16 juin 2021

Temps de lecture : 3 min

Back Market, une place de marché pas comme les autres

La jeune pousse parisienne spécialisée dans le reconditionnement d’appareils électroniques vient de lever 276 M€ pour poursuivre son développement.

Qui a dit que le « récup » ne rapportait rien ? Certainement pas Back Market… Le spécialiste du téléphone reconditionné est devenu le mois dernier la quatorzième licorne française. Sa quatrième levée de fonds, annoncée le 18 mai, lui a permis d’obtenir 276 millions d’euros. Depuis sa création en 2014, cette start-up de 480 salariés a trouvé 452 millions d’euros auprès des investisseurs. Sa valorisation dépasse aujourd’hui le cap symbolique de 1 milliard d’euros. Présente dans treize pays, dont la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon, cette jeune pousse a basé son modèle sur une tendance en plein essor depuis quelques années : l’économie circulaire.

Place de marché

Back Market n’est pas un reconditionneur mais une place de marché gérée par un algorithme qui sélectionne pour chaque produit le marchand qui offre la meilleure qualité au meilleur prix. Trois types de vendeurs collaborent avec la start-up. Les acteurs classiques du reconditionnement incluent les sociétés comme Largo, Recommerce, Remade ou Smaart qui remettent à neuf dans leurs usines des produits électroniques en fin de vie. Ils comprennent également les réparateurs et les petites boutiques qui font le même travail à plus petite échelle, les recycleurs qui détruisent les appareils et revendent les composants toujours en bon état, les grossistes tels Kiatoo, EEEztrade ou Cordon Electronics qui proposent des lots d’articles reconditionnés aux entreprises et les sociétés de leasing qui revendent des articles high-tech après les avoir loués. Back Market travaille également avec des fabricants de produits, des enseignes de grande distribution et des opérateurs mobiles qui cherchent à écouler leurs invendus et les produits neufs renvoyés par leurs clients sans avoir été déballés. Sa plateforme propose enfin des produits de revendeurs d’occasions comme Cash Converter ou Easy Cash qui rachètent des produits aux particuliers, les testent, les réparent et les nettoient avant de les proposer de nouveau à la vente.

Commandes mystère testées par Back Market

Pour rejoindre Back Market, chaque vendeur doit passer par un processus rigoureux de sélection. L’algorithme de la société se charge par la suite d’analyser les retours clients et des commandes mystères sont envoyées par la jeune pousse pour s’assurer de la qualité des services de ses partenaires. Chaque produit acheté sur le site est garanti pendant douze mois minimum et les clients ont 30 jours pour changer d’avis et renvoyer l’article commandé.

Des smartphones mais pas que…

La société parisienne progresse dans un marché en plein essor. Selon une étude publiée le 25 février par Kantar pour le compte de Recommerce, 60 % des Français affirment être intéressés par l’achat d’un smartphone « restauré » par un professionnel. L’an dernier, le secteur du reconditionnement a représenté 15% de ventes de téléphone en France et 21 % des personnes qui ont changé de portable au cours des douze derniers mois l’ont revendu dont 11 % à des professionnels. Ce réflexe est encore loin d’être généralisé. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estime ainsi que 30 millions de téléphones portables prendraient toujours la poussière dans les tiroirs des Français.

Bientôt son propre label ?

Depuis sa création, Back Market s’est beaucoup diversifié. Sa plateforme propose ainsi des smartphones mais aussi des tablettes, des appareils photo, des robots cuisine, des aspirateurs, des réfrigérateurs, des perceuses, des cafetières, des téléviseurs et des trottinettes électriques. Sur le plus long terme, la licorne parisienne souhaiterait devenir une marque tech à part entière et proposer des produits avec son propre label. L’un des trois co-fondateurs de la jeune société, Vianney Vaute, déclarait récemment à TheGood.fr qu’il fallait « encore que l’on arrive à fermer la boucle de l’économie circulaire ». Le législateur a bien failli, pour la « bonne cause », ralentir ce mouvement pourtant louable.

Une taxe adoucie

Le gouvernement a en effet cherché à appliquer aux appareils reconditionnés la redevance sur la copie privée (RCP) qui est imposée aux équipements neufs et qui a permis de lever l’an dernier 273 millions d’euros, soit 7% du budget attribué au ministère de la culture. Cette décision aurait provoqué une hausse de 10% du prix des téléphones reconditionnés. Les députés ont finalement décidé de couper la poire en deux. La RCP pour les produits d’occasion remis au goût du jour sera ainsi calculé à un taux « spécifique et différencié » qui tiendra compte notamment de leur ancienneté. Cette décision est une excellente nouvelle pour les re-conditionneurs français qui auraient pu être menacés par une législation trop stricte. Sur les 1500 partenaires qui lui fournissent des équipements à revendre, Back Market en compte 600 basés dans l’hexagone. Une RCP trop élevée l’aurait encouragé à utiliser exclusivement des sous-traitants étrangers au détriment des sociétés françaises. La prudence des députés devrait empêcher ce mouvement.

International toute !

Avec les 276 millions d’euros qu’elle vient de lever, la licorne s’est donnée les moyens d’accélérer son internationalisation et de développer de nouveaux services à l’intention de ses marchands. Quand on vous dit que la « récup » peut rapporter gros…

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