7 juin 2023

Temps de lecture : 3 min

Apple redonne un sérieux coup de boost à la VR en dévoilant son Vision Pro. Oui, mais ?

Pour le plus grand plaisir des technophiles – fortunés – et des professionnels, Apple vient de dévoiler le Vision Pro, son tout nouveau casque de réalité mixte – AR comme VR –. Une nouvelle itération qui n’a pas son pareil point de vue technique et qui promet de redonner un coup de boost à l’industrie tout entière. De quoi remplacer progressivement les ordinateurs ou de suivre les Google Glass au cimetière des médias « morts-nés » ?

Apple CEO Tim Cook speaks under an image of Apple Vision Pro at Apple Park in Cupertino, California, U.S. June 5, 2023. Joe Pugliese/Apple Inc./Handout via REUTERS NO RESALES. NO ARCHIVES. HATHIS IMAGE HAS BEEN SUPPLIED BY A THIRD PARTY. TPX IMAGES OF THE DAY

La réalité augmentée et ses innombrables produits dérivés ont connu de nombreux faux départs ces dernières années. En 2021, Mark Zuckerberg nourrissait encore de grands espoirs pour le métavers avec la promesse d’une expérience capable de redéfinir la sphère professionnelle et de réinventer toutes formes de divertissement. Aujourd’hui, développeurs de jeux vidéo et grand public témoignent plutôt d’un grand scepticisme vis-à-vis de ce monde tant fantasmé pour ses limites techniques et autres malus.

Mais ça, c’était avant qu’Apple entre dans la bataille en dévoilant la semaine dernière son propre casque de réalité mixte – AR comme VR – lors de la WWDC 2023. Dans un contexte qui rappelle fortement l’intronisation de l’Iphone au moment de l’arrivée balbutiante des smartphones, la firme de Cupertino est parvenue à exciter l’appétit d’une industrie jusque-là en manque d’oxygène pour ce qui semble être un produit expérimental au prix stratosphérique – et presque indécent – de 3 500 dollars. Alors est-ce vraiment le game changer annoncé capable d’imposer – enfin – l’usage de la réalité virtuelle et augmentée ?

 

Un sacré potentiel…

Pour Matt Robison, ancien cadre d’Apple, qui dirige aujourd’hui Robotproof, sa propre agence de marketing, il devrait même provoquer « une nouvelle ruée vers l’or. Le Vision Pro ouvre une nouvelle dimension d’interactivité » qui ne relevait jusque-là que du fantasme. « Si les marques et les agences cherchent à se démarquer, elles devraient réfléchir à la manière de s’en saisir pour impliquer davantage les utilisateurs, par exemple avec des démonstrations, de produits, immersives ou des campagnes interactives ».

Rolf Illenberger, PDG de la société développeur VRdirect, explique« le plus grand avantage de l’Apple Reality Pro est son intégration dans l’écosystème Apple, à savoir la possibilité de passer de l’iPhone à l’iPad et à l’Apple Watch avec la même UX ». De quoi redonner ses lettres de noblesses à l’internet des objets – et au marketing omnicanal –. Enfin, d’un point de vue purement technique, le nouveau joujou surpasse de loin tous ses concurrents. Il est équipé de douze caméras, d’un écran 4K pour chaque œil, de cinq capteurs et il est alimenté conjointement par la puce M2 d’Apple et par une nouvelle itération nommée R1 qui offre une puissance de calcul sans équivalent. Son système d’exploitation – le visionOS – n’est pas en reste puisqu’il fonctionne uniquement avec les yeux, les mains afin d’offrir un confort optimal.

 

… qui coûte de sacrées ressources à produire

Alors bien sûr, il faut parler du sujet qui fâche. Aujourd’hui, le Vision Pro est cher, trop cher pour l’imposer comme un indispensable pour nos mirettes. Mais pas d’amalgame : il est évident qu’avec ce prix, Apple ne cherche pas à démocratiser la réalité mixte au grand public. Il s’agit presque d’une démo technologique pour attirer les développeurs et leur montrer le potentiel de son nouvel outil et donc de faire davantage un pari sur l’avenir. D’ailleurs, selon Wellsenn XR, Apple ne compte en vendre que 500 000 exemplaires.

Autre point négatif, il n’a toujours pas de « killer app » qui lui seraient entièrement dédiées par rapport aux autres produits Apple. Enfin, d’un point de vue pratique, il ne possède actuellement que deux heures d’autonomie. Lewis Hadley, vice-président du marketing chez Bidstack, le dit lui-même : « À première vue, le Vision Pro pourrait être à la fois un smartphone, un ordinateur de bureau, un CTV et une console de jeux, avec toutes les opportunités de marketing qui en découlent ». Pourtant, aux vues des limitations que nous venons d’évoquer, « je pense qu’il est loin de pouvoir remplir toutes ces fonctions » à court terme.

 

 

Finalement, la hype est-elle justifiée ?

Indépendamment de la capacité inégalée d’Apple à populariser n’importe quelle technologie avec les moyens adéquats – en l’occurrence, d’après une équipe de chercheurs chinois, le Vision Pro coûterait 1509 dollars à fabriquer, assemblage compris –, il y a visiblement de nombreuses raisons d’être sceptique. Alors pourquoi autant d’enthousiasme à son sujet ? Pour une raison toute simple : la stratégie marketing mise en place pour le « vendre ». Actuellement dans le creux de la vague, Meta, et sa vision du métavers « où tout le monde est un avatar, tout est virtuel et toujours connecté » n’a jamais vraiment séduit les utilisateurs, décortique Darrin Patey, vice-président de la technologie créative chez No Fixed Address.

De son côté, Apple présente le Vision Pro comme l’évolution naturelle de l’informatique : « De la même manière que le Mac nous a fait découvrir l’informatique personnelle et l’iPhone l’informatique mobile, Apple Vision Pro nous fera découvrir l’informatique spatiale », a déclaré Tim Cook lors de la vidéo d’annonce diffusée lors de la présentation. « En se concentrant uniquement sur des cas d’utilisation individuels, Apple nous permet d’imaginer comment le Vision Pro pourrait s’intégrer dans notre propre vie plutôt que de nous connecter à celle des autres ». Dominik Angerer, PDG du fournisseur de CMS Storyblok, se montre encore plus optimiste dans les colonnes de Digiday : « La bonne nouvelle pour Apple est que les développeurs sont très enthousiastes à l’idée de créer pour la plateforme, même s’ils n’y connaissent rien. Le niveau de soutien des développeurs fera en fin de compte le succès ou l’échec du produit ».

 

 

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