailler n’est plus la panacée

Nous sommes 91 % de salariés à ne pas nous sentir engagés dans notre travail. « Nous ne voulons plus sacrifier notre vie à notre travail », écrivait le philosophe André Gorz dès la fin des années 1990. Nous voulons plus de sens, d’autonomie et d’impact. Nous voulons respirer davantage, ne plus ruser ou mentir pour passer du temps en famille, ne plus être soumis au diktat du présentéisme, qui nous impose des horaires contraignants uniquement pour la forme. Et n’en déplaise aux professionnels du marketing, ces aspirations ne sont pas seulement celles des générations Y et Z. En parallèle, nous assistons à la disparition du marché du travail tel que nous l’avons connu. Avant, un travail c’était un métier que l’on faisait plus ou moins toute sa vie, dans le cadre d’un emploi salarié, en CDI, à temps plein. Mais aujourd’hui, le CDI perd du terrain (1), les formes d’emploi se diversifient en marge du salariat (2), et avec les progrès de l’intelligence artificielle, les compétences et les métiers deviennent obsolètes de plus en plus vite (3).

Switcher : une bonne nouvelle ?

Dans ce monde où l’incertain est devenu certain, les routes toutes tracées laissent la place à des chemins plus singuliers faits de nombreuses bifurcations. Pour certains, ces chemins peuvent même devenir chaotiques. Car l’économie numérique détruit les emplois des classes moyennes. Certes, elle peut créer des jobs très qualifiés et bien rémunérés (entrepreneurs, free-lances créatifs, digital nomads…), mais elle laisse aussi place à une multitude de « petits boulots » peu qualifiés, précaires et mal rémunérés (livreurs, chauffeurs de VTC, etc.). La mauvaise nouvelle, c’est donc que nous sommes tous confrontés, à différents degrés, à davantage d’instabilité, de discontinuité, d’imprévus ; des risques qu’il va nous falloir apprendre à couvrir collectivement.

Mais la bonne nouvelle, c’est que ce changement de paradigme est aussi une formidable chance ! Nous avons tous l’opportunité de reprendre notre trajectoire en main, de rebattre les cartes, de nous réinventer et de construire chaque jour le parcours qui nous ressemble ! Bref, de « switcher ». Switcher, ce n’est pas céder à l’injonction du changement pour le changement : c’est (se) « transformer », c’est-à-dire façonner une nouvelle forme, celle qui nous convient. C’est un processus créatif qui demande des savoir-faire et des savoir-être pour lesquels nous n’avons pas été formés. Si nous ne voulons pas que les opportunités de l’ère du switch ne profitent qu’à quelques privilégiés, il est urgent d’imaginer de nouvelles formes d’organisations qui accompagnent les individus dans cette transition.

Se transformer soi pour transformer le monde

L’invention de ce nouveau modèle ne viendra pas d’en haut et encore moins du système, qui ne cherche qu’à se reproduire lui-même. Elle ne passera pas par de grands plans d’action. C’est à nous, individuellement, d’incarner ce changement. Cela demande un vrai changement d’état d’esprit. Alors, comment faire ?

Apprendre à se connaître soi-même

Pas juste pour s’examiner, mais pour se transformer, comme dit le philosophe romain Plotin : « Ne cesse jamais de sculpter ta propre statue. »

Définir ce qui a du sens pour nous

Se transformer exige d’explorer de nouveaux territoires, et de connaître ses valeurs profondes pour ne pas se perdre en route.

Cultiver l’esprit du débutant

50 % des métiers de demain n’existent pas encore. Nous devons tous apprendre à apprendre, et à désapprendre, tout au long de la vie !

Savoir rebondir

Nous recherchons tous la sécurité. Face au mouvement perpétuel, la peur est naturelle. Il s’agit de ne pas la laisser nous paralyser et d’apprendre à recréer une forme de stabilité dans l’impermanence.

Nourrir son empathie

C’est ce qui nous différencie des machines, qui nous concurrencent de plus en plus sur le terrain rationnel. L’occasion de nous concentrer sur ce qui fait de nous des êtres humains : le relationnel, la compréhension, la créativité…

Oser se lancer

Envisager sa transformation comme une suite de petits pas, et non un grand saut dans l’inconnu. Cela suppose d’accepter de tester, trébucher, réessayer encore, pour finalement switcher.

Lâcher prise

Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, la transformation n’est pas un processus de contrôle, mais d’émergence ; laissez place à l’imprévu, à l’improvisation et à la spontanéité pour vous découvrir autrement. Comme le disait Jim Morrison, « il ne peut y avoir de révolution collective sans une révolution personnelle ». C’est en nous transformant nousmêmes que nous contribuerons à transformer la société. « Switcher » et inventer le parcours qui est le nôtre est donc un acte militant. Faisons-le pour nous-mêmes, mais aussi pour incarner la société rêvée à laquelle nous aspirons… « Si ce n’est pas toi, QUI ? Si ce n’est pas maintenant, QUAND ? » (4)

1. Neuf emplois sur dix sont créés en interim ou CDD.
2. Le nombre de multiactifs a été multiplié par deux en dix ans ; plus de 600 nouveaux indépendants se lancent chaque jour en France.
3. Plusieurs études montrent que 50 % de nos jobs actuels pourraient disparaître d’ici à 10 ans.
4. Alejandro Jodorowsky.

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